Coaches, je vous aime

Sale temps pour les créateurs de bonheur. Pour les puristes qui voient plus grand, plus loin que leur petit confort du lendemain. Jürgen fait du Klopp. Merci mais là, il se consume vitesse grande taffe. Avec le crédit qui va avec. Crédit qu’il a toujours puisqu’avec le même bilan, Brendan Rodgers s’était fait virer des Reds en octobre 2015. Le remboursement doit, très vite, remettre les chiffres dans le vert. Sinon… Cela dit, moi je lui fais crédit tout en sachant que Liverpool n’avait plus encaissé autant depuis 1962.

Marco Silva est né 15 ans plus tard. La saison dernière, sur une terre de rugby, fish and chips et autre kick and rush, il avait même réussi à faire jouer Hull au football. Il ne les a pas sauvés mais s’est fait une carte de visite. Bien vite tombée entre les mains des dirigeants de Watford. Et voilà les  » Hornets  » qui se mettent à jouer haut, presser fort et surtout être 6e de Premier League. À un point de Chelsea et Arsenal.

Arsenal où Arsène Wenger vient d’avoir 68 ans. Dont 34 voués à mort à ses principes de jeu. Pleins de vie et de…drames. Une vocation qui ne peut qu’inspirer le respect. 68 ans et pourtant pas le doyen. Roy Hodgson est de retour aux affaires. 70 ans. Papy fait de la résistance. Crystal Palace aussi. Il n’y a pas d’âge pour entretenir l’illusion d’avoir les solutions. Mais le pays du grand écart reste l’Allemagne.

42 ans entre le plus vieux et le plus jeune entraîneur de Bundesliga. De papy Jupp (72 ans) à baby Julian (30 ans). Le Bayern rappelle Heynckes pour assurer l’intérim. En attendant celui qui pourrait être son petit-fils. Jupp, l’intérimaire le mieux payé au monde chauffe la place. Il n’y avait que lui pour faire l’unanimité auprès des fans. Le Bayern maître gestionnaire encore et toujours. Tout ça sans prendre de risque.

La prise de risque, c’est ailleurs qu’on la trouve. Mayence, Stuttgart et Schalke 04 se lancent dans une saison avec des entraîneurs qui découvrent la Bundesliga. Chapeau ! Surtout pour Schalke. Non seulement Domenico Tedesco n’a jamais entraîné au sommet mais, en plus, il n’a jamais été joueur pro. Tout au plus quelques matches en amateur. Né il y a 32 ans à Rossano en Italie, il suit ses parents en Allemagne alors qu’il a deux ans.

Diplômé en génie industriel et gestion de l’innovation, il innove en ayant pour seule ambition de devenir entraîneur pro alors qu’il n’a jamais connu ce milieu. Diplôme de vie normale en poche il se lance dans l’improbable, l’irrationnel, le tellement fragile métier d’entraîneur. À 28 ans, les U17 de Stuttgart puis ceux d’Hoffenheim (où il a pour collègue un certain Nagelsmann). Puis les U19 puis… Erzgebirge Aue, dernier en D2 !

En 11 matches, il les sauve avec une moyenne de champion. Il a 31 ans et découvre le foot pro. Entre-temps, il finit major de sa promotion pour la licence UEFA pro. La machine est lancée. Il signe à Schalke 04. En octobre, il tutoie le sommet de la Bundesliga. Sa philosophie ?  » Si je préfère gagner 4-3 plutôt que 1-0 ? Je préfère gagner 4-0 « .

 » Il n’y a pas de secret mais je veux éduquer. Je veux que mes joueurs disent bonjour, au revoir, s’il vous plaît et merci « . Il a tout compris. L’éducation des hommes pour faire grandir les joueurs. Il ira loin le petit.

Peter Stöger, lui, n’ira peut être plus très loin mais c’est le plus couillu de tous. Son équipe, c’est Cologne : 9 matches de championnat. 2 points, 0 victoire, 4 buts inscrits. Et pourtant, ça joue vers l’avant, ça avance sur l’adversaire. Ça joue comme des hommes qui ne doutent de rien. Sauf de la justice qui trouve toujours les meilleurs avocats pour les apothicaires. Pour ceux qui ont la petite dosette qui penche toujours vers l’épuisette défense.

Mourir avec ses idées pour mériter la paix éternelle. Je te bénis, Peter. Et toute ta bande de jeunots aussi. Éternels vous serez. Vous qui nous faites aimer le foot avant les résultats. C’est ça être un champion.

Par Frédéric Waseige

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