COACH GIOVANNI TRAPATTONI

« Nous ne pouvons pas nous plaindre du tirage au sort, sachant que nous aurions pu nous heurter à l’Angleterre, au Portugal et au Danemark. Ça ne veut toutefois pas dire que notre tâche sera facile. L’Equateur va entamer cette Coupe du Monde avaec l’enthousiasme traditionnel du débutant. L’Italie peine toujours contre la Croatie, car celle-ci aligne beaucoup de joueurs qui ont évolué dans nos clubs: Boksic, Stanic, Jarni, Vugrinec. Ils nous connaissent et sont surmotivés. Et le Mexique a pas mal d’expérience.

La France, l’Angleterre, le Brésil, l’Argentine, l’Italie: le futur champion du monde se trouve parmi ces nations. Sinon, je suis curieux de voir ce que les équipes locales et même la Chine vont réussir. Je crois aussi que les formations africaines iront loin. Pour commencer, elles ont l’habitude de jouer dans un climat pénible.

Nous avons étudié ce climat. Le problème ne se pose pas vraiment pour le premier ni le deuxième match. Non, l’énergie ne devient un problème que lorsque vous disputez le quatrième ou le cinquième match. Les équipes qui disposent d’un bagage technique suffisant pour économiser leurs forces seront avantagées. Meilleure est la technique, plus vous épargnez vos forces. A la fin d’un tournoi, ça peut faire pencher la balance en votre faveur.

Je ne considère pas comme un désavantage l’élimination précoce des équipes italiennes en Ligue des Champions. Au contraire. Les internationaux de la Juventus et de la Roma ont ainsi pu recharger leurs accus. Ils apporteront à l’équipe nationale l’énergie épargnée en Coupe d’Europe. D’ailleurs, une élimination précoce est susceptible de les motiver davantage encore en équipe nationale.

Il ne faut pas tirer des conclusions hâtives de cette élimination: ça ne veut pas dire que le football italien est en crise. Et quand bien même: il est resté extrêmement compétitif. Il revient toujours. Mais de quelle crise parle-t-on, aussi? Regardez les joueurs que nous pouvons aligner. Prenez Totti: depuis l’EURO 2000, où il avait déjà été très utile, il a encore enregistré des progrès. Il n’est pas le seul: Inzaghi et Del Piero sont aussi capables d’entraîner l’équipe dans leur sillage. Del Piero a inscrit sur coup franc le but de la victoire dans notre match décisif contre la Hongrie. Je n’ai pas de boule de cristal mais je suis sûr que Vieri aussi va livrer un formidable Mondial. Et puis, il y a notre défense, qui reste la ligne la plus importante -et la meilleure- de l’équipe.

Ce travail est le plus difficile de toute ma carrière. Au sein d’un club, vous pouvez programmer des choses, vous voyez l’équipe tous les jours. Un sélectionneur a un mois pour réussir, tout bien compté. Ça vaut pour moi comme pour mes confrères de l’Angleterre, du Brésil et de la France. C’est assez terrible, quand on y pense. A la fin du tournoi, une seule équipe sera récompensée.

Et si l’Italie n’est pas championne du monde? Je ne suis pas de ceux qui font des projets à long terme. A mes yeux, l’avenir constitue une grande chance. Celui qui redoute le lendemain est vaincu par sa propre faiblesse. Celui qui aborde le lendemain avec espoir, en revanche, reçoit automatiquement sa chance ».

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