Clowns et dîner aux chandelles

Vous sentez-vous Belge ou Néerlandais?

Henk Houwaart (57 ans): Belge. Il m’arrive encore de m’exprimer dans mon dialecte natal mais mes enfants parlent brugeois. Je vis ici depuis 35 ans, soit plus de la moitié de ma vie. Je ne pourrais plus habiter aux Pays-Bas. Là, c’est chacun pour soi, les gens ont pris leurs distances les uns par rapport aux autres. Ils sont aussi jaloux.

Etes-vous un bon vivant?

éa oui. Je l’ai toujours été. Et pourquoi pas? Qu’y a-t-il de plus chouette que d’avoir de la visite tous les jours ou de sortir manger? Quand on est seul à la maison, on s’endort. Nous avons besoin de voir des gens, de faire la fête, déguster un bon verre de vin ou du champagne, manger, bavarder. Les Belges m’ont contaminé. Avant, aux Pays-Bas, je mangeais du chou et de la saucisse. Ici, c’est du caviar, du crabe, une sole ou du turbot. Nos amis sont toujours les bienvenus à la maison. Récemment, j’ai invité des gens de Nicosie. Ils m’ont offert un porte-bonheur, une espèce de relique.

Vous restez difficilement en place.

En effet. Je suis en train d’aménager un chemin de promenade dans mon bois. éa m’a coûté pas mal de sueur! Je peux aussi faire une partie de billard chez moi, une activité qui me vient de ma jeunesse. Ces dernières années, je me suis découvert une passion pour la peinture. Mon frère me l’a communiquée en Grèce, où j’étais seul et m’ennuyais un peu. Quand je peins, je ne pense à rien, je suis relax. Mon plus beau portrait est celui d’un Grec. Il continue à me fasciner. Il est si détaillé pour un amateur! Je me suis spécialisé dans les clowns et les arlequins. Ils sont le reflet de la vie: un sourire et une larme. Cette dualité me frappe.

Le champagne reste-il votre boisson favorite?

Quand même pas. Je dois cette étiquette à la presse. J’ai installé un minibar dans le living et dehors, pour les jours ensoleillés. Je trouve ça convivial. Je peux tout aussi bien boire un whisky-coca mais en été, j’aime le gin-tonic. Une bonne Stella me désaltère aussi. Je suis capable de distinguer le bon champagne du mauvais mais je ne me considère pas comme un grand connaisseur.

Etes-vous plutôt un homme de soleil, qui s’est plu en Grèce et à Chypre ?

Vous savez, je ne suis pas compliqué. Je m’adapte rapidement, les différences culturelles ne me causent pas problème. J’ai le contact aisé. Mais quand je fais quelque chose, je veux bien le faire. Là-bas, c’était comme si je résidais dans un lieu de vacances paradisiaque: la mer, le soleil, le football. La neige ne nous dit pas grand-chose. Nous sommes de vrais lézards. Si je le pouvais, j’irais habiter six mois dans le Sud. Je ne cracherais non plus sur une maison dans le Sud de la France ou en Espagne. J’aimerais également visiter la Chine, Hawaï et la Thaïlande.

Avez-vous suivi la série Les Pfaff?

Grotesque! Je préfère une bonne émission du National Geographic Channel. Je n’aime pas tellement la télévision, à part pour les matches de football Je suis aussi amateur de musique. J’ai une énorme collection, du jazz au blues mais j’adore la musique classique aussi.

Votre maison a l’air bien remplie…

Il faut vivre, n’est-ce pas? Sinon, c’est froid et vide. Nous aimons la convivialité. C’est pour ça que nous avons beaucoup de tableaux, du monde entier. Je ramène quelque chose de tous les endroits où je me rends.

Comment vous êtes-vous connus?

Dorien Scheyving (47 ans) : Nous nous sommes vus une première fois à Anvers. C’était il y a 27 ans, je crois. Il semble que Henk m’ait trouvé superbe mais il a eu un gros problème: il ne savait pas d’où je sortais. C’est par hasard qu’il a atterri ensuite dans notre café et l’étincelle s’est produite mais nous étions tous deux mariés. Nous avions pourtant terriblement envie de vivre ensemble. Henk est jusqu’au-boutiste. Nous avons perdu quelques années avant de nous décider à franchir le cap. Nous sommes maintenant ensemble depuis dix ans et nous avons un fils de sept ans, Enzio.

Vous avez fermé votre affaire à sa naissance?

C’était l’oeuvre de mes parents, j’y avais grandi. Quand on a l’opportunité de la reprendre, on n’hésite pas mais après plus de 20 ans, ça devenait une charge écrasante: je travaillais quand Henk était à la maison et vice-versa. Je ne pourrais plus travailler jour et nuit. Nous avons effectué ce choix ensemble. Toutefois, j’ai toujours aimé le café pour les contacts sociaux que j’y avais, les amis pour la vie que je m’y suis faits. J’ai conservé le virus, comme Henk. Peut-être ouvrirons-nous plus tard une taverne de jour.

Henk est-il un cordon bleu?

Il sait se cuire un oeuf et rôtir quelque chose, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Quand nous avons de la visite, il épluche les pommes de terre. Il aime faire des frites et un steak. Le plat belge, hein! Il me donne peu de travail. Henk repasse ses chemises lui-même! Le reste, comme il le dit gentiment, c’est pour maman.

Henk est-il romantique?

( Henk rit: -Dois-je monter à l’étage? SI je ne me trompe, maman a sept armoires bourrées de vêtements). Quand même. Nous nous offrons rarement des cadeaux. Nous préférons nous acheter des choses ensemble. Il lui arrive de revenir à la maison et de dire: – Viens, nous allons chercher des fleurs. Nous dînons parfois aux chandelles. Pour mon anniversaire, il m’offre généralement une carte avec de l’argent pour que je puisse me gâter.

Il semble que vous ne vous disputiez jamais?

Non. éa peut paraître étrange mais c’est la réalité. Nous sommes parfaitement heureux ensemble et nous vivons en harmonie, comme il se doit. Nous avons bien des divergences d’opinion mais nous trouvons rapidement une solution.

Quels sont vos hobbies?

( Henk intervient: -Acheter, acheter et encore acheter!) C’est vrai. Avant, je le faisais plus suivent avec une amie mais les travaux domestiques et les soins requis par mon père, qui a 84 ans, absorbent tout mon temps. Je n’ai d’ailleurs plus l’occasion de faire du sport. Il y a un moment que je n’ai plus joué au tennis et que je ne me suis plus adonnée au fitness.

Vous avez des talents musicaux.

Ma famille était très portée sur la question. Ma mère jouait de l’accordéon. J’ai fait partie d’une chorale et vers l’âge de 18 ans, j’ai sorti des disques. éa m’a permis de bien gagner ma vie. Je me produisais quotidiennement dans les casinos de Blankenberge et d’Ostende. Ce fut une belle période. J’ai arrêté la musique quand j’ai repris le café. En fait, je suis née trop tôt. Si j’avais maintenant la chance, en étant plus jeune, de me lancer dans une carrière de chanteuse, je la saisirais immédiatement. On est plus vite lancé maintenant. Je suis passée dans des émissions télévisées mais ils n’avaient pas le même impact que les programmes musicaux actuels.

Frédéric Vanheule

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