Claessen, bientôt 30 ans…

Toujours attentif, Roger Claessen aurait relevé un fait très intéressant en examinant la feuille de match de Belgique-Pays-Bas. Dans sa liste des 24, Marc Wilmots a retenu une armée de Standardmen ou d’anciens de Sclessin pour cette rencontre amicale : Axel Witsel, Steven Defour, Christian Benteke, Nacer Chadli, Daniel Van Buyten, Guillaume Gillet, Laurent Ciman, Igor de Camargo, Sébastien Pocognoli, Jean-François Gillet. S’il revenait parmi nous, Roger Petit, l’ancien grand manitou rouche, ne pourrait plus parler d’anderlechtisation du foot belge. Le regretté Claessen a connu ces années 60 marquées par l’opposition entre les dirigeants de Liège et ceux de la capitale avec en point culminant le fameux Belgique-Pays-Bas du 30 septembre 1964 (1-0). Ce jour-là, le gardien du but du FC Liégeois, Guy Delhasse, blessé, est remplacé au repos par Jean Trappeniers : le sélectionneur national, Constant Vanden Stock, a onze titulaires mauves sous les yeux.

Claessen a été un des héros de cette guerre froide. J’y pense pour plusieurs choses. Ce centre-avant d’exception est né le 27 septembre 1941. On approche de cet anniversaire et, quelques jours plus tard, le 3 octobre, cela fera 30 ans que Roger-la-Honte est parti vers d’autres horizons. J’espère que ses admirateurs déposeront quelques fleurs au pied de son portrait à Sclessin : il le mérite. J’utilise son surnom pour une raison bien simple : la légende a tort de ne retenir que les frasques de ce Robin des Bois qui aurait donné son salaire au premier des mendiants. Oui, il était le roi du Carré à Liège et son coach, Michel Pavic, a hérité ses premiers cheveux blancs en le poursuivant d’un bistrot à l’autre.

Mais Claessen, ce n’est pas que cela. Il a réinventé le rôle de l’attaquant de pointe. Dès ses débuts en Première, tout le monde remarque sa bravoure et une détente exceptionnelle qui font merveille en D1 ou en coupe d’Europe. Claessen ne s’épargne pas, termine des matches importants avec le bras cassé en bandoulière : ce jusqu’auboutisme romantique plaît à Sclessin qui s’embrase pour lui. J’ajoute que Claessen a misé sur un registre technique de qualité. Quand il quitte le Standard, en 1968, c’est pour signer un exploit peu commun en devenant vice-champion de Bundesliga avec Alemannia Aix-la-Chapelle. Pour moi, il reste le plus grand numéro 9 du football belge. Paul Van Himst, notre meilleur footballeur, était un numéro 10. On a tort de les comparer. Les Beatles sont-ils meilleurs que les Rolling Stones ? Impossible à dire mais Claessen me fait plus penser à Mick Jagger qu’à John Lennon.

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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