L’Australien est-il capable de résoudre le problème d’Anderlecht devant le but?

Mais qui est ce Zane qui a atterri à Bruxelles par l’intermédiaire de Kari Ukkonen, un ancien joueur finlandais, qui a notamment évolué au Sporting, devenu manager. Aimé Anthuenis s’est notamment renseigné auprès d’ Edi Krncevic, l’actuel entraîneur de South Melbourne. Nous nous sommes adressés en Norvège, où l’international australien s’est produit, avec des succès divers, pour Molde et Lilleström. Frank Farina (ex-Club Brugeois), sélectionneur de l’Australie, et son adjoint, Graham Arnold (ex-Club Liégeois) nous ont également donné leur opinion sur Zane.

Inefficace en 4-3-3?

Erik Brakstad (entraîneur du FK Moss, à Molde l’année passée): « J’ai découvert Clayton durant un match amical que l’Australie disputait contre le Nigeria en Angleterre. Je l’ai invité à passer un test chez nous. Il devait succéder à Andreas Lund, que nous venions de vendre pour 3,2 millions d’euros à Wimbledon.

Il correspondait exactement au profil souhaité: fort dans les duels aériens, il savait utiliser son corps pour protéger le ballon et il était puissant. Il avait un atout supplémentaire: il possédait une meilleure touche de balle et conservait mieux le ballon aussi. But he didn’t succeed. Sa première saison a même été un flop total. Je pense qu’il était trop préoccupé par son équipe nationale. Il voulait absolument en forcer les portes et devenir titulaire à part entière. Il revenait souvent fatigué de ses longs voyages. En outre, l’héritage de Lund était difficile à assumer. La pression était trop forte pour Clayton.

Nous procédions en 4-3-3. Il était complètement perdu car il ne comprenait pas toujours très bien les mouvements de l’équipe. Il a dû adapter son jeu de position et sa vitesse d’exécution. Clayton émerge vraiment dans un 4-4-2, quand il est soutenu par un attaquant plus petit et plus vif.

Quand Clayton a atterri sur le banc des réserves, il n’a pas causé de problème. Il est et reste un garçon d’un naturel très positif. He’s no troublemaker. Il est loyal. Il s’est montré disposé à discuter de son changement de statut. A l’entraînement, il a mis les bouchées doubles pour combler ses lacunes. Il aime apprendre.

Peut-être est-il arrivé à Molde à un mauvais moment car nous venions de soumettre le noyau à une cure de rajeunissement. Il n’a étalé ses qualités qu’une fois transféré à Lilleström: au centre-avant, il est capable de monopoliser deux défenseurs et de créer ainsi des espaces au profit de ses partenaires. Il a également retrouvé son sang-froid devant le but.

Clayton est un attaquant doté d’un esprit de groupe. Il se hisse au niveau de ses coéquipiers. Il a effectué un bon choix avec Anderlecht. C’est une équipe qui prend part chaque saison à la Coupe d’Europe, normalement, et qui compte beaucoup d’internationaux ».

Un pivot, dos au but

Morten Stokstad (journaliste à WG, le principal quotidien norvégien, pour lequel il suit Lilleström): « Sa taille et sa solidité frappent d’emblée. C’est un joueur très polyvalent: très fort de la tête, il dispose d’un solide bagage technique et sait garder le ballon. Il est un vrai centre-avant. Clayton s’est parfaitement adapté au style de jeu de Lilleström, qui aime à user de longs ballons. Il obtient son meilleur rendement comme pivot, dos au but.

Clayton n’est pas des plus rapides mais ce n’est pas nécessaire dans sa position. Il se démarque bien et peut remettre le ballon aux médians qui montent. A Lilleström, il avait l’avantage d’évoluer aux côtés du Suédois Magnus Powell, un attaquant plus explosif qui a inscrit 13 buts en 11 rencontres. Ils étaient parfaitement complémentaires. Pourtant, c’est Clayton qui a été élu meilleur joueur de Norvège la saison passée.

Récemment, Chievo et Hellas Vérone se sont intéressés au duo Zane-Powell. Le transfert n’a toutefois pas abouti alors qu’il semble que ces clubs étaient prêts à allonger neuf millions d’euros. Anderlecht s’en tire donc bien (il rit).

Manifestement, ses prestations au tournoi de La Manga, en février, ont été décisives. Il a été élu meilleur joueur du tournoi. Clayton n’est pas aussi rapide que Jan Koller mais il correspond très bien au profil de celui-ci. C’est un joueur idéal pour une formation qui doit faire le jeu. Il obtient un rendement optimal dans le rectangle de l’adversaire. Il est professionnel jusqu’au bout des ongles et jalonne soigneusement sa carrière. Il rêve de l’Angleterre mais il voulait d’abord faire ses armes en Belgique et en Norvège » .

Back-up de Viduka

Frank Farina (sélectionneur de l’Australie): « En équipe nationale, il fonctionne essentiellement comme back-up de Mark Viduka, qui est très expérimenté et qui continue à signer de brillantes performances avec Leeds. En fait, Clayton est actuellement victime de notre surabondance d’attaquants. Outre Viduka, j’ai aussi Kewell, Aloisi et Agostino.

Je suppose que la concurrence sera redoutable à Anderlecht aussi. Mais Clayton est un battant qui ne renonce jamais. Il ne peut donc que progresser grâce à cette concurrence ».

Il mouille son maillot

Graham Arnold (entraîneur-adjoint de l’Australie): « J’ai dirigé Clayton à Northern Spirit pour la première fois. Il était encore très jeune mais dès le premier entraînement, je me suis fait cette réflexion: -C’est le nouveau René Eijkelkamp! Surtout par la manière dont il s’imposait dans les duels, cédait le ballon aux autres et leur permettait ainsi de mieux jouer. A ses yeux, le collectif prime le reste. Il ne songe à lui-même qu’en deuxième lieu. Il marquait plus difficilement car il dépensait souvent trop d’énergie dans les duels acharnés qu’il livrait à ses adversaires directs. Il devait mieux gérer ses efforts. Clayton m’a souvent demandé des conseils, alors que j’étais moi-même un tout autre type d’attaquant. Son courage à l’entraînement est contagieux. Il ne rechigne pas à accomplir sa part de travail défensif. Il mouille son maillot! Or, c’est une qualité extrêmement prisée par les amateurs belges de football, n’est-ce pas? En outre, son bagage technique est suffisamment étoffé pour lui permettre de jouer à Anderlecht.

Si je puis lui donner un bon conseil, c’est de conserver son calme car Anderlecht est un grand club européen où la pression peut parfois être fatale. Il ne doit certainement pas se laisser aller à de grandes déclarations, pas plus que les supporters ne doivent trop attendre de lui. Zane n’inscrira pas 30 buts. Si j’analyse ses aptitudes de manière réaliste, je dirais qu’il peut marquer de 15 à 20 buts et délivrer autant d’assists. Mais je suis convaincu d’une chose: vous aurez beaucoup de plaisir à le voir évoluer » .

Frédéric Vanheule,

« Dès le premier entraînement, je me suis dit: -C’est le nouveau René Eijkelkamp » (Graham Arnold)

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