Circulez, y a rien à voir !

Reprise des entraînements dans la douleur au sein d’un club paralysé par les rumeurs de reprise.

A moins d’un mois de la reprise du championnat, Charleroi laisse perplexe. Le club semble avoir été abandonné, laissé aux mains du vieux serviteur Mario Notaro, une nouvelle fois appelé comme pompier de service. La reprise a été lancée dans la plus grande improvisation. Le terrain d’entraînement de Marcinelle n’étant pas prêt, les joueurs ont débuté en allant courir au bois à Monceau  » pour meubler « , avant de rejoindre le centre Adeps de Loverval qu’ils ont dû quitter cette semaine, le complexe ayant été loué par un club de rugby.

Les Zèbres ont même couru deux jours sur le terrain principal du stade, à la grande colère de la société chargée du réensemencement. Malgré la montée, le club suscite beaucoup d’interrogations et de pessimisme. Les supporters, dégoûtés, suivent de moins en moins les entraînements et demandent avec plus de véhémence que jamais le départ d’ Abbas Bayat. Mais celui-ci se fait attendre. La reprise du club traîne et le président iranien se voit contraint de repartir pour un tour.

Est-ce que Charleroi aura un entraîneur pour la reprise ?

Situation ubuesque au Sporting. Lassé d’attendre, Dennis van Wijk a opté pour l’Antwerp. Et voilà les Carolos sans entraîneur pour la reprise des entraînements. Pendant un mois, Abbas Bayat s’est complètement désintéressé de ce dossier. Il n’a étudié aucune candidature, espérant refiler la patate chaude à son successeur. Oui mais le dossier de la reprise patine et voilà tonton Abbas qui se rend compte que le championnat arrive à grand pas. Deux solutions : le débuter avec Notaro aux commandes (cela signifierait que le vrai décideur sportif demeurerait Abbas Bayat), ou choisir un nouvel entraîneur. D’après nos informations, Abbas Bayat a commencé par joindre Glen De Boeck, en lui demandant de se décider sur-le-champ. De Boeck a finalement obtenu un délai et a préféré décliner la proposition.

Généralement très loquace, Abbas se tait.  » Je n’ai pas le temps de parler pour le moment, je suis très occupé « , dit-il avant de raccrocher. Pourtant, c’est bien dans ses intentions de choisir un nouvel entraîneur.  » Mais je n’ai pas le sentiment qu’il y ait actuellement un problème « , explique Mehdi Bayat, qui gère le club au quotidien.  » Ce serait manquer de respect à Mario Notaro. Avec lui, nous disposons actuellement d’un coach d’expérience auquel s’ajoute le préparateur physique Michel Bertinchamps qu’on ne doit plus présenter.  »

Pas de panique, donc, dans le chef des dirigeants carolos. Même au niveau transferts, on préfère être optimiste.  » On n’est pas en retard sur nos prévisions. Nous avons conservé l’entièreté des forces vives qui nous ont permis d’être champion de D2. Or, ne dit-on pas qu’il est préférable de ne pas trop chambouler un effectif champion ? Nous voulons compléter ce noyau mais nous n’allons pas faire de folies. D’abord, il convient de sortir des joueurs. On s’est déjà séparé de Matija Smrekar, Christopher Verbist et Ivan Yagan. Ensuite, on essayera de faire de bonnes affaires comme Charleroi a toujours su le faire.  » Alors que le noyau comprenait 30 joueurs la saison passée, le Sporting aimerait n’en compter que 24 ou 25 cette saison. On doit donc s’attendre à d’autres départs, si le Sporting veut renforcer cette équipe.

Est-ce que la saison de Charleroi sera terminée fin septembre ?

Oubliés les 14.000 spectateurs face à Eupen. La morosité a repris le pas sur l’euphorie de la montée. Les supporters se sont rendu compte que le club était quasiment à l’abandon, en stand-by. Pas d’entraîneur, pas de transferts. Les Carolos ne sont pas tombés dans le panneau et ont refusé de cautionner une nouvelle fois ce manque de vision à long terme. Dimanche dernier, la barre de 500 abonnements n’avait toujours pas été franchie ! Jamais, depuis le début de l’ère Bayat, la campagne d’abonnements n’a démarré aussi lentement. Le club n’a donc pas réussi à surfer sur l’ambiance de la montée.

Aujourd’hui, de plus en plus de gens se demandent si la saison de Charleroi ne sera pas terminée fin septembre. Pour engranger le plus de recettes possible avant le démontage des tribunes, le Sporting a demandé de recevoir tous les gros clubs en début de championnat.  » Attention, on n’a pas demandé de recevoir tous les gros « , se défend Mehdi Bayat.  » Notre seul desiderata consistait à jouer le Standard et/ou Anderlecht à domicile avant les travaux. Le ministère de l’Intérieur a par contre renforcé notre demande en insistant pour que les autres gros matches aient lieu avant le démontage pour des raisons de sécurité. « 

Le calendrier des Zèbres est donc démentiel : Bruges, Standard, Gand et Genk lors des quatre premiers matches à domicile. A cela s’ajoutent des déplacements à Malines, en ouverture du championnat, Courtrai, le Beerschot et Mons. Les plus pessimistes disent même que Charleroi devra attendre le 6 octobre (réception d’OHL) pour prendre ses premiers points. Comme le public ne semble pas répondre en masse, on peut se demander si le calcul du club est le bon. Car, un marasme sportif risque d’engendrer un marasme économique.  » Si c’est pour faire des recettes et perdre tous nos matches, cela ne nous avance pas « , conteste Mehdi Bayat.  » Je préférerais encore jouer devant 500 spectateurs et les gagner. « 

Est-ce que Charleroi peut être renvoyé en D2 ?

Il y a peu de chances que Charleroi et Waasland soient renvoyés en D2 suite à leur choix de ne pas respecter le contrat TV. Les deux clubs se sont engouffrés dans un point de règlement leur permettant de confier leurs droits TV à un autre opérateur que Telenet et Voo et la Ligue pro ne pourra jamais mettre ses menaces à exécution. Celle-ci l’a d’ailleurs compris en affirmant  » vouloir chercher une solution « .

Tout a débuté la saison passée. Alors sponsor maillot de Charleroi, Voo profite d’une clause dans son contrat lui permettant de se retirer en cas de relégation du Sporting, pour se faire la malle. Charleroi tente bien de faire revenir l’opérateur sur sa décision, lui proposant même de lui vendre ses droits télévision en surplus du sponsoring mais cela capote.

Au bord de la faillite, le club carolo voit filer une grande partie de ses sponsors panneaux qui ne jugent plus leur sponsoring rentable suite à l’absence de toute couverture télévisuelle, et décide de se tourner vers Belgacom. Le Sporting parvient à un accord qui porte sur trois saisons. Dans le package sont compris les droits télévisés mais également un sponsoring maillot, le développement de droits d’images et une émission de télé-réalité.

Comme cet accord porte sur trois ans, rapidement se pose donc le problème de la viabilité d’un tel deal en cas de montée de Charleroi. Après une lecture attentive et approfondie du contrat télévisé qui lie la Pro League avec Voo et Telenet, Belgacom se rend compte qu’un point de cet accord autorise les équipes de D2 de ne pas faire partie du contrat global. Que dit ce point ? Il affirme que les opérateurs devront continuer à respecter leurs obligations en cas de modification du championnat ou du nombre de clubs mais que ce respect des obligations vaut également pour tous les matches des clubs issus de la D2 qui ne sont pas prêts à rejoindre le contrat global ou qui décident donc de se tourner vers un autre opérateur. Dans ce cas-là, le contrat souligne que  » les chaînes ne peuvent demander des dommages et intérêts, ni intenter un quelconque recours « .

Pourquoi donc Charleroi décide-t-il de se mettre la Pro League à dos ? Sans doute par fidélité à Belgacom qui a sauvé le Sporting de la noyade. Mais aussi par revanche vis-à-vis de Voo qui n’a pourtant pas hésité à recontacter Charleroi une fois la montée actée. Autant dire que les décideurs de Voo n’ont pas été accueillis chaudement !

Mais si Charleroi a décidé de ne pas souscrire à l’accord global, c’est aussi parce que, financièrement, le Sporting n’a aucun intérêt à le faire. L’accord souscrit avec Belgacom est plus important que la somme que Charleroi toucherait via l’accord global (entre 1,6 millions et 2,5 millions selon les années). Cependant, la Pro League ne risque pas d’en rester là. Les clubs visés devront certainement reverser une partie de leurs droits télévisuels exclusifs s’ils veulent continuer à participer aux réunions et aux organisations de la Pro League (comme la commission de calendrier, par exemple).

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Charleroi a déjà changé quatre fois de lieux d’entraînement ! « 

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