Ciao Standard !

Sur une voie de garage au Standard, le portier carolo a choisi de rebondir à Malines, comme l’avait fait son idole et ex-coach autrefois…

Ce n’est pas pour brûler un cierge qu’ Olivier Renard s’est rendu à la Basilique Saint-Pierre de Rome pendant ses congés. Mais plus pour découvrir la Ville Eternelle et se dire que face à tous ces vestiges du passé, les malheurs d’un gardien de foot relevaient du dérisoire. Pourtant, les dernières péripéties vécues par le désormais ancien gardien du Standard ont alimenté la chronique. Dans un chapitre qu’on pourrait intituler Comment passer du statut d’international à celui de remplaçant en un mois.

International et gardien de l’équipe en tête du championnat, en octobre, Renard appréciait son nouveau statut forgé à force de caractère. Trois mois plus tard, le voilà qu’il se retrouve dans les vestiaires exigus du FC Malines, à se battre contre la relégation, suite à son transfert de 275.000 euros.

 » Je dois même apprendre à porter mes équipements sales à la machine à laver « , dit-il. En football, tout va très vite. Il suffit parfois de propos malheureux pour tomber en disgrâce… S’estimant lésé de s’asseoir sur le banc, après une blessure de deux semaines, Renard a crié son dégoût. Ce qu’il ne faut surtout pas faire à Sclessin :  » Certains disent que j’ai craqué. Mais cela faisait un an et demi que je sentais ce qui se tramait dans mon dos. Si je n’avais pas tenu ces propos ce jour-là, je l’aurais fait une semaine plus tard « .

Qu’est ce qui se tramait depuis un an et demi ?

Je préfère ne pas en parler. Je signale simplement que la direction m’a fait signer un contrat mais que dès le départ, il y a eu quelques tensions. J’ai subi beaucoup de critiques peu objectives. En début de saison passée, toute la défense, à part Eric Deflandre, avait été modifiée. Or, la base du travail défensif consiste à bien se connaître. Ce qui explique que l’on a tous commis des erreurs, des approximations. Moi aussi mais on a tout mis sur mon dos.

Pourtant, en remettant en cause la composition d’équipe à Mons, vous vous priviez de votre seul soutien au Standard : Michel Preud’homme…

Le lendemain, j’ai eu une discussion avec Michel. Si je l’ai blessé, je m’en excuse encore car s’il y a bien une personne qui m’a soutenue et que je dois remercier, c’est bien lui. J’ai toujours déclaré qu’il s’agissait d’un très bon entraîneur. Il me comprenait. Et j’ai toujours gardé un bon rapport avec lui. Ce n’est pas lui que je visais. Il le sait bien.

Mais avez-vous été lui demander pourquoi il vous maintenait sur le banc ?

Non. Je ne veux pas le rabaisser ou le mettre dans une position délicate. Un jour, si je le croise dans un bar et que j’ai déjà bu quelques bières, peut-être que je lui demanderai le pourquoi du comment.

 » Le monde du foot est un monde de faux culs mais j’essaie de ne pas l’être « 

Néanmoins, tout le monde se demande encore ce qui vous a pris ce soir-là…

Certains journalistes ont même essayé de me calmer. Mais ces journalistes-là me connaissent. Ils savent que je suis le plus correct possible. La notion de respect est très importante pour moi. Mes propos ont également pris une ampleur insoupçonnée. Au Standard, j’ai vu des joueurs cracher ou jeter des maillots par terre et leurs gestes n’ont pas eu le même impact sur la direction. Je me demande pourquoi.

Et cela vous a-t-il surpris de vous retrouver sur le banc par la suite ?

Est-ce que j’ai été mis de côté par mes déclarations ou parce qu’Aragon Espinoza s’est montré intransigeant ? Je vous pose la question. Je pense qu’on a profité d’une blessure de deux semaines pour m’écarter. Je l’ai ressenti comme un manque de confiance. J’aurais mérité plus de crédit.

Ne soyez pas naïf ! Vous connaissez le monde du foot…

C’est un monde de faux culs mais moi, j’essaie de ne pas l’être. Au Standard, mon but n’a jamais été de plaire à tout le monde. C’est impossible. Mais, il faut aussi être honnête. Avant Mons, je n’avais jamais tenu de déclarations fracassantes. Cependant, certaines personnes peuvent se permettre de tout dire. On va alors affirmer que c’est une preuve de caractère et de leadership. Par contre, quand d’autres tiennent des propos dérangeants une seule fois, on les traite de prétentieux et de fouteurs de m…

Votre position au sein du vestiaire était-elle devenue intenable ?

Non. Dans un vestiaire, il y a des amis et il y a des collègues.

Suite à ses propos contre Lokeren, je suppose qu’Igor de Camargo était devenu un collègue ?

Le geste qu’a fait Igor de Camargo vis-à-vis d’Espinoza en lui dédiant son but, c’est une question d’affinités. Je respecte. Mais ces propos d’après match m’ont fait rigoler. Tu ne dois pas demander au public de ne plus scander mon nom et de soutenir Espinoza. Quand le public crie le nom de Siramana Dembele, cela ne pose aucun problème à Marouane Fellaini, son concurrent direct.

Et qu’avez-vous dit à De Camargo le lendemain ?

Rien. Juste bonjour. Je ne lui ai pas demandé ce qu’il avait fait la veille au soir. Mais certaines personnes lui ont fait comprendre qu’il n’avait pas à dicter sa conduite au public. Cependant, je ne crois pas qu’il me visait personnellement. Il voulait simplement soutenir Espinoza.

Avez-vous l’impression d’avoir tiré profit de votre amitié avec le public liégeois ?

J’ai de bons rapports avec le public mais ce n’est pas parce que tu as quatre amis dans la tribune que toute celle-ci se met à scander ton nom !

 » Le Standard est promis à un bel avenir « 

Quittez-vous le Standard avec un goût amer en bouche ?

Non. Je ne veux pas trahir le Standard parce que je suis parti. Je veux qu’il devienne champion. Ce club est promis à un bel avenir.

Si le Standard devenait champion, ne regretterez-vous pas d’être parti trop vite ?

Ce sera aussi un peu mon titre puisque j’ai disputé sept matches. Cependant, si j’étais resté et que j’avais dû me contenter du banc, cela aurait constitué un titre amer. Je garde un très bon souvenir de mes deux ans et demi au Standard. J’ai juste connu un passage négatif. Je conserverai d’autant plus un bon souvenir du Standard que je suis parti à temps. En restant six mois de plus sur le banc, je crois que j’aurais pété un plomb.

Pourtant, en choisissant Malines, vous faites un pas en arrière…

C’est clair mais je ne voulais plus rester au Standard. Tout s’est réglé très vite. En une semaine. Ici, je peux grandir avec le club. Ce projet me plaît et c’est pour cette raison que j’ai signé un contrat de trois ans et demi.

Vous avez choisi Malines par défaut ?

Non. Mouscron et Charleroi s’étaient renseignés pour me transférer dans six mois. Twente aussi. Mons avait pris contact. Le Standard était d’accord avec les Dragons mais après trois défaites consécutives, ils m’ont téléphoné pour me dire qu’il leur fallait un gardien urgemment et qu’ils ne pouvaient plus attendre le mercato. Malines s’est montré très intéressé. J’ai senti cette confiance et cette envie de me prendre.

Vous allez devoir lutter pour le maintien…

Oui c’est vrai. En venant ici, je me suis fixé trois ambitions. Un : essayer de jouer le plus possible car je n’ai reçu aucune garantie que je serais numéro un ; mais si les dirigeants malinois m’ont fait venir, c’est qu’ils comptent sur moi. Deux : sauver Malines. Trois : retrouver l’équipe nationale. Ce n’est pas parce que je suis redescendu de deux crans que je dois revoir mes ambitions à la baisse.

Sur les traces de Preud’homme

Etes-vous conscient que vous marchez dans les traces de Preud’homme ?

Oui. Tout le monde me le dit. Preud’homme a toujours été mon idole. Mais si je suis son parcours au niveau des clubs, je ne me mets pas du tout à son niveau. C’était le meilleur gardien du monde. Moi, je ne suis qu’un gardien du championnat belge. Cependant, cela ne me déplairait pas du tout de réaliser la même carrière. Je veux bien aller à Benfica. Par contre, je crois que je n’entraînerai jamais le Standard ( il rit).

Croyez-vous que Malines veuille refaire avec vous le coup Preud’homme ?

On sent en tous cas une petite ferveur ici car le club a transféré un gardien du Standard qui a fait partie de l’équipe nationale.

Comment se sont déroulés vos premiers jours à Malines ?

Bien. Le club est très convivial et on sent que l’ambiance est plus familiale. Le premier jour, personne ne savait si on avait un ou deux entraînements. Un joueur est arrivé cinq minutes en retard à l’entraînement et je n’ai pas entendu parler d’amende. Au Standard, Manu Ferrera veillait à l’entrée de Prison Break (NDLR : nom donné par les joueurs à l’académie Robert Louis-Dreyfuss). Si on avait une minute de retard, il sévissait.

Mais la discipline porte ses fruits au Standard ?

Cela marche quand les règles sont les mêmes pour tout le monde. Ce qui était le cas les six derniers mois. Michel avait réussi à instaurer une discipline. L’année passée, comme il avait repris le groupe en cours d’année, il avait un peu laissé faire, tout en prévenant qu’il serait plus strict cette saison.

Peter Maes est aussi réputé pour sa sévérité…

Oui, c’est ce qu’on m’a dit. C’est également un ancien gardien. C’est une bonne chose.

par stéphane vande velde – photos : reporters

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