Ciao, bello !

Cette fois, l’histoire d’amour entre le RSCA et le Clabecquois semble bien terminée. Mais il s’accroche…

A l’heure où les Sportingmen se concentraient déjà sur leur mission européenne du soir contre Fenerbahce, Walter Baseggio, lui, moulinait autour de la pelouse principale du Parc Astrid. En la circonstance, le Clabecquois n’émargeait ni au groupe des blessés, à l’image de Nicolas Frutos, ni à celui des suspendus, symbolisé par Jelle Van Damme. Non, il faisait tout simplement partie des indésirables, au même titre que Martin Kolar. L’importantissime match à Istanbul, ce fut donc sans lui. Sur toute la ligne, d’ailleurs, car il n’assista pas, non plus, à sa retransmission télévisée par la chaîne flamande VT4. Walt avait évidemment l’excuse de ne pas pouvoir la capter à Clabecq. N’empêche que Bruxelles, voire le Brabant Flamand, ne sont pas loin d’où il habite et que si le joueur l’avait réellement voulu, il aurait pu assister à la défaite par 1 à 0 de ses partenaires. Mais le coeur n’y était pas. L’éloignement est important du fait que le Footballeur Pro de l’Année 2001 en a bavé depuis son retour au stade ConstantVandenStock, en janvier passé. Pourtant, il y a huit mois, rien, absolument rien, ne laissait présager l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Revenu de Trévise le visage émacié et l’esprit conquérant, Walt paraissait bien parti pour confondre ses détracteurs. Comme il l’avait fait une première fois en 1999.

Cet été-là, Aimé Anthuenis débarquait chez les Mauve et Blanc, en droite ligne du Racing Genk qu’il venait de mener au titre. Sa toute première préoccupation fut d’étoffer le noyau d’un demi défensif digne de ce nom. L’homme avait un candidat en tête : Besnik Hasi, son fidèle lieutenant au sein du club limbourgeois. La direction anderlechtoise, de son côté, en avait un autre : Yves Vanderhaeghe. Pour contenter tout le monde, ces deux-là, finalement, convergèrent de concert vers la capitale. A priori, chacun pensait que la manoeuvre aurait pour but de libérer Baseggio et de le faire progresser d’un cran sur l’échiquier. En lieu et place, le coming man s’était retrouvé sur le banc. Le nouvel homme fort lui préférait tout bonnement Oleg Iachtchouk, prototype selon lui du médian moderne, capable à la fois d’orienter la manoeuvre mais d’assumer également sa part de travail à la récupération du cuir. Un box-to-box avant la lettre ? On en resta toutefois aux intentions. Car après quelques rencontres menées tambour battant, le Belgo-Ukrainien se blessa et il fallut bien qu’Anthuenis change son fusil d’épaule. Ce fut tout profit, en définitive, pour deux jeunots : Alin Stoica et Walt en personne qui s’érigea en une courroie de transmission indispensable au bon fonctionnement des siens.

Le Calcio a ses pieds

La suite, dans un premier temps, s’apparenta à une campagne héroïque en Ligue des Champions, en 2000-01, marquée par une accession historique à la deuxième phase des poules (depuis lors la formule a été changée et c’est élimination directe à partir de huitièmes de finale). Avec un Baseggio impérial, plus particulièrement, face au PSV Eindhoven et la Lazio Rome. Deux joutes où Walt était à la fois au four de la défense et au moulin de l’attaque. Résultat des courses : une désignation logique comme meilleur joueur du pays et l’intérêt de plus en plus marqué des clubs de la Botte : d’abord, très logiquement, les Laziali, suivis par ceux de l’AS Rome que le RSCA allait affronter sur la plus haute scène continentale l’année suivante. Mais, à 23 ans, le garçon s’estimait alors encore trop tendre pour le Calcio et préféra différer son départ. Mal lui en prit, sans doute, car à partir de ce moment, la carrière du Clabecquois n’allait plus suivre une même courbe ascensionnelle.

Au contraire, après une période de surplace, il rentra progressivement dans le rang. L’arrivée d’ Hugo Broos, en juillet 2002, aura été tout sauf salutaire pour lui. A l’instar de son prédécesseur, le nouvel entraîneur ne discernait pas en Walt de la graine d’un médian moderne. Pour lui, il manquait aussi de volume de jeu. Dans ce cas-ci également, le Clabecquois eut le dernier mot. Dans un premier temps, du moins. Car au bout d’un exercice à peine, la direction du RSCA s’empressa de rappeler Pär Zetterberg, en fin de contrat à l’Olympiacos du Pirée. Du coup, Walt dut à nouveau composer avec celui dont il fut pourtant le successeur tout désigné. Ce coup-ci, il n’eut plus les ressources pour émerger. Et sa situation ne changea pas d’un iota après que Frankie Vercauteren eut repris le témoin en février 2005.

Au bout de cette même année, lassé de faire banquette, le Clabecquois mit alors le cap sur l’Italie. Non pas à destination d’un ténor mais du modeste Trévise. A défaut de jouer immédiatement, il réussit là-bas la gageure de fondre en un tournemain, ce qu’il n’était pas parvenu à faire durant sa période noire au Sporting. Pleinement opérationnel après un mois, Walt disputa alors 15 rencontres dont dix comme titulaire, tant sous les ordres d’ Alberto Cavasin que de Diego Bortoluzzi. L’amorce de la saison 2006-07 fut meilleure encore car notre homme avait alors rang d’incontournable dans l’équipe. De quoi se rappeler aux bons souvenirs du Sporting dont les émissaires accumulèrent les bons rapports sur lui.

 » Ce Baseggio-là était à nouveau digne d’Anderlecht « , dit Antoine Germeys, ex-scout du RSCA, en substance.  » L’idée était de continuer à suivre ses évolutions et de le rappeler en fin de championnat « . Un épisode douloureux allait hâter le retour : la mort inopinée de son père Gianni Baseggio l’automne passé. Comme bien l’on pense, une délégation du club répondit présent aux funérailles et c’est à cette occasion qu’un come-back fut évoqué. Le président des Mauves, Roger Vanden Stock, y était d’autant plus favorable qu’il a toujours considéré Walt comme son propre fils, de la même manière qu’il s’y était pris avec Zet d’ailleurs. Et s’il avait fait revenir le Suédois au bercail, il n’y avait pas de raison qu’il n’accomplisse pas la même démarche envers son autre poulain. Outre l’aspect purement sportif, il semble que d’autres contingences aient joué. Le contexte familial, bien sûr, avec une volonté évidente du joueur de se rapprocher de sa famille, restée au pays. Mais aussi le business car Walt voulait suivre de plus près ses affaires. Et recadrer, notamment, la gestion de ses établissements à Clabecq : une taverne et une pizzeria.

Manque de rendement

En janvier dernier, Baseggio reprit donc le chemin des entraînements au Parc Astrid. Au préalable, un échange de vues avait contribué à rapprocher le joueur et l’entraîneur. Frankie Vercauteren avait pris bonne note de la volonté de Walt de se relancer après avoir vécu trop longtemps sur ses lauriers. Et dans la mesure où il apparaissait fit and well comme jamais auparavant, le T1 se montra disposé à accorder une nouvelle chance au joueur. Dans les faits, toutefois, cette entrevue n’aura été qu’anecdotique. Tout au long de ses six premiers mois à Anderlecht, le Clabecquois ne fut effectivement titularisé qu’à deux reprises : contre Charleroi en championnat et au Standard en Coupe. Pour le reste, il était monté sept fois au jeu à peine. Un bilan plutôt maigrichon, chacun en conviendra.

 » Durant toute cette période, Baseggio ne m’a jamais prouvé qu’il était meilleur qu’un autre « , dit le coach du RSCA.  » Au départ, il paraissait revenu à de meilleurs sentiments mais sa rage n’aura été qu’un feu de paille. Chassez le naturel et il revient au galop, c’est bien connu. A la fin, c’était toujours la même rengaine avec lui, à l’entraînement : quand il perdait le ballon, je devais sans cesse lui demander de faire l’effort pour revenir. Cette requête-là, je n’ai jamais dû la faire avec Lucas Biglia, par exemple. L’Argentin sait ce qu’on attend d’un demi moderne et £uvre en conséquence. Désolé, mais Walt n’a pas, ou plus du tout, le même rendement. Et davantage que toute autre considération, c’est ce facteur-là qui m’intéresse « .

Le Clabecquois n’est pas le seul à avoir été sacrifié sur l’autel des revendications du T1 anderlechtois. Anthony Vanden Borre, autre joueur box-to-box, n’a pas répondu non plus aux attentes et a été transféré à la Fiorentina cet été. Logiquement, Walt devrait suivre le même chemin, entendu que les dirigeants ont décidé de ne pas le retenir au Parc Astrid. Par l’intermédiaire de son agent, Luca Pelizzon, des touches ont eu lieu ces derniers temps avec le Standard et Charleroi, notamment. Mais, de part et d’autre, on s’est montré effrayé par le volet financier, vu que la tête du joueur était mise à prix pour un million d’euros. Entre-temps, le montant a été raboté d’un quart et c’est sur cette base que Xanthi, l’équipe drivée par Emilio Ferrera, est venue aux nouvelles, le week-end passé. Du côté anderlechtois, tous les indicateurs étaient au vert. Après un vague contact avec Leicester City, il y avait enfin du concret pour un réserviste de luxe qui, fort de ses 30.000 euros mensuels, pesait quand même lourd sur le budget. Mais le club se heurta à une fin de non-recevoir de la part du joueur lui-même, qui n’avait pas envie du tout d’aller se faire voir chez les Grecs. De quoi laisser perplexe BertrandCrasson, qui connaît bien son ancien coéquipier.

 » Il est con !  »

 » Il est con, il n’y a pas d’autre mot « , dit-il.  » A 29 ans, il doit songer en tout premier lieu à se refaire une santé sportive. Puisque son horizon est irrémédiablement bouché au Parc Astrid, un passage sous d’autres cieux s’impose. Walt ferait bien de s’inspirer de l’exemple de notre ex-partenaire anderlechtois, Alin Stoica, qui a accepté de reculer pour mieux sauter avec La Gantoise. Et le Roumain est manifestement bien parti pour réussir dans cette entreprise. Xanthi, c’est un peu du pareil au même. Ce club n’est sans doute pas du même tonneau que les trois grands d’Athènes que sont le Panathinaïkos, l’Olympiacos et l’AEK mais il y a quand même du beau monde là-bas. Comme l’international polonais Emmanuel Olisadebe, entre autres. A mes yeux, c’est l’idéal pour se relancer, d’autant plus que Walt aurait l’opportunité de travailler là-bas sous les ordres d’un entraîneur qui l’a toujours eu à la bonne. Je ne pense pas que la réciproque soit vraie au Sporting. C’est pourquoi, à sa place, je réfléchirais quand même à deux fois avant de trancher de manière définitive « .

 » Le hic, avec Walter, c’est qu’il est intimement convaincu d’avoir toujours un avenir à Anderlecht « , observe notre collègue Christophe Berti, du journal Le Soir, qui compte parmi les amis du Clabecquois.  » Et c’est sûr qu’au plan de la classe intrinsèque, il peut toujours soutenir la comparaison. Mais puisque certains lui cherchent manifestement des poux dans la tête, il ferait mieux d’en tirer les conséquences et de rebondir ailleurs. Je lui ai cité récemment les exemples d’un David Beckham ou d’un Rivaldo qui, eux aussi, malgré des qualités évidentes, n’en furent pas moins poussés vers la porte de sortie par Manchester United, le Real Madrid et le FC Barcelone. Ce qui ne les a pas empêchés de trouver chaussure à leurs pieds dans un autre entourage. Mais quand Walter a une idée en tête, il est difficile de le raisonner « .

Quel avenir, dès lors, pour le joueur, qui a encore un an de contrat, et qu’Anderlecht ne veut donc plus louer ? D’après Pelizzon, il y a toujours une possibilité pour qu’il retourne en Italie car Livourne est, semble-t-il, intéressé. Mais au Parc Astrid, on n’y croit guère.  » De l’AC Milan à Palerme en passant par Naples, c’est tout le Calcio qui, aux dires de son homme de confiance, a les yeux rivés sur Baseggio « , précise le manager du RSCA, Herman Van Holsbeeck.  » Mais hormis Trévise, aucun club n’a jamais pris langue avec nous. Aussi, je n’y compte pas trop. J’espère toutefois qu’une solution se dégagera, susceptible de contenter tout le monde « .

Oui, mais laquelle ? Une offre de dernière minute ? Un départ gratuit ? La réponse doit immanquablement tomber cette semaine.

par bruno govers- photos: reporters

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