CHRISTOPHE DESSY

Entraîneur-adjoint de Nancy, Christophe Dessy commente l’actualité du football français.

Comme en 95, Nantes a enlevé le titre…

Ce succès prouve que quand on a un système et une philosophie de jeu, on peut faire de belles choses. Après leur titre en 1995, les dirigeants ont vu leurs joueurs vedettes Loko, Pedros et Ouédec s’en aller et ont dû carrément rebâtir une équipe. Six ans, c’est un laps de temps relativement bref. Surtout quand des moyens modestes ne consentent pas d’acheter des joueurs réputés. D’ailleurs le plus gros transfert du club a été Moldovan. Un joueur sous-estimé car si cela n’avait pas été le cas, il n’aurait sans doute pas atterri en Loire Atlantique. Pourtant, le sélectionneur roumain, Lazlo Boloni, tenait beaucoup à lui. En tout cas, c’est une grande réussite. Il a été productif non seulement parce qu’il a inscrit onze buts mais aussi parce qu’il a fait marquer beaucoup de goals.

Monterrubio, Varihua et Carrière se sont également mis en évidence…

Olivier Monterrubio (24 ans) est le deuxième buteur du club et il a beaucoup progressé. Marama Vahirua n’a que 21 ans. C’est une véritable perle de Tahiti. Il ne faut évidemment pas oublier Eric Carrière. Il a été élu Meilleur Joueur de l’Année par l’UNFP, le syndicat des joueurs pros. Il a très souvent été décisif. Il a inscrit cinq buts et surtout il est en tête du classement des assists. C’est un passeur de talent qui méritait bien le titre qui lui a été remis la semaine dernière dans un cadre exceptionnel, à l’Olympia. Pour la D2, c’est Dos Santos de Sochaux qui a été élu. Ce joueur est passé au Standard mais n’a pas beaucoup joué. Il est alors parti en Afrique du Nord et c’est à l’Elan du Sahel que Jean Fernandez, son entraîneur alors en fonction en Tunisie, est allé le rechercher. L’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs, a désigné Reynald Denouaix, coach de l’année. C’est un homme qui a un gros vécu et qui a pleinement satisfait dans ses fonctions au centre de formation. C’est la preuve qu’une formation très pointue d’éducateur est indispensable pour faire un bon entraîneur.

La formation des jeunes, c’est votre dada.

On sait que la France est généralement citée en exemple. Et ce n’est pas un hasard. N’oublions pas que dans ce pays existe la taxe à l’apprentissage. Ce qui représente pour chaque société 0,5% de sa masse salariale. Cette somme est divisée en trois parties : 8% vont directement dans les caisses de l’état, 32% à des centres de formations professionnels privés et 60% aux écoles (facultés, lycées, collèges) pour la pratique du sport. Le but de cette taxe est de développer l’esprit professionnel dans tous les domaines. Ainsi, un plombier zingueur a le droit de choisir où il veut investir son argent. Il peut donner les 32% à un institut professionnel visant à former des plombiers spécialisés et les 60% à l’école de son village. Bref chaque année, un centre de formation comme celui de Nancy reçoit des subsides, qui permettent d’acquérir du matériel didactique notamment.

Nantes ne risque-t-il pas un pillage?

C’est tout-à-fait possible. En tant que candidat-acquéreur, je me méfierais quand même car ces joueurs sont tous coulés dans un même moule et imprégnés de l’esprit nantais. Ainsi Loko n’avait pas réussi ailleurs à cause de problèmes psychologique, Pedros s’est brûlé et Ouédec est carrément rentré dans l’anonymat.

Makelele, lui, a réussi.

Pour être honnête, il faut le signaler mais il ne faut pas oublier qu’il est parti un peu plus tard et qu’il a transité par l’OM avant d’aboutir au Real Madrid.

Lyon a remporté la Coupe de la Ligue.

Un joli succès (2-1) sur Monaco au terme d’un excellent match, rythmé et à l’engagement intense jusqu’à la 90e. Malheureusement pour lui, Eric Deflandre n’a pas pu participer à cette fête dans un Stade de France qui n’avait jamais plus été aussi rempli depuis la finale de la Coupe du Monde en 1998. Son entraîneur lui a donné la permission de se rendre en Belgique auprès de son père malade et de rentrer en France quand il en avait envie. Ce côté humain est à souligner. Chapeau à Jacques Santini de l’avoir déclaré à L’Equipe.

Et les Belges dans tous cela?

Nous sommes arrivés à l’heure des récompenses. Mon premier prix ira à Eric Deflandre. Il le mérite parce qu’il a livré de bonnes prestations et s’est bien intégré au système français : il a beaucoup progressé. Ce premier prix, il lui revient essentiellement pour son acceptation de la concurrence. Il jouait en Ligue des Champions et, le samedi à Rennes, il était sur le banc. Je pense qu’il était un peu déçu mais dans le fond de lui-même, il a compris la nécessité de cette rotation.

Le deuxième prix, je le décernerai à Wilmots. Dans un effectif très riche, il n’était pas facile pour lui de trouver une place. Il n’a pas été un titulaire indiscutable et n’a pas toujours été très bon, comme contre Sedan. Il n’empêche, il a amené des buts décisifs et en a inscrits quelques-uns à des moments importants.

Enfin, Gunter Vanhandenhoven hérite du troisième prix. Si l’on se base sur les qualités du joueur, ce n’est pas une surprise. Mais c’est tout ce qui a entouré son transfert qui n’a pas été de nature à lui donner du moral. Il pensait aller en Hollande et il s’est retrouvé en France. A Metz, il n’a pas immédiatement trouvé ses marques et il a même voulu partir. Heureusement, pendant quelques mois, il a pu compter sur le soutien de Boffin. Après cela, il est parvenu à s’imposer dans un groupe qui risquait la relégation. Il s’est mis en évidence dans un entrejeu qui misait essentiellement sur la puissance alors qu’il n’est pas très costaud.

L’affaire des faux passeports a faussé la compétition.

Certainement. Il n’est pas facile de s’y retrouver dans tous ces procès, ces plaintes et de nouveaux rebondissements ne sont pas à exclure. Ainsi quelques heures avant la dernière journée, on a appris que St-Etienne a gagné son procès à Lyon et qu’il récupérait sept points. Ce qui revient à dire qu’à nonante minutes du terme, le club stéphanois a encore une chance de se maintenir en D1… Tout cela est illogique d’autant que St-Etienne reçoit des points mais pas de buts alors que la différence des buts entre en ligne de compte. St-Etienne est donc lésé puisque ses deux victoires lui auraient au moins valu deux buts de plus… (N. Ribaudo)

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