CHRISTINE SCHREDER N’EST PAS UNE POTICHE

Cela fait trois ans qu’elle est le visage du foot anglais sur Canal + mais sa voix on ne peut plus claire alimente de plus en plus les reportages de la chaîne cryptée encadrant les matches de notre championnat. En six ans, Christine Schreder (31 ans) s’est fondue dans le paysage audiovisuel du ballon rond avec le professionnalisme et les connaissances d’un homme, ce qui ne fait pas d’elle un garçon manqué.  » Petite, je jouais dans la cour de récré avec les gamins pour échapper aux petits côtés mesquins des filles. Et aujourd’hui encore, je me sens bien dans ce monde d’hommes. Ils sont plus francs, plus directs. A l’âge de 12 ans, je me suis inscrite dans une équipe féminine mais les autres joueuses avaient le double de mon âge et je n’étais pas à l’aise. J’ai aussi fait un peu de natation mais je ne suis pas une véritable pratiquante, plutôt une passionnée « .

Après des études de philologie romane à l’UCL, elle poursuit dans le domaine du journalisme. Son diplôme en poche, elle envoie des CV un peu partout sauf… à Canal +.  » Je n’avais pas le décodeur, je ne savais pas très bien ce qu’on y faisait en matière de sport. Puis, un jour, je me suis décidée. Le lendemain, la secrétaire d’ André Remy m’appelait et, de fil en aiguille, j’ai été engagée. Quand on a connu Canal, on se demande si on peut trouver mieux ailleurs : on a une matière première formidable, notamment au niveau de la qualité des images. Et nous formons une belle équipe « .

De ses six premières années, elle conserve notamment le souvenir d’un reportage à Marseille-Lyon, où elle devait suivre Daniel Van Buyten et Eric Deflandre.  » Nous avons passé le week-end avec Raymond Goethals, c’était très enrichissant « .

Le foot n’est pas seulement son métier, c’est sa vie. Maman d’un petit Théo (2,5 ans), elle vit avec un homme qui, lui, n’est pas un enfant de la balle :  » Il regarde seulement les Diables Rouges. Le reste du temps, on le partage entre nos goûts car on n’a pas envie de céder à la mode des deux téléviseurs « .

A l’entendre aussi passionnée, on n’a même pas envie d’aborder le côté macho du boulot. La question ne tombant pas, ça doit la déstabiliser. Alors, elle s’en charge :  » Les joueurs ne sont pas plus attentionnés parce que je suis une fille. Les problèmes, ils viennent plutôt de l’entourage, notamment la sécurité. Un jour, à Anderlecht, on m’a même dit que l’arbitre ne voulait pas de femme dans la zone neutre. Dès le premier jour, on m’a bien dit qu’on ne voulait pas d’une potiche. Mon look n’a vraiment pas d’importance. Je me dis même que je devrais aller plus souvent chez le coiffeur « . (P. Sintzen)

Propos recueillis par Pierre Danvoye

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