CHOO BUSINESS

Ken Choo est CEO de Cardiff City FC et managing director de Courtrai. Nous lui avons rendu visite au Pays de Galles.  » Le football ne se résume pas à gagner un match « , dit-il.

Ken Choo en est à sa 2e saison à Cardiff. Sa mission est claire : ramener le club de la capitale galloise en Premier League. Le propriétaire du club, Tan Sri (l’équivalent de ‘Sir’) Vincent Tan, a fait appel à lui après la relégation du club en Football League Championship.  » La descente a signifié une perte de 54 millions d’euros. En cas de promotion, nos rentrées s’élèveront à 150 millions. Nous pourrons en consacrer quelques-uns à l’académie de Courtrai « , dit Choo.

UNE ÉNERGIE POSITIVE

Il nous pilote à travers le club et le stade, d’une capacité de 33.000 places, dont Vincent Tan est propriétaire depuis mai 2012. C’est un monde complètement différent de celui de Courtrai et de son vieux stade des Eperons d’Or, acquis par le milliardaire thaï au printemps. Mais Courtrai ne doit pas s’attendre à bénéficier d’un nouveau stade de sitôt.  » Ce n’est pas une priorité « , explique Ken Choo.  » Nous voulons d’abord nous atteler à une étude de faisabilité, qui peut durer un an. Entre-temps, nous voulons d’abord stabiliser l’équipe et optimiser l’infrastructure existante. Tout le monde sait comment dépenser 20 ou 30 millions mais encore faut-il créer un retour sur investissement. Nous établissons un plan de business pour tout ce que nous faisons. Pour vous donner une idée, ici, la billetterie et le département commercial rapportent environ treize millions d’euros.  »

Le Cardiff City Stadium est multifonctionnel. Au programme, il y a notamment un concert de Rod Stewart.

 » On y organise également de nombreuses activités commerciales. Le management d’un stade dépasse largement le cadre du football. Nous voulons faire grandir Courtrai mais de manière structurée. Il faut être stable avant de grandir. La première priorité est de faire progresser l’équipe, de stimuler l’esprit de groupe, de résoudre les conflits, de rendre les nouveaux meilleurs, de développer un bon football et de soigner la communication avec la presse et les supporters. Ce sont des petits pas cruciaux pour connaître le succès. Claquer l’argent par les fenêtres n’est pas une solution.  »

Ken Choo est en train de tout étudier, y compris le rapport entre la capacité du stade et la population de la ville.  » Tout doit coller. Il faut compter 30 millions pour un nouveau stade d’une capacité de 15.000 personnes, soit un prix moyen de 2.000 euros par siège. Mais la réalité des dernières saisons, c’est une moyenne de 7.000 spectateurs, dans un stade de 9.340 places. Nous examinons pour l’heure les différentes options pour accroître les possibilités en matière d’hospitalité et de vécu. Nous avons ainsi remarqué qu’en Belgique, il était important de pouvoir dîner avant le match. Nous devons peut-être aménager davantage de loges à Courtrai.  »

UN PLAN DIRECTEUR

Stimuler la croissance n’est pas seulement une question d’argent, insiste Ken Choo.  » Il s’agit aussi de transfert de connaissances et de technologie. Pour être un club à succès, il faut s’intéresser à l’aspect commercial, à l’implication des supporters et au développement des joueurs. Le football ne se limite pas à gagner des matches. Nous voulons aider Courtrai à former des footballeurs, notamment des jeunes Belges de la région. Le mois prochain, le manager des jeunes va venir ici et celui de Cardiff va également passer à Courtrai. Nous planchons ensemble sur un plan directeur. Nous voulons investir dans une structure interne adéquate. Il faut diriger les joueurs, y compris sur les plans médical et mental, se servir de la science du sport, améliorer le logiciel. En première instance, nous consacrons nos moyens à ces aspects. Nous voulons aussi introduire notre système GPS, qui nous permet de mesurer tous les mouvements des joueurs. Tant que la base n’est pas posée, nous ne pouvons entamer aucun autre chantier.  »

Après le manager général Matthias Leterme, le manager marketing et presse Jelle Brulez a également visité Cardiff City FC.  » Pour lui montrer comment nous gérons le site ainsi que les réseaux sociaux, et comment nous avons créé une Cardium City Stadium App  » observe Choo.  » Depuis peu, nous avons également installé un système triple play similaire à ceux utilisés à Manchester City et Chelsea afin de mieux communiquer avec nos fans et renforcer leur propre l’implication. C’est une synergie. Collaborer nous permet de progresser ensemble. Nous avons l’intention de mettre à la disposition des abonnés de Courtrai des deals avantageux pour venir voir jouer Cardiff.  »

UNE VOIE VERS L’ANGLETERRE

 » La manière de communiquer et de traiter les gens est importante « , précise-t-il.  » Chaque être est différent et il faut savoir comment retirer le meilleur de lui.  » Ça vaut également pour son travail à Courtrai, où il séjourne régulièrement. Le management de Courtrai comporte beaucoup d’excellents travailleurs mais c’est une petite organisation. Comme ils ne sont pas nombreux, ils doivent être polyvalents. Ils le sont, de fait. La première année est surtout consacrée à faire connaissance. Ici, je travaille en étroite collaboration avec le coach. Nous nous voyons tous les jours, parfois deux fois. Le staff médical m’envoie un rapport quotidien et le responsable du fitness me tient également au courant. Nous échangeons des informations et des idées.  »

Le plan de Tan ne se limite pas au football. Ken Choo nous fait visiter le House of Sports & le Coaching Excellence Centre dans lequel son patron a investi. Le complexe est proche du Cardiff City Stadium et comporte deux salles multisports. Une troisième est en cours d’aménagement et on n’en restera pas là. On y joue au futsal, au basket, au tennis, au hockey sur glace et au foot pour seniors. L’occupation est maximale jusqu’à 23 heures, relève Choo. En d’autres termes, ces salles répondent à un besoin et elles rapportent, permettant ainsi de réaliser de nouveaux investissements.

Tan vient de reprendre tout le centre athlétique situé de l’autre côté de la rue. Il va y faire construire un stade de football couvert. Il doit être prêt dans un an, au plus tard fin septembre.  » Ici, nous avons trois mois de beau temps. Le reste de l’année, il fait froid « , explique Choo entre deux averses.  » Nous avons donc grand besoin d’infrastructures couvertes. Nos U18, 19 et 20 vont s’entraîner et jouer ici, à l’ombre du Cardiff City Stadium, pour qu’ils se disent : – Wow, dans quelques années, je jouerai là ! Ce sera une source de motivation. Nous voulons leur donner une idée de l’endroit où ils peuvent se retrouver. Pendant la préparation, nous inviterons aussi les meilleurs jeunes Courtraisiens à s’entraîner et à jouer ici, pour qu’ils prennent conscience qu’il y a une voie toute tracée vers l’Angleterre. C’est déjà inscrit dans notre calendrier.  »

UN ENSEMBLE DE SYNERGIES

Synergie. Le mot revient.  » Nous voulons développer tout le secteur. Le business sportif dépasse le cadre d’un stade de football. Nous intégrons en fait le football dans un autre business, lié au sport.  »

Cardiff City FC et Courtrai, stratégiquement situé près de la frontière française, ne sont pas les seuls clubs européens de football de Vincent Tan. Fin 2013, il a acheté le FK Sarajevo, actuel champion. Il y aménage une académie pour former des footballeurs en Bosnie. A la fin de l’année dernière, il s’est intéressé au Los Angeles FC.

 » Mister Tan a apprécié la structure commerciale de la Major League Soccer et a décelé son potentiel. En bon homme d’affaires, il n’a pas hésité « , poursuit Choo.  » Le football est en plein boom en Amérique et va atteindre une énorme dimension. Nous allons entamer la construction d’un stade afin de pouvoir débuter en MLS en 2018.  »

Il invitera également les Courtraisiens sur la côte Ouest des Etats-Unis.  » Naturellement, ils doivent avoir cette chance car ils font partie de la famille.  » Il envisage des synergies entre son club américain et le reste de son réseau.

 » Ne pensez pas « , conclut Ken Choo,  » que Vincent Tan ne sait pas ce qui se passe à Courtrai. Je le tiens constamment au courant, conformément à ses souhaits. Il veut même savoir combien de fois on a tiré au but. A Cardiff, l’entraîneur me fournit un rapport standard de deux pages après chaque match. Tout y est clairement indiqué : la prestation de chaque joueur, le pourcentage de possession du ballon, le nombre de corners, de passes, de tirs au but… Nous voulons introduire le même système à Courtrai.  »

PAR CHRISTIAN VANDENABEELE À CARDIFF – PHOTOS PG

 » Une montée en Premier League porterait nos rentrées à 150 millions d’euros. Nous pourrions en consacrer quelques-uns à l’académie de Courtrai.  » KEN CHOO

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