CHIC ALORS

Pierre Bilic

L’entraîneur des Rouches fait un tabac depuis son retour dans les vestiaires de D1 : quel football prise-t-il pour l’avenir ?

Son palmarès pourrait lui permettre d’être le Janus du football belge. Le dieu romain est représenté avec deux visages orientés dans des sens opposés. Saturne (Luciano D’Onofrio) lui avait offert le don de la double science, le pouvoir de maîtriser le passé et l’avenir, ce qui lui permit d’être une des plus grandes divinités du Panthéon (Perron). Michel Preud’homme (47 ans) a un vécu qui lui est utile dans la recherche du football idéal pour son groupe, du style de jeu qui fera florès demain. Après avoir pris la succession de Johan Boskamp, il a agi dans l’urgence avec son staff. Les affaires courantes ne pouvaient pas attendre car son club filait du mauvais coton dans les caves de la D1. Au-delà du fait de mordre sur sa chique afin de remonter la pente au plus vite au moyen d’une nouvelle gouvernance tactique, il y a du travail et un amour pour le football qui change tous les jours.

Avec Igor De Camargo, votre 4-4-2 ne présente-t-il pas une palette d’atouts offensifs plus complète ?

Michel Preud’homme : Probablement mais avant le retour d’Igor De Camargo, le Standard alignait déjà trois attaquants avec Milan Jovanovic, Sergio Conceiçao et Milan Rapaic. Même s’ils s’expriment d’avantage sur les ailes, ces deux derniers pensent et agissent offensivement. Alors que ce soit avec notre Brésilien ou Sao Pinto en plus, c’est presque un 4-2-4. Je bâtis l’équipe la plus compétitive possible compte tenu de l’effectif qui est à ma disposition. Je recherche les meilleurs équilibres du moment. Quand j’ai repris le groupe en mains, je n’avais qu’un homme de pointe alors qu’ils sont deux pour le moment, Milan Jovanovic et Igor De Camargo avec en plus un jeune, Serhyi Kovalenko, Ali Lukunku qui revient après une blessure et une longue absence ainsi que Hakim Bouchouari. Je n’ai pas de système figé car le groupe bouge et vit ses réalités quotidiennes. Il faut trouver le dénominateur commun, la meilleure occupation de terrain du moment, c’est-à-dire en fonction de nos qualités. Il y a des concepts généraux, un désir d’être offensifs et de jouer haut mais rien n’est rigide : le 4-2-3-1 des Bleus est un 4-3-3 aussi. Dans le c£ur de la ligne médiane, on peut avoir un triangle central avec la pointe vers le haut ou vers le bas en fonction des événements. Tout est agréable à voir : un 3-4-3 est intéressant mais à l’heure actuelle, nous n’avons pas les joueurs qu’il faut pour adopter ce système. En tout état de cause, je recherche l’efficacité. A la limite, je m’en fous un peu de la possession du ballon. Cela ne veut pas dire que la construction est ignorée, pas du tout et notre ligne médiane le prouve mais il faut trouver la verticalité (dans la ligne médiane ou plus en pointe) au bon moment. Dans ce contexte, le Standard doit pouvoir jouer avec deux hommes de pointe complémentaires. Nous avons des armes afin d’attaquer dans l’axe (taille de De Camargo, vitesse de Jovanovic) mais aussi pour émerger sur les ailes (Rapaic, Conceiçao, Miguel Areias, Frédéric Dupré, etc.) ou amener du monde, de la taille (Marouane Fellaini) ou des infiltrations (Karel Geraerts) de la deuxième ligne.

 » Je ne conserverai pas le duo Sarr-Onyewu durant trois ans  »

Après le temps des doutes, la défense et son gardien de but ont pris de l’assurance : était-ce votre première priorité ?

Non car tout est dans tout. Toutes les lignes doivent répondre à l’attente collective qui implique, idéalement, que tout le monde participe à tout en tenant de ses spécificités personnelles. Un arrière doit attaquer et un avant défen-dre quand la situation l’exige. Il y a tout un travail physique, technique et mental avec tout le monde. C’est une énorme gestion quotidienne avec beaucoup de joueurs, y compris le gardien de but. Olivier Renard avance, s’affirme, bosse, développe son acquis avec le réseau défensif. Ce n’est pas un poste facile à occuper au Standard. Le staff abat du bon boulot et, quand c’est nécessaire, je donne mon avis. Au-delà de ce cas spécifique, je suis parti sur les bases de Johan Boskamp tout en y apportant ma gestion des choses. Ceux qui étaient là, le sont toujours. En défense, par exemple, je n’ai apporté qu’un seul correctif : Areias s’est installé au back gauche à la place de Rogerio. Dupré venait de prendre ses marques et de répondre à l’attente à l’arrière droit.

A la place d’Eric Deflandre…

A-t-il évincé Eric Deflandre ? N’est-ce pas ce que vous voulez dire ? Je réponds que ce n’est pas le vrai débat : j’ai 27 joueurs, 11 sur le terrain en match, 7 sur le banc, 9 qui ne sont pas repris. Il y a des choix à faire en fonction de ce qui s’est passé, de l’état de forme, d’une blessure ou d’une suspension. Eric fait partie du noyau comme tout le monde. Tout est temporaire car ce qui est vrai à un moment ne l’est peut-être plus un mois plus tard ou même à la fin de la semaine. Tous les footballeurs savent cela. La presse cherche un peu à foutre le bordel avec Eric Deflandre car tout est tranquille. Eric a du métier à revendre et sait que la roue tourne tout le temps. Je suis satisfait de ce secteur mais il doit plus coacher le reste de l’équipe. Une ligne arrière moderne ne tourne pas autour d’un leader ou d’un joueur plus expérimenté que les autres. Il ne faut pas étiqueter les joueurs. En Hollande, un gamin de 18 ans peut coacher, c’est-à-dire aider un aîné à l’une ou l’autre occasion. En Belgique, cela se fait moins et ma défense est plus réservée dans son expression verbale. Il convient que la communication passe bien entre tous les éléments de ce secteur. Quand cela tourne, il ne faut pas de chef d’un secteur, il suffit de bien transmettre les infos. Les missions sont diverses : verrouillage des couloirs, glissements vers la gauche ou la droite, jeu des couvertures, positionnement face à des adversaires présentant des attaquants dans l’axe, sur les ailes, en décrochage, etc. Ce n’est pas facile d’être défenseur à l’heure actuelle car, quand on a intégré toutes les facettes tactiques de ce travail de récupération, il faut aussi s’imbriquer dans les stratégies offensives.

C’est-à-dire jouer le plus haut possible ?

Exact, c’est un impératif. C’est un secteur qui, chez nous, sera en éternelle construction. On parle beaucoup, et c’est logique, de Mohammed Sarr. Il signe de bonnes prestations et n’a que… 22 ans. Oguchi Onyewu est à peine plus âgé. Leur réussite s’explique par un gros travail. Depuis qu’ils sont à Sclessin, les différents staffs techniques leur ont permis de progresser tous les jours. Cela paye mais je suis aussi conscient que je ne conserverai pas le duo Sarr-Onyewu durant trois ans. L’Américain est très apprécié un peu partout, tout le monde le sait. Sarr dispose aussi d’un potentiel énorme. Il faut se préparer pour le jour où l’un d’eux ne sera plus là.

 » Si Marouane garde sa mentalité, son avenir sera rayonnant  »

Ce sont les bijoux de la défense comme Marouane Fellaini deviendra celui de la ligne médiane. Ne mise-t-il pas trop sur son physique ?

C’est un cliché : Marouane a une bonne protection du ballon qu’il perd rarement. Il est encore en phase de découverte de la D1 tout en se hissant déjà à un niveau très élevé pour son âge. Il y a encore du travail à abattre pour qu’il continue à grandir et à gommer ses petits défauts comme la rapidité de décision. La vitesse devient de plus en plus vitale dans le football moderne. Il faut apprendre à prononcer les mêmes gestes toujours plus vite. Nous en avons eu une démonstration dans le duel entre Chelsea et Barcelone. A notre niveau, ils sont presque tous capables de les réaliser mais il faut le faire à une cadence très élevée. Si Marouane garde sa mentalité, sa modestie et sa force de travail, son avenir sera rayonnant. Karel Geraerts a une faculté extraordinaire de surgir au bon moment de la deuxième ligne. Marouane le fait aussi et cette alternance est intéressante pour nous. Je ne les trouve pas tout à fait différents l’un de l’autre. Fellaini est plus récupérateur que Geraerts mais n’est pas un aspirateur-type comme Siramana Dembele qui répond toujours à mon attente. Marouane peut être aussi profond que Geraerts, dans un autre style, très engagé aussi, mais n’a pas encore le feeling du Diable Rouge. Karel est puissant aussi. C’est un beau duo, intéressant pour l’avenir, et que j’aimerais garder mais je ne vais pas chanter Malbrouck. En tant que directeur technique, j’ai essayé longtemps de convaincre Geraerts. C’est impossible : il faut s’en faire une raison. Je ne sais pas s’il sera encore là en janvier. Ce n’est plus mon problème au niveau de la prolongation ou pas de son contrat. Je ne gère pas ce dossier. Mais cela me concerne en tant qu’entraîneur de cet effectif. Je souhaite le garder jusqu’à la fin de la saison même si le plus important, c’est l’intérêt du club. Et ce n’est pas à moi de définir l’intérêt du club. Geraerts me fait penser à Michael Ballack ou à Steven Gerrard qui ne sont pas non plus de véritables numéros 10 mais qui agissent en profondeur au départ de la ligne médiane. Ils portent le danger dans le camp adverse tout en sachant défendre. Ces joueurs conviennent dans l’axe. C’est un jumelage intéressant mais il y a d’autres duos qui peuvent répondre à l’attente avec un distributeur plus classique et un récupérateur.

Steven Defour est resté remarquablement calme alors que des bandits ont mis le feu à la voiture de son beau-père. Il a du talent à revendre mais cherche encore sa vraie place. Le jour où Karel Geraerts quittera le Standard, un duo Marouane Fellaini-Steven Defour ne ferait-il pas les beaux jours de l’équipe ?

C’est une solution. Steven Defour a le potentiel nécessaire afin de jouer au centre de la ligne médiane, en soutien d’attaque ou sur les flancs mais plus à gauche qu’à droite afin de mettre son opposant sur son mauvais pied. Il peut y devenir un très grand distributeur de jeu tout en assumant sa part de travail défensif. Sergio Conceiçao, Sa Pinto et Milan Rapaic organisent le jeu au départ de leur couloir qu’ils quittent parfois pour rentrer dans l’axe, gardent le ballon, osent le demander sans cesse même quand cela chauffe. Ce sont des exemples pour les jeunes. Sergio est un capitaine unique qui transmet les richesses de son vécu aux jeunes. Sa Pinto le fait aussi : c’est un énorme compétiteur. Steven est un travailleur. Il a géré d’une manière extraordinaire des moments difficiles : son transfert, le match à Genk, etc. A son âge, c’est remarquable. Il doit avoir de la patience, ne pas trop attendre de lui-même, ne pas songer à cette étiquette de super talent du football belge, etc. Petit à petit, on va construire quelque chose pour le futur et lui donner un rôle bien déterminé. Les atouts ne manquent pas dans la ligne médiane et je songe aussi à d’autres jeunes : Yanis Papassarantis, Axel Witsel qui sera titulaire un jour au Standard, etc. Junior est là aussi et il travaille très bien à l’entraînement. Mustapha Oussalah pourra résoudre pas mal de problèmes sur le flanc gauche dans le futur.

 » Jovanovic et De Camargo sont évidemment complémentaires  »

Milan Jovanovic n’est-il pas aussi une des très bonnes surprises de la saison au Standard ? Quel beau duo ne forme-t-il pas avec Igor De Camargo ?

Oui. Milan Jovanovic fait mal par sa vitesse, sa technique, son désir de s’exprimer en profondeur. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec lui. Il avait ses jaillissements mais avant le match à Beveren, il n’aurait pas songé à offrir le ballon à Steven Defour qui a inscrit notre deuxième but. Milan commence à jouer plus collectivement. Ce n’est pas sa plus grande force mais il s’améliore. On nous l’avait présenté comme milieu gauche mais à Hannut, en match amical, Milan m’avait bien plu par son explosivité. Je l’ai dit à Luciano D’Onofrio et nous n’avons pas tardé à constater qu’il est plus dangereux en pointe que sur le flanc gauche. La deuxième ligne a parfois solutionné nos problèmes offensifs. C’était utile quand il y avait des absents en pointe. Là aussi la donne a changé. Igor De Camargo est revenu mais il vivra encore logiquement des hauts et des bas avant de retrouver toutes ses sensations. Jovanovic et De Camargo sont évidemment complémentaires mais ce ne sont pas nos seules clés. Je peux avancer Sa Pinto, Conceiçao, Defour. Il y a aussi Kovalenko et Hakim Bouchouari qui n’ont pas encore franchi le dernier cap. De Camargo a multiplié nos forces offensives avec, entre autres, son jeu de tête exceptionnel. J’ai un bon effectif. Maintenant, c’est à nous et à chacun de progresser à tous les niveaux. Ainsi, j’aimerais réduire les moments délicats dans le film de nos matches. A Mons, je n’ai pas apprécié le fait d’avoir encaissé deux buts alors que nous avions obtenu deux fois le break. Notre maîtrise des événements ne fut pas à la hauteur. Il y a eu des matches références. Celui contre Anderlecht en est un mais j’avance encore plus celui face à Roulers. Je souhaite voir un Standard qui alterne bien ses armes : liaisons, expressions dans les intervalles, jeu court, recherche de la profondeur, trafic aérien, etc. Une équipe ne peut pas être prévisible sous peine de faciliter le travail de son adversaire. Cette recherche d’équilibres est permanente. Il fut un temps où les arrières prenaient souvent le dessus sur les attaquants. Ce n’est plus le cas et on vit la fin d’un cycle. Les attaquants se sont métamorphosés dans le football moderne. Je citerai un nom : Didier Drogba. Il a tout de la taille en passant par la vitesse, la technique. Il sait rentrer dans le lard et les attaquants se font plus respecter que précédemment.

En tant que joueur, vous avez connu des époques exceptionnelles avec Ernst Happel, Raymond Goethals, Aad de Mos : pouvez-vous situer le Standard actuel par rapport à ces périodes ?

Impossible.

Pourquoi pas ?

Ce sont des générations différentes. Je l’ai déjà dit : tout va plus vite maintenant.

Eric Gerets et Simon Tahamata n’agissaient-ils pas vite ?

Oui mais le jeu actuel est encore plus rapide.

Ce qui signifie que cette génération ne serait pas à la page en 2006 ?

Je n’ai pas dit cela. Elle se serait entraînée comme on le fait actuellement. Mais une équipe d’il y a 20 ans, avec son jeu et son travail de l’époque, ne ferait pas le poids au top actuel.

J’insiste : l’équipe de Raymond Goethals, c’était quand même la crème du meilleur des capuccinos, n’est-ce pas ?

En fait, c’était le résultat du travail de deux grands techniciens. Ernst Happel a mis le train sur les rails. Il y a eu excès car le message n’était pas totalement intégré ou compris. Je me souviens d’une défaite 3-0 à Berchem où je me suis parfois retrouvé, suite à un contre, avec trois adversaires devant moi. Le Standard ne songeait qu’à attaquer. Quand Raymond Goethals est arrivé en 1981, il a débarqué avec quelques joueurs. L’organisation goethalsienne nous a permis de trouver le bon équilibre entre l’amour du jeu offensif et le soin à apporter aux réalités défensives. Mais il y avait aussi des internationaux que les clubs belges ne peuvent plus se payer ou garder. Malines, c’était différent. Aad de Mos avait tout organisé impeccablement jusque dans les moin-dres détails. C’était un bloc et l’abnégation de tous était remarquable. Il était quasiment impossible de nous marquer un but et, au début, nous n’étions pas obligés de jouer autrement. On n’aurait peut-être pas accepté que le Standard, Anderlecht ou Bruges évoluent de cette façon-là. A la limite, au début de sa grande aventure, Malines n’était pas bien considéré. Aad de Mos s’en moquait et disait : -Le spectacle, on y pensera quand on aura gagné quelque chose. Avec Pol Demesmaeker ou Piet Den Boer, Alain Denil ou Erwin Koeman, on gagnait souvent 1-0. Cette équipe n’avait pas de Conceiçao, Rapaic, Sa Pinto, De Camargo, Defour mais elle possédait d’autres qualités qui ont permis de construire un bon collectif. C’était le début de Malines qui a ensuite grandi, empoché la Coupe de Belgique, la Coupe des Coupes, le titre en Belgique, des Souliers d’Or. Malines a fait preuve de brio contre l’AC Milan, le PSV Eindhoven, Ajax et la Sampdoria. Malines a progressivement évolué avec Bruno Versavel, Marc Wilmots, Philippe Albert, etc. Cela s’est fait en préservant son style.

 » Sans Luciano D’Onofrio, Conceiçao, Rapaic et Sa Pinto ne seraient pas venus à Sclessin  »

Pourquoi Malines a-t-il atteint les cimes européennes alors que c’est dé-sormais impossible pour les clubs belges ?

Il y a un grand problème.

Lequel ?

Oui, on pourrait y arriver, revivre la même chose. Il y a un si… Si un coach avait la possibilité de garder son groupe pendant trois ou quatre ans, ce serait possible. Avec deux retouches par saison, on peut avancer et grandir. Le Standard de Happel-Goethals ou le Malines de De Mos ont eu le temps de grandir, de travailler avec des joueurs qui sont devenus internationaux sous leur direction, de trouver de très bons renforts étrangers. Chez nous, sans les relations de Luciano D’Onofrio, Conceiçao, Rapaic et Sa Pinto ne seraient pas venus à Sclessin. Quand un joueur perce, il reçoit tout de suite de offres irrésistibles de l’étranger. Cette réalité économique concerne tous les clubs belges. Qu’on ne demande pas aux coaches belges de gagner une Coupe d’Europe sauf s’ils gardent la même équipe durant quatre ans. L’atout des jeunes ? Cela comptera de plus en plus et cela explique le formidable effort du Standard à travers l’Académie Robert Louis-Dreyfus. Une promesse du cru s’adapte plus vite qu’un joueur étranger.

Vous êtes revenus dans les bonnes roues de D1…

Oui mais quand Michael Schumacher ratait son départ en Formule 1, il remontait vite jusqu’aux plus forts puis cela devenait délicat, difficile. Anderlecht et Bruges ont de gros moteurs et une belle écurie. On dit que Genk a de la chance. Je ne suis pas d’accord : quand on est à ce niveau, ce n’est pas par hasard.

PIERRE BILIC

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