Cherche coach m/f

La fédération a un nouveau directeur commercial mais toujours pas d’entraîneur national valable.

Les chasseurs de têtes mettent parfois un temps fou avant de trouver l’homme de la situation pour l’un ou l’autre de leurs clients. L’Union Belge doit s’adresser à eux dès maintenant, quitte à rédiger au plus vite la petite annonce qui lui permettra de recruter un nouveau guide de l’équipe nationale, du type : Cherche coach m/f, capable de diriger l’équipe nationale immédiatement et pendant la campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2010. Expérience avec les Espoirs souhaitée afin de préparer les Jeux Olympiques. Relations dans le monde des affaires non requises.

Jean-Marie Philips, le nouveau directeur général (CEO), attache beaucoup d’importance à l’élégance (c’est normal) et prône le port de la cravate, du costume, etc. Pour lui, tout le monde doit passer chez le tailleur. Le brave homme ne mesure peut-être pas assez que son équipe nationale n’a aucune allure… Dépenaillée, c’est elle qui doit être habillée en premier lieu car sa garde-robe date d’une autre époque. Les Diables Rouges espéraient trouver de quoi se vêtir pour l’hiver lors de leur voyage au Kazakhstan mais en sont revenus tout nus ; ils n’auront obtenu que 2 points sur 6 contre les cavaliers de la steppe. Après le succès acquis face à la Serbie à Bruxelles (3-2), un grand sourire avait fleuri sur toutes les lèvres. La fin de ce match avait cependant été marquée par une énorme erreur de stratégie du coach fédéral. Il avait retiré un attaquant afin de meubler son entrejeu et cela a permis aux arrières serbes d’avancer d’un cran. La pression augmenta sur la défense belge qui tint cependant la route.

Tout le monde nota ce comportement d’un autre âge. René Vandereycken avait-il retenu la leçon en vue du voyage au Kazakhstan ? On l’a cru durant les 45 premières minutes d’une première mi-temps de haut vol. C’était un délice avec un excellent Steven Defour, un Karel Geraerts dynamique et surtout un Kevin Mirallas de derrière les fagots. Il n’y en avait que pour les jeunes Belges avec deux très beaux buts à la clef. A la 13e minute, Geraerts est sorti de la deuxième ligne pour exploiter un magnifique service de la tête de Mirallas. L’attaquant de Lille était sur son nuage. Mobile, excellent balle au pied, collectif et inventif, il percuta deux fois le cadre avant de doubler la marque à la 24e minute sur passe décisive de Defour. La Belgique était dans le bon.

Mirallas n’était pas fatigué

Avec un zeste de chance, la différence aurait pu être plus importante. En gros, cette formation était semblable à celle qui avait pris la mesure de la Serbie avec Marouane Fellaini à la place de Gaby Mudingayi, forfait. A 0-2, les Diables Rouges maîtrisaient parfaitement leur sujet. Le but de Dmitryi Byakov à la 39e minute modifia la donne aux yeux du coach belge. A partir de ce moment-là, tout fut différent. Le recul défensif l’emporta sur le désir offensif. Après la pause, la Belgique présenta même un tout autre visage.

Si ce n’était pas le désir de VDE, qu’est-ce que le coach fédéral a pu raconter à ses troupes durant le quart d’heure de repos ? Il fallait s’attendre à un Kazakhstan plus tonique et entreprenant. Comment contenir les ruades adverses ? En maintenant les deux attaquants qui avaient affolé la défense adverse durant la première mi-temps ? Mais non, le coach national avait sa petite idée. Moussa Dembele glissa de plus en plus vers la gauche. En deuxième mi-temps, Mirallas devint l’attaquant des grandes solitudes, un Gengis Khan privé de son cheval.

Les ballons qui lui étaient destinés venaient du bout du monde. Mirallas n’était plus ravitaillé et la Belgique s’absenta du rectangle adverse. Le comble fut atteint à la 63e. Le Lillois céda sa place à un joueur qui prit place dans la ligne médiane : Jan Vertonghen. Mirallas était-il fatigué comme le  » fédéral  » l’affirma pour expliquer son  » coup tactique  » ? Non : l’étoile du nord estimait avoir de bonnes jambes au moment de quitter le terrain.

Après le caviar de la première mi-temps, on a ensuite eu droit à un brouet. La pression adverse devint de plus en plus forte face à des Belges peureux et peu agressifs. Le Kazakhstan jouait avec ses armes : la vitesse, le pressing, le courage, la foi, l’ambition, etc. L’égalisation n’était que logique. Vandereycken estima que Fellaini n’avait pas commis de faute sur le penalty accordé au Kazakhstan. Les images de la télévision ont prouvé le contraire. Cette phase de jeu n’explique pas tout. La Belgique a certes une mauvaise défense (-15 buts en 10 matches, seul le Kazakhstan a fait mieux : -16) mais le renversement de situation s’explique autrement.

Il est d’abord à mettre au passif du coach belge qui a misé de toute évidence sur un repli stratégique. René Vandereycken avait la réputation d’être un tacticien hors pair. Son échec face à un adversaire kazakh largement à la portée des Diables Rouges a écorné pour de bon cette réputation. Quand on mène 0-2 à l’extérieur, on ne permet pas à son adversaire de revenir. Où est la petite annonce ? Est-ce que Jean-François de Sart l’a lue ?

par pierre bilic – photos : reuters

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