Château Margaux et déco d’intérieur

Vous avez vécu au centre de formation de Nice dès 14 ans. éa doit être dur?

Eric Joly (30 ans): Oui, j’étais à 1.200 km de mes parents car on est du Nord. J »ai dû m’assumer. éa m’a trempé le caractère. Les copains et moi nous sommes serrés les coudes. J’ai rapidement compris l’importance d’un groupe pour réussir. Quand on est soudé, on soulève des montagnes. Avec un minimum de talent aussi, évidemment.

Mais une fois pro, vous avez connu des moments très difficiles à Pau puis à Alost.

Nous en avons brûlé des cierges à Lourdes! J’étais en début de carrière à Pau, je n’avais pas encore d’économies et sur 24 mois, je n’en ai touché que 13. J’ai cru que je ne réussirais pas. Un petit club m’a proposé un emploi de concierge, un emploi à vie. Après trois semaines de réflexion, je ne savais toujours pas quoi faire. J’ai finalement persévéré en football et j’ai fini par connaître la D1 à Courtrai. Cette remontée a été une grande victoire. Isabelle y est pour beaucoup. A Alost, j’ai consenti un sacrifice financier, même si La Gantoise continuait à me payer, mais je voulais me relancer. C’était une question d’honneur. Je suis fier et idéaliste, oui. A Alost, j’étais en porte-à-faux car j’étais le seul footballeur payé. J’aime être un leader mais que pouvais-je dire lors des réunions des joueurs?… Je me sentais mal vis-à-vis des autres. Mais c’est un bon petit club sympa.

Avez-vous un rêve?

Je dis bien un rêve: jouer en Espagne. Je suis un joueur latin et le football est plus ouvert qu’en Italie. Je ne me vois pas en Angleterre, même si ça rapprocherait Isabelle de sa soeur. Elle vit en Ecosse depuis quatre ans et s’y plaît.

Avez-vous constaté des différences entre la Wallonie et la Flandre?

La Flandre a l’air plus prospère. La Wallonie est plus ouvrière, et certainement Mons, mais ça me convient. Ma famille compte des ouvriers et je sais qu’il ne faut pas les décevoir. Ils aiment qu’on mouille son maillot pour le club de leur coeur. Isabelle adore Bruges.

Avez-vous toujours eu des longs cheveux?

Oui. Je les ai coupés à Gand quand ça n’allait pas. C’était psychologique, mais je me sentais bizarre. Je les coupe tous les trois ou quatre ans, selon la folie du moment. En fait, je ne me vois pas sans des longs cheveux, même si j’aime les costumes-cravates.

Le vin est-il une passion?

Oui. Je la tiens sans doute de mon père. Je suis plutôt vin rouge. Je me suis fait une petite cave. J’aime déguster une bonne bouteille le dimanche, si possible avec un bon repas. Isabelle est un cordon bleu, elle adore d’ailleurs inviter des gens, mais quand elle n’a pas envie de cuisiner, nous sortons. Récemment, elle m’a préparé des tagliatelles aux noix de St-Jacques et au saumon. J’aime le Château Margaux et le Pommerol. Plus tard, nous aimerions racheter une vieille fermette et la rénover pour y installer un restaurant et une taverne, peut-être quelques chambres. Nous allons chercher, en France et en Belgique. En fait, je suis plus connu en Belgique.

Etes-vous bricoleur?

Non. Je dirigerais plutôt les travaux! Quand j’ai un problème, j’appelle mon beau-père. J’ai monté les meubles de mes filles (Julie a neuf ans et Eva deux) pour montrer que j’en étais capable mais c’est tout. Je ne fais pas grand-chose à la maison: je débarrasse la table, je fais le café et je m’occupe des enfants. Je dois quand même faire attention car je les énerve en jouant avec elles et elles ne parviennent pas à s’endormir. Or, je rentre souvent tard. Au Touquet, où nous avons un appartement, je me promène avec elles, je les emmène à la piscine… Nous commençons à nous intéresser à l’informatique. Les enfants en ont besoin. Julie est déjà bien lancée. Elle a un an d’avance à l’école. La réussite scolaire est très importante pour nous.

Quels sont vos loisirs?

Les enfants. Le shopping, mais je n’en ai guère le temps car je rentre tard en début de semaine et à partir du mercredi, je ne sors guère, pour préparer mes matches. J’aime la musique. En fin de soirée, il m’arrive de pousser la chansonnette, une bouteille d’eau en guise de guitare! J’aime chanter. Les filles aussi. J’écoute les tendances du moment. J’aime la musique espagnole et la française, parce que je comprends les paroles et que je peux chanter.

Ville ou nature?

Nature et montagne plus que mer. Nous sommes allés en vacances d’hiver. Je ne peux pas encore skier mais ça m’a plu quand même: le paysage, l’ambiance, la raclette, la tartiflette… mais je ne pourrais habiter là toute l’année. J’ai besoin de la ville. Je préfère aussi le Nord au Sud: les gens y sont plus chaleureux, au fond d’eux-mêmes. La Belgique est semblable au Nord de la France. Je l’aime.

Quels sont les qualités et défauts d’Isabelle?

J’aime sa gentillesse, sa façon d’être, tout. Nous nous comprenons d’un regard. Elle est une mère exemplaire, peut-être trop. Elle m’a soutenu dans les moments difficiles, en me laissant libre de mes choix. Elle se stresse pour un rien et elle est trop gentille, au point de s’effacer devant les autres. Elle n’hésitera pas à chambouler un rendez-vous pour rendre service à quelqu’un.

Comment avez-vous fait la connaissance d’Eric?

Isabelle Konieczny (33 ans): Au mariage de mon frère. Le père d’Eric était son entraîneur et il l’avait invité au vin d’honneur. Comme il n’e pouvait venir, il a envoyé son fils. C’est moi qui l’ai reçu. Il avait 14 ans et demi mais il m’a menti sur son âge, prétendant avoir 18 ans. Il conduisait l’auto de ses parents. Moi, j’avais trois ans de plus. Progressivement, il a rétabli la vérité (elle rit). En fait, il était très mûr pour son âge. Au début, comme il jouait à Nice, je le voyais une fois par mois. En 15 ans, nous avons déménagé à 13 reprises. C’est surtout ennuyeux pour la scolarité de Julie mais ses notes n’en souffrent pas. Par contre, nous n’avons pas trouvé d’école pour Eva. En France, on ne peut pas choisir son école et nous n’aimons pas celle qui était attribuée. L’école de Julie était complète pour les petits. C’est d’ailleurs pour ne pas perturber la scolarité de Julie que nous ne nous sommes pas installés à Gand, lors du transfert d’Eric. Nous sommes restés dans le nord de la France.

Travaillez-vous?

Non, j’aimerais mais je me consacre à l’éducation des enfants. Avec tous ces déménagements, je conserverais difficilement un emploi! J’ai obtenu mon bac professionnel de vente et j’ai travaillé pour la Sécurité sociale. Je devais remplir des formulaires, appeler les ambulances. C’était ennuyeux. J’ai travaillé dans une boutique de jeans. Le week-end, j’ai participé à des défilés mais Eric était jaloux. Il n’aimait pas.

Qui dit déménagement, dit décoration…

J’adore ça! Notre appartement avec vue sur mer au Touquet est petit mais confortable. Je l’ai décoré en bleu et blanc, avec des motifs marins: coquillages, etc. Nous y allons dès que nous avons un jour de congé. Pendant les grandes vacances, j’y emmène les enfants et Eric nous rejoint quand il le peut. J’aime chercher des objets, par exemple des vases pour la salle de bains, des notes féminines. Ici, j’ai privilégié des tons chauds, un peu méditerranéens. J’aimerais un grand loft moderne avec d’immenses baies vitrées.

Assisterez-vous à l’enduro du Touquet?

J’aimerais mais Eric joue, ce jour-là, et seule avec les enfants… Mais je suis sportive. J’ai un vélo d’appartement, je fais de la trottinette avec la petite et j’aime tout ce qui bouge, step, danse, le tout en musique. J’aime suivre les matches d’Eric et je connais les règles du jeu.

Avez-vous d’autres loisirs?

Je suis enfermée à la maison, tant qu’Eva ne va pas à l’école, et j’aime m’occuper de mes filles. J’ai appris à Julie à écrire avant qu’elle n’entre en primaire, nous peignons, nous travaillons de la pâte à modeler… Je regarde Star Academy, Loft Story… Chez le coiffeur, tout le monde en parle! Les filles et moi avons regardé la finale avec une pizza. Eric n’aime pas. Lui, c’est le foot et tous les sports en général. Nous avons trois télévisions.

Et si vous êtes libre?

J’aime les bijoux, la mode, les instituts de beauté. Je m’occupe de moi. J’aime ce qui brille (elle sourit). Je ne sais pas pourquoi. Peut-être aurai-je un diamant pour nos dix ans de mariage en juin? (clin d’oeil). J’aime aussi porter des vêtements différents. Eric est également maniaque. Il ne va pas à l’entraînement en survêtement, contrairement à mon beau-frère, qui joue en Ecosse. Il aime les beaux vêtements et surtout les chaussures italiennes. Il en a des tonnes et il met le prix. Je viens de faire les soldes mais je suis revenue avec la nouvelle collection! Avant, nous allions à Courtrai, dans un magasin pour hommes et femmes. Cette immense boutique confectionnait le costume du club et nous étions invités à des cocktails, des défilés… Comme je connais les goûts d’Eric, j’achète des vêtements pour lui aussi.

Parlez-nous d’Eric…

Il est plein de qualités! Il m’offre souvent des fleurs. (Eric: C’est mon truc pour me faire pardonner quand je suis en retard et du même coup, j’en offre à sa mère si elle est là. Je ne peux pas fleurir l’une et pas l’autre…) Il est romantique. Après la naissance d’Eva, il m’a offert un week-end dans un superbe hôtel de Bruges, pour que je me repose, et s’est occupé des filles. Son gros défaut, c’est le téléphone: ça n’arrête pas et le repas est souvent froid. En auto, impossible de parler: il téléphone, grâce à son oreillette.

Pascale Piérard

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