CHASSE aux stars

Bob Verbeeck organise pour la quatrième et dernière fois le Proximus Diamond à Anvers.

Venus Williams remportera- t-elle la troisième victoire qui lui permettra de gagner définitivement la raquette en diamants d’Anvers ? Peut-être, mais c’est en tout cas sa dernière chance de la recevoir des mains de l’organisateur, Bob Verbeeck.

 » Combiner le tournoi avec la direction d’Octagon-CIS n’est plus possible « , dit-il.  » Les Diamond Games requièrent une attention constante. Leur budget s’élève à quatre millions d’euros. Les exigences de la WTA sont normales : nous sommes passés d’une exhibition entre deux Belges à un événement qui ne cesse de croître.

Est-il difficile de travailler en tennis ?

Bob Verbeeck : Oui. Anvers va accueillir l’élite mondiale mais qui va jouer contre qui et quand ? On ne le sait qu’aux Masters. C’est pour ça que les tribunes sont souvent vides, les premiers jours d’un tournoi WTA. Pourtant, 12.000 personnes ont acheté un billet pour la finale sans savoir qui l’atteindrait. Au début, les gens voulaient voir Justine et Kim contre le reste du monde. Le tournoi récolte toujours du succès alors qu’elles traversent une année difficile. Donc, l’événement a acquis une bonne assise.

Que pensez-vous de la WTA ?

Il faut un allègement du programme. Je viens de l’athlétisme. Là, un mois de repos complet par an est le minimum. Ensuite, on travaille pour atteindre sa forme progressivement. En tennis, on joue les Masters en novembre et l’Open d’Australie commence en janvier.

Les joueuses ne cessent de se plaindre…

Le sport de haut niveau est le métier le plus dur qui soit. Tout tourne autour des entraînements, il faut une discipline incroyable. On sacrifie sa vie sociale, on suit un régime et en plus, il faut du talent. Si vous perdez quelques matches, vous êtes un loser. Moi, je peux commettre quelques erreurs sans que l’entreprise en pâtisse. Je suis impressionné par la façon dont les joueuses gèrent la pression inhérente à leur classement. Jour après jour, elles sont jugées. Une joueuse peut gagner un grand tournoi : si elle est ensuite éliminée au premier tour, on a oublié son exploit.

Chez les dames, la hiérarchie est mieux établie que chez les messieurs.

Il y a cinq ans, une joueuse du top dix était assurée de vaincre une collègue du top 30 mais le niveau ne cesse de croître. Au-delà des chiffres, Kim et Serena Williams sont pour moi les plus douées car elles allient puissance et technique. Serena est numéro un, Kim 48.

Le tennis féminin dépend-il des grands noms ?

Le public veut voir des têtes connues. Jelena Dokic est plus connue qu’Alicia Molik, numéro dix, mais la majorité des spectateurs d’Anvers sont des connaisseurs. Je le sais grâce au courrier que nous recevons û et dont nous tenons compte.

Vous avez dit que ceux qui avaient payé pour le match de Kim seraient remboursés si elle ne venait pas.

Les consommateurs non satisfaits doivent être remboursés. Avec Internet, les gens se manifestent plus qu’avant. J’écoute les signaux qui me parviennent.

Elles ne sont pas capricieuses…

Est-il facile d’attirer des vedettes ?

Nous les cherchons après Wimbledon. Notre filiale américaine représente beaucoup d’athlètes et quelques joueuses, ce qui nous facilite la tâche : Henin, Mauresmo, Dementieva, Molik, plus Kournikova et Hingis.

Sont-elles des divas ?

Nous n’avons jamais reçu de demandes extravagantes. Les joueuses ne sont exigeantes que pour les entraînements sur le Center Court. A celles qui le souhaitent, nous offrons des facilités pour des emplettes ou un bon restaurant. Elles ne font pas de caprices. La presse ne peut se plaindre non plus : les joueuses sont contractuellement obligées de donner une conférence de presse après chaque match. Ce n’est pas le cas dans d’autres sports.

Est-il difficile de travailler avec Lei Clijsters ?

Beaucoup le trouvent, moi pas. D’emblée, un profond respect mutuel nous a unis. Lei est direct, j’aime ça.

Est-ce différent avec l’entourage de Henin ?

Notre relation est d’ordre professionnel, sans les liens d’amitié qui existent avec les Clijsters.

Est-il normal que des joueuses de 20 ans à peine voient leur carrière presque compromise ?

Elles sont sur le terrain à cinq ans. A 12, elles doivent tendre vers l’élite et rejoindre celle-ci à 17. C’est l’histoire de Hingis, Henin, Clijsters et Sharapova. A 24 ans, vous avez déjà tout vu. Combien d’années dure une carrière au plus haut niveau ? Le corps doit tenir dix ans maximum.

Avez-vous essayé de ramener Hingis au tennis ?

Elle envisage de disputer des matches d’exhibition. Si elle m’avait demandé une wild card, je la lui aurais donnée mais elle ne l’a pas fait.

Qui auriez-vous souhaité attirer à Anvers ?

Sharapova… Mais IMG, qui la représente, organise les tournois de Paris et Tokyo et vu son âge, la WTA l’empêche de tout jouer. De toutes façons, elle est tombée malade… J’aime bien Serena Williams aussi. Je suis cependant content qu’Anastasia Myskina soit là : de temps en temps, il faut montrer des nouvelles joueuses.

Ces dernières semaines, vous êtes-vous préoccupé de l’état de Kim ?

Je me soucie plus de sa carrière que de sa présence ici. Tôt ou tard, le tournoi devait tenir sans Kim et Justine. La Belgique compte 900 clubs bien organisés, avec plus de 200.000 membres. Cela doit constituer un bon ferment pour une grande manifestation annuelle, non ?

Pour la première édition, vous deviez accueillir 40.000 personnes pour boucler votre budget. Elles furent 75.000 puis 98.000 et, l’année dernière, 120.000.

Mes espoirs les plus fous ont été dépassés dès la première année. Le mérite en revient à Kim et Justine. Tout sport a besoin de locomotives.

Les prix n’augmentent guère : 25 euros pour les quarts de finale.

Nous restons démocratiques. Une famille avec deux enfants débourse 180 euros pour assister à la finale, sans avoir mangé ni bu. Le sport doit rester à la portée de ceux qui s’y intéressent. Nos spectateurs paient eux-mêmes leur billet et nous sommes le tournoi en salle le plus visité au monde. Si nous continuons à attirer 90.000 personnes en moyenne dans les dix prochaines années, ce sera très bien. C’est possible, à condition d’attirer l’élite mondiale chaque année.

Comment ?

Octagon organise Anvers, Hasselt mais aussi Zurich, Moscou, Luxembourg et est représenté au conseil d’administration de la WTA. Nous y sommes pris au sérieux.

Le contrôle effectué à Charleroi a suscité pas mal de remous.

Pour moi, il faut appliquer la tolérance zéro pour toute forme de dopage. Sans cette tolérance zéro, le sport perd son aspect éducatif. On n’a pas besoin d’un autre cas Pantani. C’est à l’entourage des athlètes qu’il faut s’en prendre, par exemple en retirant son droit d’exercer pendant un an ou deux à un médecin qui a prescrit des produits dopants.

Etes-vous aussi sévère pour les joueuses ?

Je trouve normal qu’elles soient contrôlées. Nous travaillons avec la Communauté flamande. L’année dernière, il y a eu 50 contrôles ici, sans résultat positif. Le sport se purifie.

Geert Foutré

 » Les joueuses sont jugées JOUR APRèS JOUR « 

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