Charly-la-foudre, 100 % carolo…

 » C’est avec un maillot des Zèbres déposé sur le cercueil que Charly Jacobs (64 ans, 21 juillet 1948-9 janvier 2013) est parti la semaine passée vers sa dernière demeure. J’ai été ému en apprenant qu’une photo de ce grand buteur, emporté par une crise cardiaque, surmontait le cercueil durant la cérémonie d’adieu : Charly en Diable Rouge. Il a pris part à 30 ans à son seul match international : Autriche-Belgique (0-0 le 2 mai 1979). Charly était en plein boum, avait signé un match de légende le 2 avril de cette année-là contre Anderlecht (4-1, deux buts, un assist) et savait que cette sélection constituait une récompense mais aussi un dépannage car Guy Thys était à court d’attaquants de pointe. Même s’il en resté là en tant que Diable Rouge, le bon Charly était fier à juste titre d’avoir représenté son pays sur la scène internationale.

Son chemin vers le top n’a pas été facile. Tout commence dans la cour d’un orphelinat. Il a narré ses aventures dans le livre que Pierre Danvoye consacra aux 100 ans du Sporting de Charleroi en 2004.  » Je shootais dans tout ce qui bougeait : des cannettes, des cailloux, des boîtes en carton. Un peintre en bâtiment, qui était là pour des travaux d’entretien, a remarqué que j’avais une bonne pêche. Il m’a proposé de m’affilier à l’Olympic. Il a fallu demander l’accord du juge et de la soeur supérieure : ça a marché, heureusement. Et j’ai ainsi fait toutes mes classes à la Neuville. J’ai été champion de Belgique en Juniors UEFA avec les Dogues. Chaque saison, je marquais des tonnes de buts. Mais on s’obstinait à ne pas me donner une chance en Première. Alors, je suis parti à La Louvière, à 18 ans. Là-bas, j’ai été meilleur buteur quatre années de suite : en Promotion, en D3 et en D2. J’ai mis 87 buts avec les Loups ! Et j’y ai rencontré un type phénoménal : René Delchambre, qui était joueur entraîneur. Nous montions sur le terrain d’entraînement une heure avant les autres pour des shoots dans tous les angles et des reprises de volée. Il a achevé de me façonner. René, c’est le père que je n’ai jamais eu.  »

Tout comme ses quatre soeurs, Charly a été marqué au fer rouge par la séparation de ses parents alors qu’il n’avait que huit ans. Accroché au grillage, son père essaya de le revoir, criait son nom durant les matches au Mambourg : Charly l’entendait mais ne s’est jamais retourné.  » Je ne pouvais pas lui pardonner ce qu’il m’avait fait « , dit-il. Après avoir marqué des paquets de buts au Tivoli (1968-72), Charly en fit autant pour le compte des Zèbres, que ce soit en D2 ou parmi l’élite (183 matches et 57 buts en D1 de 1974 à 80). La puissance de feu de cet attaquant de pointe 100 % carolo était phénoménale.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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