Charleroi : si McCormack savait ça !

M ark McCormack est décédé la semaine dernière après un coma de quelques mois. Le plus grand manager sportif de l’histoire (l ‘International Management Group, c’était lui) n’a donc pas assisté à l’une des défaites de son empire : la décision de Patrick Proisy (l’ex-champion de tennis français devenu l’un des hommes de confiance de McCormack) d’arrêter les frais à Strasbourg. IMG était devenu propriétaire et administrateur du club de foot.

Une anecdote qui rappelle l’idée d’IMG de pénétrer le marché des transferts footballistiques il y a une dizaine d’années comme agent de joueurs. Après une étude approfondie, la réponse claqua : – Non.  » C’est un milieu trop opaque… pour ne pas dire plus « , nous confia alors Eric Drossart, l’ancien champion de tennis belge devenu l’un des leaders mondiaux du groupe. Des volontés de gérer les affaires de la FIFA se terminèrent de la même manière mais, même prévenu de la difficulté de réaliser de bonnes affaires sportives dans le football, IMG s’était donc investi dans Strasbourg avant de se désengager totalement il y a peu. Preuve définitive que le premier sport mondial reste le plus difficile à appréhender sur le plan financier.

Certes, les exemples de continuité existent à l’étranger comme en Belgique. Mais les tremblements de terre se poursuivent. Le plus récent concerne le Sporting de Charleroi.

A l’arrivée d’ Abbas Bayat au club et à la fondation de la nouvelle société anonyme en juillet 2000, on cultiva pas mal d’espoirs. Mais la semaine dernière, le président du Tribunal du Commerce de Charleroi Jean-Philippe Lebeau (saisi par l’ONSS qui voulait la mise en faillite du club), a parlé d’une dette carolo de huit millions d’euros en décidant – quand même – de surseoir à la mise en faillite éventuelle pour deux mois. Selon le magistrat, le club pourrait, d’ici là, donner la preuve de nouvelles ressources. Mais selon nos informations, le Sporting de Charleroi doit plutôt affronter un trou de 11 millions d’euros.

Cependant, la décision de la Commission des Licences de l’Union Belge d’accorder ou non son passe-droit aux Zèbres pour la saison prochaine ne change rien à l’affaire… La nouvelle direction carolo a certainement trouvé des cadavres dans les placards, mais a continué à creuser la dette et elle doit l’affronter, en D1 ou en D3.

Bien sûr, le club a la ville la plus sportive de Belgique derrière elle : un des plus beaux stades du pays, des équipes au top en fustal, basket, tennis de table et une volonté avérée de choisir le sport comme image de marque.  » Je voulais une université « , nous a dit un jour le bourgmestre Jean-Claude Van Cauwenberghe,  » Mais on n’a pas pu… Le sport était une deuxième option de choix « .

Il ne faut donc pas compter sur la Ville pour mettre le club dans le rouge, au contraire. Après avoir cautionné un emprunt de cinq millions d’euros à l’arrivée de Bayat, elle a fait de même dans l’urgence récemment, pour un peu plus de deux millions d’euros.

A l’inverse de La Louvière ou Mons, où les résultats de football font partie d’une vie sportive bien moins exacerbée, Charleroi ne se voit pas sans club de D1. On imagine donc les leviers mis en £uvre pour que les Zèbres ne soient pas rayés de la carte. Et le contrôle auquel un Abbas Bayat, – considéré comme un des hommes d’affaires les plus performants du royaume -est soumis. La Ville a applaudi son arrivée comme celle d’ Enzo Scifo à l’époque, mais l’ex-joueur est parti et l’homme d’affaires fait tout ce qu’il peut pour que son club ne soit pas au bout du rouleau.

A l’heure où on reparle de fusions dans le Hainaut, on ne peut manquer de souligner à quel point tous ces problèmes donnent également si faussement l’impression de pouvoir se résoudre vite. Comme si un plan abouti pouvait sortir de terre avant le 31 de ce mois, comme l’exige l’Union Belge. Quelle hérésie !

Mais entre fusion Loch Ness et licence élastique, on se demande combien des quatre clubs hennuyers présents cette saison en D1 (un record !) y joueront encore dans 12 mois.

par John Baete

4 clubs hennuyers entre fusion Loch Ness et licence élastique.

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