CHARLEROI EN BOURSE: SCEPTICISME

Les spécialistes de la Bourse se posent des questions.

« Je veux montrer que le Sporting de Charleroi est un club dynamique »: Abbas Bayat a toujours une idée d’avance quand il s’agit de moderniser le football belge. Le président des Zèbres le démontre une nouvelle fois en annonçant l’entrée du Sporting en Bourse. Son but est double: augmenter le capital du club et poursuivre son assainissement financier.

Bayat a choisi d’introduire l’action du Sporting sur le marché libre de Paris, moins strict que le nôtre au niveau des conditions d’admission. Il a confié le dossier à un bureau de l’Hexagone, Europe Finance et Industrie (EFI). Celui-ci a déjà procédé à plus de 250 introductions en Bourse, dont celle du Groupe Darmon dont on ne conserve pas de merveilleux souvenirs à Charleroi. Darmon avait autrefois installé au Mambourg deux délégués censés amener des cohortes de nouveaux sponsors, mais ce fut un fiasco complet.

Les têtes pensantes d’EFI estiment que c’est le moment de faire du Sporting le premier club belge coté en Bourse: « C’est quand la Bourse est au plus bas qu’il faut se lancer. Et pas quand le climat boursier est euphorique. Nous avons introduit une dizaine d’entreprises depuis le début du mois de septembre et elles ont pris un excellent départ ».

Des spécialistes belges de la Bourse sont toutefois moins optimistes. Pour eux, deux éléments ne plaident pas en faveur de cette introduction: le climat boursier actuel et, surtout, les particularités du monde du football. « Ce n’est pas un hasard si 26 des 31 clubs européens cotés en Bourse ont vu le cours de leur action baisser par rapport à la cote initiale », nous explique Thierry Henrot, analyste financier pour Fortis. « Le grand problème du monde du football, c’est son manque de visibilité. On ne sait jamais prévoir l’évolution économique des clubs à court terme. Les investisseurs sont réticents face à ces incertitudes. Le football a des côtés négatifs et peu sûrs qui font réfléchir: les résultats sportifs ne sont pas prévisibles, il y a le dopage, la corruption, le risque d’assister à des drames dans les tribunes, etc. Tous des éléments non maîtrisables qui peuvent faire chuter le cours de l’action ».

Quant au timing, des spécialistes estiment qu’il est mal choisi. « Je suis très sceptique quand j’entends qu’il est préférable de se lancer en Bourse à une période où la conjoncture est défavorable », conclut Thierry Henrot. (P. Danvoye)

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