» CHARLEROI, c’est la voix du coeur « 

Le nouveau transfert du club zébré nous retrace sa carrière à travers ses choix.

A 32 ans, Karel Geraerts a déjà bien bourlingué. Il a posé ses valises à Charleroi, son deuxième club wallon après le Standard, où il a explosé de 2004 à 2007. Formé à Bruges, lancé dans le bain lors d’un prêt de six mois à Lokeren en 2004, il a retrouvé son club formateur de 2007 à 2011 avant de rallier OHL de 2011 à 2014. International à 20 reprises, principalement sous René Vandereycken, il revient sur sa carrière, de manière ludique en optant pour l’une des deux propositions que nous lui avons soumises.

Charleroi ou Standard ?

 » Je viens seulement d’arriver ici et je dois encore découvrir Charleroi. J’ai toujours dit que ma carrière avait commencé au Standard. C’est là que Michel Preud’homme, Luciano D’Onofrio et Dominique D’Onofrio m’ont pris par la main en me procurant beaucoup de confiance. C’est là que tout a commencé pour moi : mes premiers matches dans un grand club, mes premières rencontres européennes, mes premières sélections. J’ai terminé deux fois à la quatrième place au Soulier d’Or et j’ai vécu de formidables moments. C’est sans doute au Standard que j’ai réalisé mes meilleures saisons, avec les deux années sous Adrie Koster à Bruges et ma deuxième saison à OHL. Mais vous me connaissez : je suis le style de joueur à toujours avoir comme cote 6,5. Jamais 4 mais jamais 8 non plus. Je suis plutôt régulier.  »

 » J’ai vécu une très belle histoire avec le Standard mais c’est Charleroi qui est venu me chercher et m’a donné un contrat. Aujourd’hui, c’est pour cette équipe que je veux tout donner. Je connais la rivalité entre les deux équipes mais pour le moment, on ne m’a encore rien reproché. Toute la ville respire le football ! C’est la deuxième fois que je viens dans un club wallon et je m’y sens de suite chez moi. Je me rappelle que quand j’ai signé au Standard, tout le monde se demandait ce que j’allais y faire. Moi, j’étais persuadé que la mentalité me plairait. Quand j’ai reçu l’opportunité de signer à Charleroi, mes parents et ma femme m’ont tout de suite dit que c’était un club pour moi. Ils me connaissent et savent que je vais me plaire en Wallonie, même si je suis le seul joueur flamand du noyau. Je suis d’ailleurs persuadé que mon style de jeu va être complémentaire de celui des autres joueurs.  »

 » J’ai reçu d’autres offres avant d’opter pour Charleroi mais je suis un homme qui choisit toujours de suivre ce que son coeur lui dicte. Ce que j’ai fait lorsque j’ai signé au Standard, même chose à Bruges alors que j’aurais pu aller à l’étranger. Et ce fut encore le cas avant de signer à Charleroi.  »

 » Charleroi n’a pas une bonne réputation en Flandre mais personne ne se déplace pour voir comment le Sporting travaille. Cela fait un mois que je suis ici et je n’ai pas encore croisé un journaliste flamand venu s’informer. On ne parle de Charleroi que quand des trucs extra-sportifs ont lieu, comme l’histoire des maillots au Lierse. Et du coup, les gens disent – c’est encore à Charleroi que des histoires pareilles se passent. « 

Luciano ou Dominique D’Onofrio ?

 » Je vais répondre Dominique. Il m’a pris dans l’équipe première, m’a donné confiance. Il était souvent critiqué mais à tort, selon moi. Il était très fort tactiquement mais surtout humainement. Il y avait beaucoup de grosses personnalités dans le vestiaire avec Eric Deflandre, Philippe Léonard, Sergio Conceiçao ou Vedran Runje mais Dominique était le patron. Quand ça chauffait, à la mi-temps ou à la fin du match, Dominique n’avait pas peur d’affronter ces joueurs-là. Il ne reculait pas.  »

Sergio Conceiçao ou Milan Rapaic ?

 » Milan Rapaic, tu ne l’entendais pas. Il était très calme. Mais quel pied gauche ! Et il avait une bonne vitesse même si ça ne se voyait pas souvent (Il rit). Je me souviens encore de cette absence de Milan, parti pêcher. Je le vois très bien en train de pêcher : calme, tranquille, en train d’attendre le poisson (Il rit). Avant chaque entraînement, on devait se peser : Milan, il allait vite au sauna faire quelques pompages pour perdre un kilo !  »

 » Sergio, au contraire, c’était le capitaine, le commandant. Il m’a pris sous son aile. Je me souviens d’un entraînement lors duquel j’ai commis un tacle sur sa personne. Je me suis dit – Oulala, ça va chauffer pour moi. Je ne savais plus où me mettre. Il s’est relevé et a crié – C’est bien, Karel, c’est ça que je veux voir, c’est la mentalité dont on a besoin. Et à partir de ce moment, il m’a pris avec lui. Quand on allait manger au restaurant, je ne pouvais pas partir avant lui. De toute façon, comme j’étais toujours avec Eric Deflandre et qu’il ne partait jamais le premier, il n’y avait pas de problèmes (Il rit).  »

Vedran Runje ou Ivica Dragutinovic ?

 » Vedran. C’était aussi un caractère. Il râlait tout le temps. Parfois, on jouait à quatre contre quatre avec des scores de 20 à 18. Il ne supportait pas encaisser un but. Lors de ces exercices, on n’entendait donc plus que lui ! Après la lourde défaite contre Bilbao (1-7), Runje a cassé tout notre vestiaire : les portes, les tables des masseurs ont volé.  »

Jacky Mathijssen ou Adrie Koster ?

 » Adrie Koster. C’est avec lui que j’ai vécu ma meilleure période à Bruges. Avec Mathijssen, ce n’était pas terrible. Il y avait beaucoup de problèmes. On parlait de pommes pourries dans le vestiaire. On avait même sorti le nom de Gaëtan Englebert. Quand on connaît Englebert, on sait bien que ça n’aurait pas pu être une pomme pourrie. C’est quelqu’un de tranquille.  »

 » Normalement, je devais partir après mes deux premières saisons brugeoises. La direction m’avait donné mon bon de sortie. Mais en préparation, Koster voulait d’abord me voir à l’entraînement. Et après la première séance, il m’a dit – Tu ne pars pas. J’ai vraiment grandi sous ses ordres.  »

Gaëtan Englebert ou Jonathan Blondel ?

 » Je les vois encore tous les deux. Sur le terrain, ils ont un style très différent. Blondel ne lâche rien et Englebert va à son rythme. Il est comme cela dans la vie de tous les jours. Jo est calme dans les vestiaires. C’était le spécialiste pour dire – Je n’ai pas envie de m’entraîner mais deux minutes plus tard, il était sur le terrain et y allait à fond.  »

Stijn Stijnen ou Logan Bailly ?

 » Stijnen car c’est un de mes grands amis. On est arrivé ensemble dans le noyau de Bruges. Moi, j’avais 18 ans et lui venait d’être transféré d’Hasselt. On était tous les deux Limbourgeois, on se comprenait.  »

 » C’est un personnage qui suscite beaucoup de controverses mais cela fait partie de son caractère. Il ne joue pas un rôle. Il est comme cela dans la vie quotidienne. Quand tu vas quelque part avec lui, tu sais qu’il peut toujours arriver quelque chose. Comme on le connaît, on sait qu’il faut parfois le calmer. Il est chaud. Aujourd’hui, il est président de Kermt-Hasselt et, il y a trois semaines, il jouait en Coupe de Belgique face à Knokke. J’étais en tribune avec lui et il n’arrêtait pas de crier sur ses joueurs – dégage le ballon, ne chipote pas derrière. Il s’emportait et je devais le calmer. Mais c’est aussi quelqu’un qui se donnait à 100 % pour ses clubs. Même au Beerschot, malgré les problèmes financiers, il a tout donné jusqu’au dernier jour. C’est dommage que sa carrière se soit terminée là. Peut-être a-t-il pâti de sa réputation…  »

Bjorn Ruytinx ou Marvin Ogunjimi ?

 » Marvin Ogunjimi. Ce sont deux mecs avec lesquels je m’entends bien mais je ne comprends toujours pas pourquoi Herman Vermeulen a demandé à Marvin de partir en janvier. Je suis toujours convaincu qu’avec lui dans le groupe, on aurait eu plus de chances de se maintenir. Ruytinx, c’est l’homme du peuple. Il est adulé à Louvain, encore maintenant ! Ce n’est pas l’affaire Ruytinx-Carcela qui a marqué le début de la fin à OHL mais bien les départs d’Ogunjimi et Stefan Gislason en janvier. A partir de ce moment-là, il y a eu beaucoup de bruits de couloir. J’ai côtoyé Ogunjimi six mois et, à l’entraînement, chaque ballon qui venait dans ses pieds terminait dans les buts. C’est un vrai buteur qui n’avait rien perdu de ses sensations. Il est parti juste au moment où il revenait en forme.  »

Lokeren ou OHL ?

 » OHL car j’y ai vécu trois belle saisons. Cependant, je garde un bon souvenir aussi de Lokeren, mes premiers pas en D1 sous Franky Van Der Elst (NDLR : six mois en 2004). J’ai toujours un très bon contact également avec le président Roger Lambrecht.  »

Ronny Van Geneugden ou Felice Mazzu ?

 » J’ai travaillé trois saisons avec RonnyVan Geneugden. J’avais une bonne relation avec lui. Quand j’ai dû quitter Bruges, c’est lui qui m’a téléphoné le 21 août pour me convaincre de rallier Louvain. J’ai découvert un grand tacticien, un caractère sec que j’apprécie et je suis content pour lui qu’il ait rebondi à Waasland-Beveren. A OHL, il a payé les dissensions internes. Tout le noyau pensait qu’on était trop bons pour descendre mais tout doucement, on a glissé vers le fond du classement. On peut dire beaucoup de choses sur ce qui s’est passé les six derniers mois à OHL mais je ne vais pas le faire. J’ai passé trois saisons formidables à Louvain et je n’ai pas envie de salir le club mais je continue à penser que la descente est un gâchis. Les résultats actuels me font plaisir.  »

 » Je ne connaissais pas vraiment Felice Mazzu. Je l’ai découvert avant de signer car Mehdi Bayat voulait absolument que je parle avec lui. Il m’a tout de suite dit ce qu’il attendait de moi et m’a posé quelques questions précises. Il m’a fait très bonne impression. D’ailleurs, j’ai été surpris par l’approche très organisée de Charleroi. Ils ne m’ont pas fait signer un contrat à la va-vite. Ils m’ont testé physiquement – je leur avais dit que j’avais bien travaillé individuellement mais, bon, tout le monde peut dire la même chose (Il rit) – et ont pris la peine de me parler pour m’évoquer le projet, puis ils ont rassemblé des infos sur mon compte (j’ai eu vent de cela). Et ça m’a fait plaisir que ça se déroule de cette façon.  »

Le vestiaire d’OHL ou celui du Standard ?

 » La première saison à OHL était magnifique mais l’ambiance au Standard reste à part. Généralement, quand on va manger en groupe, la plupart des gens s’en vont après le dessert. Pas au Standard où tout le monde restait jusqu’à 2-3 h du matin. Deflandre buvait toujours ses cocktails créés par Wamberto. Tout le monde rigolait.  »

René Vandereycken ou Aimé Anthuenis ?

 » René Vandereycken ! C’est Aimé Anthuenis qui m’a lancé en sélection mais je n’ai été repris que deux fois avec lui. Ma carrière internationale, je la dois à René Vandereycken. Quand j’étais à Bruges et qu’il ne m’avait pas sélectionné, il m’a téléphoné pendant deux heures pour parler de ma situation à Bruges. Il était humain avec nous, s’intéressait à nous. Tout le contraire de l’image qu’il donne dans les médias. Quand je le croise, il prend toujours de mes nouvelles. La fausse perception de lui vient sans doute du fait qu’il croit fermement en ses idées. Il a un côté têtu. Mais il n’est pas le seul. Moi aussi je suis têtu. Je me souviens d’une colère de Michel Preud’homme au Standard qui m’avait apostrophé – Karel, moi je suis têtu mais toi encore plus que moi !  »

 » Quant à Vandereycken, son image négative ne le dérange pas. Il est toujours resté fidèle à ses valeurs et il est heureux. Il ne faut pas oublier qu’il a lancé 70 % des joueurs actuels !  »

 » Malgré les mauvais résultats, je suis content de ma carrière en équipe nationale. Mon fils de six ans a suivi la Coupe du Monde. Il est fou d’Eden Hazard et un jour, il est revenu de l’école en disant – papa, papa, on m’a dit à l’école que tu avais joué pour les Diables Rouges, c’est vrai ? J’ai répondu – oui. Il avait les yeux qui brillaient. Quand tu vois ça, tu peux être fier, non ?  »

La Belgique ou l’étranger ?

 » La Belgique. Je ne regrette pas ma carrière. Grâce à cela, j’ai pu voir grandir mes trois enfants. Je suis très heureux ici. On a un beau pays, même si on a des problèmes d’électricité (Il rit) ! Quand on partait en déplacement européen, on se disait souvent qu’on avait de la chance de vivre en Belgique.  »

 » A un moment, j’étais tellement braqué sur la Bundesliga que j’ai refusé Saint-Etienne, le Celtic ou l’Olympiacos. J’aurais peut-être dû être plus ouvert. Puis, j’ai eu des offres d’Arminia Bielefeld et du Hertha Berlin. Je me souviens qu’Arminia, qui évoluait en Bundesliga à l’époque, m’avait offert un contrat de fou. Je pensais qu’en Allemagne, tout était en or mais j’ai visité les installations et l’appartement et je n’ai pas été séduit. Alors que le contrat était prêt, que je me trouvais en face des dirigeants pour le parapher, j’ai refusé. Je ne le sentais pas. La conférence de presse de présentation était déjà programmée. Pourtant, j’avais prévenu mon agent la veille mais il croyait que j’allais changer d’avis… ce que je n’ai pas fait. Ce fut un moment pénible à passer mais j’ai toujours dit que je faisais mes choix à l’instinct.  »

Maasmechelen ou Bruges ?

 » Maasmechelen. C’est mon terroir… même si je vis aujourd’hui à Bruges. Quand j’ai signé à Louvain, je suis resté à Bruges car mes enfants allaient à l’école là-bas. Et puis la ville est belle mais dès que j’ai le temps, je retourne à Maasmechelen. Et pas au Village, hein !  »

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS: BELGAIMAGE/ FAHY

 » Je suis le style de joueur à toujours avoir un 6,5. Jamais un 4 mais jamais un 8 non plus.  »

 » Avant de monter sur la balance, Milan Rapaic allait vite faire des pompages au sauna pour perdre un kilo.  »

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