Changer quoi?

Contre La Gantoise, Mouscron a affiché d’évidents progrès dans le jeu, mais le résultat est le même.

Mouscron n’avait jamais pris un aussi mauvais départ depuis son accession à la D1. La seule fois où l’Excelsior s’était incliné lors du match d’ouverture (3-2 à Anderlecht en 1999-2000), il avait pris un point à Harelbeke le week-end suivant. Cette fois, le compteur des Hurlus affiche toujours zéro point après deux journées. Des progrès tangibles ont cependant été enregistrés dans la manière. Par rapport à la sortie catastrophique effectuée à Alost, la prestation livrée contre La Gantoise fut d’un niveau très acceptable. Mais le résultat est le même: toujours pas le moindre but inscrit. Paradoxalement, cette constatation est peut-être plus inquiétante après la défaite face aux Buffalos. A Alost, cela avait été archi-mauvais. Le niveau de jeu ne pouvait donc que s’améliorer. Vendredi passé, en revanche, l’Excelsior a fait ce qu’il devait faire, sans obtenir de résultat. Alors, que peut-il faire de plus pour forcer le destin? « Persévérer », rétorque Hugo Broos. « En continuant de la sorte, les points ne devraient plus tarder à garnir notre escarcelle ».

Contre La Gantoise, trois envois ont été renvoyés par le cadre. Mouscron n’aura pas chaque semaine une telle malchance. Mais, ce faisant, Mouscron a aussi affiché ses lacunes. Et, notamment, l’absence d’un véritable finisseur. « Qu’est-ce qu’un véritable finisseur? » se demande Hugo Broos. « La Gantoise n’en possédait pas davantage que nous. Cela n’a pas empêché les Buffalos d’inscrire un but et d’empocher les trois points ».

Une perte de qualité

On ne peut pas masquer la réalité: Mouscron a perdu en qualité au fil des ans. Hugo Broos a beau prétendre que l’objectif du club est de conserver ses meilleurs joueurs, l’Excelsior a de nouveau dû laisser partir son footballeur le plus talentueux. Après Frédéric Pierre en 1999, après Yves Vanderhaeghe et Stefaan Tanghe en 2000, c’est cette fois Nenad Jestrovic qui s’en est allé en laissant un grand vide derrière lui. « On ne pouvait pas le retenir », se défend Broos. « Son salaire ici était le maximum que le club était en mesure de lui offrir ».

L’Excelsior ne pourra jamais retenir les joueurs de toute grande classe. Il conservera des joueurs de bon niveau pour le championnat de Belgique, comme c’est le cas actuellement, mais lorsqu’il y aura un gamin hyper-doué, il quittera le Canonnier comme l’ont fait les autres. Le prochain sera sans doute Jonathan Blondel. Il n’a encore que 17 ans, et avant même qu’il n’ait eu l’occasion de démontrer quoi que ce soit en D1, est déjà courtisé par Manchester United et Schalke 04. Broos avoue lui-même que, si ces clubs souhaitent l’acquérir, Mouscron devra le céder.

A propos d’Hugo Broos: une certaine routine n’est-elle pas en train de s’installer? Les joueurs actuels, surtout ceux qui sont là depuis longtemps, sont-ils encore capables de se sublimer sous sa direction? La question est posée chaque fois qu’ils apparaissent apathiques, comme cela avait été le cas à Alost voici dix jours. On a coutume d’affirmer qu’au bout d’un certain temps, il faut soit changer le coach, soit changer l’équipe. Mouscron n’a fait ni l’un ni l’autre: l’Excelsior a conservé son entraîneur et n’a pratiquement rien modifié à son effectif. Hugo Broos entame sa cinquième saison à Mouscron. Durant cette période, il n’a pratiquement jamais dérogé à son 4-4-2. Il a rarement innové et ses entraînements sont toujours agencés selon les mêmes principes. La continuité peut être à la fois la meilleure et la pire des choses.

Changer l’entraîneur ou changer l’équipe?

Mouscron ne changera pas d’entraîneur, c’est une certitude. Jean-Pierre Detremmerie a une confiance aveugle en Hugo Broos. Il l’avait déjà démontré en 1997-1998, en le maintenant en poste contre vents et marées, alors que l’Excelsior était menacé de relégation. Dans tout autre club que Mouscron, Hugo Broos aurait sans doute été prié de prendre la porte. Sur le long terme, la confiance de Jean-Pierre Detremmerie a été récompensée.

Si Hugo Broos quitte Mouscron, ce sera de son plein gré. A ce propos, beaucoup se sont demandés comment il fallait interpréter la phrase prononcée par l’entraîneur à Alost: « Si les joueurs ont envie de continuer comme cela, ce sera sans moi ». Etait-ce une simple expression liée à la déception ou faut-il en déduire que les prestations livrées par l’Excel auront une incidence sur la réponse qu’Hugo Broos donnera à son président pour la prolongation de son contrat? En septembre, on le saura.

Si l’entraîneur ne change pas, il faut changer les joueurs. Hugo Broos a eu le courage de le faire. Si pas durant la période des transferts, au moins dans la composition de l’équipe. A Alost, il s’était départi de ses réflexes conservateurs et avait effectué trois changements d’un coup après 45 minutes de jeu. Marco Casto, Tonci Martic et Zoran Ban avaient fait les frais d’une première mi-temps catastrophique. Contre La Gantoise aussi, Hugo Broos a fait preuve d’audace dans sa composition. Il a « osé » laisser sur le banc des valeurs sûres comme Tonci Martic et Dejan Mitrovic. L’équipe qu’il a alignée a affiché une grande volonté dès le coup d’envoi. Des jeunes joueurs comme Christophe Grégoire et David Crv, dont on avait pu penser la saison dernière qu’ils n’avaient pas le niveau de la D1, furent parmi les principales satisfactions de la rencontre. L’Excel a, par moments, très bien fait circuler le ballon. Sa domination fut écrasante, comme en atteste les coups de coin: 14-4. Mais, en fin de match, l’équipe est retombée dans ses travers en abusant de longs ballons. Quand on ne trouve pas la solution et que les minutes s’égrènent, on perd le fil de ses idées. Claude Bakadal a aussi livré une prestation encourageante. Il ne lui a manqué que l’essentiel: un but. Zoran Ban, en revanche, n’a toujours pas effacé ses déboires limbourgeois de son esprit. Si Mouscron veut renouer avec la victoire, il lui faudra pourtant retrouver le chemin des filets.

Daniel Devos

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