Changement de rôle

Le Belgo-Marocain est revenu au Canonnier sur base d’un transfert définitif et ne le regrette pas.

En découvrant le calme et la gentillesse de MustaphaOussalah, on a du mal à imaginer comment il a pu, jadis, être viré de La Gantoise après une altercation avec un partenaire. Jamais un mot de travers, jamais une critique à l’égard d’un coéquipier. La page est tournée. Aujourd’hui, il a été transféré définitivement à Mouscron, un club où il avait déjà évolué il y a deux ans sous forme de location avant qu’une fracture tibia-péroné, subie à Lokeren en janvier 2006, ne brise son élan. Avant la visite du Standard, il s’est confié et a levé le voile sur sa personnalité.

Le retour

MustaphaOussalah :  » J’avais d’autres propositions que celle de Mouscron : le Brussels, Bruges, Genk, l’étranger aussi. Celle des Hurlus était la plus correcte et la plus raisonnable. On peut s’étonner que j’aie laissé de côté les propositions de clubs plus huppés, mais Genk, par exemple, me sollicitait pour succéder à SébastienPocognoli à l’arrière gauche. Or, si je voulais quitter le Standard, c’était parce que j’avais envie de jouer au milieu gauche : un poste qui, selon moi, correspond mieux à ma philosophie qui est de courir avec le ballon et de m’infiltrer vers le but adverse. J’aime savoir qu’il y a encore quelqu’un derrière moi, qui me couvre lorsque je monte, afin d’être plus performant devant. Au Standard, je n’ai jamais reçu ma chance comme milieu gauche. Sans doute parce qu’il y avait, à ce poste, des monuments comme SergioConceiçao, MilanRapaic ou RicardoSaPinto. Mouscron me voulait comme milieu gauche et j’avais un bon feeling. Je m’étais senti respecté durant ma première période au Canonnier et j’estimais que c’était le bon moment pour revenir. Je ne regrette pas mon choix. Le club a changé, surtout au niveau de la direction, mais j’ai retrouvé les mêmes valeurs. C’est un peu particulier d’avoir un président qui gère tout depuis l’Espagne, mais le manager général BenoîtRoul effectue un boulot extraordinaire. Il se multiplie pour que tout soit en ordre au niveau du matériel et des conditions d’entraînement. Il n’hésite même pas à offrir des doubles primes lorsqu’il trouve qu’on le mérite. Or, chacun sait que ce sont des gestes que les joueurs apprécient « .

La position

 » J’étais venu pour évoluer comme milieu gauche à Mouscron, mais après avoir essayé différents systèmes de jeu durant la période de préparation – j’ai même parfois été essayé comme… milieu droit – Marc Brys a estimé que le 4-3-3 était le dispositif qui convenait le mieux à l’équipe. Avec raison, je pense. Toujours est-il que j’évolue désormais comme milieu axial, au sein d’un triangle formé également par SteveDugardein et MathieuAssouEkotto. J’ai découvert ma nouvelle position en regardant la disposition des joueurs sur le tableau, lors du déplacement à Saint-Trond. Je n’en avais pas été spécialement averti. J’ai certes, reçu deux ou trois conseils, mais sans plus. Ce rôle me plaît également, mais je ne suis pas encore totalement satisfait de mes prestations. Je devrais tirer davantage au but, par exemple. Je ne me montre pas encore assez menaçant. Pour l’instant, je me contente d’effectuer beaucoup de courses et de créer des espaces pour les autres. Je ne trouve pas encore le bon moment pour m’infiltrer. Le geste du dribbling n’est pas encore parfait non plus. Je suis conscient que je dois apporter davantage. Même si l’équipe dispose déjà de trois attaquants très performants, l’entraîneur attend également des médians qu’ils apportent leur contribution aux offensives. Marc Brys effectue vraiment du bon travail. Il est ambitieux et veut se positionner dans le sillage des grands. Actuellement, on s’y trouve, même s’il y a encore, parfois, certains réglages à effectuer « .

Le Standard

 » Je préfère ne plus trop en parler, même si je reconnais que ce club occupe encore une petite place dans mon c£ur. Je n’oublie pas que c’est sous le maillot rouche que j’ai débuté en D1. TomislavIvic m’a offert ma première titularisation, lors d’un déplacement à Harelbeke, il y a bien longtemps déjà. Je suis content que cela marche cette saison pour mon ancien club et je lui souhaite d’aller jusqu’au bout. Beaucoup de gens affirment que le départ de certaines fortes personnalités a libéré les jeunes. Ces gens ont sans doute raison.

Je suis resté en contact avec SiramanaDembele et je compte reprendre le contact avec MohammedSarr. Lorsque j’aurai l’occasion, je retournerai dans la Cité ardente pour dire bonjour à mes copains, mais ce n’est pas encore le bon moment. Je dois me concentrer sur ma tâche à Mouscron « .

La famille

 » Elle recèle énormément d’importance à mes yeux. Mon père m’a enseigné les vrais principes de l’islam : garder le droit chemin, être respectueux d’autrui, éviter les sorties et l’alcool. Grâce à Dieu, j’ai pu obtenir un bon travail, bien rémunéré, qui me permet d’aider ma famille. Et je ne m’en prive pas. Je me retrempe dans l’ambiance familiale chaque fois que c’est possible. J’ai un grand frère qui est déjà en ménage et père de famille, je viens en deuxième position, j’ai une s£ur de 24 ans et une toute petite s£ur de 6 ans. J’adore lui offrir des cadeaux, son regard plein de tendresse lorsqu’elle les reçoit m’émeut au plus profond de moi-même.

Ma fiancée est Sicilienne, elle me concocte de bons petits plats de chez elle, dont je me délecte. La date du mariage n’est pas encore fixée, mais cela viendra. C’est important pour un musulman d’acquérir une stabilité. Au niveau culinaire, j’apprécie aussi beaucoup les spécialités marocaines et une bonne tasse de thé. Le vrai thé marocain, à la menthe. Je ne suis plus retourné au Maroc depuis trois ou quatre ans, mais je compte y retourner lorsque l’occasion se présentera. La famille de ma mère, malheureusement décédée, est originaire d’Oujda, alors que celle de mon père provient de la région de Rabat « .

La blessure

 » Avoir la santé, c’est ce qu’il y a de plus important dans la vie. J’ai arrêté l’école en 5e secondaire, lorsque j’ai signé un contrat pro. Il fallait choisir, c’était impossible de faire les deux à fond. J’aimais plus le football qu’autre chose et le choix fut vite fait. Je n’ai donc pas mon diplôme d’humanités, et j’aurais pu le regretter lorsque j’ai été victime de cette fracture tibia-péroné, en janvier 2006. Là, j’ai compris qu’un footballeur n’était jamais à l’abri d’un accident et je me suis mis à regarder les possibilités qui s’offraient à moi pour suivre une formation complémentaire, mais je ne suis pas inscrit.

J’ai vécu la période la plus sombre de ma vie. Il y avait l’incertitude sur l’avenir, mais aussi la douleur physique, intense. Ma blessure a mis du temps à guérir. Je suis resté sur la touche pendant une année entière. J’ai dû repasser sur le billard une deuxième fois. Après cinq mois, lorsque je suis retourné au Standard, les radios ont révélé que les os ne se reconsolidaient pas. Lorsque le Docteur Popovic m’a dit qu’il faudrait me réopérer, j’ai sursauté. Je ne voulais absolument pas revivre le même chemin de croix une deuxième fois. Mais j’ai bien dû m’y résoudre, et tout s’est alors bien passé. On m’a placé une autre tige – plus petite mais plus large que la première, qui était longue et fine – et aujourd’hui, heureusement, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir « .

par daniel devos – photos: reporters

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