Champagne pour tout le monde ?

John Baete

C’était une saison de fous et on est content de l’avoir vécue. D’un titre de champion disputé jusqu’au bout de façon âpre et qui laissa le Standard exsangue, à la lutte pour la survie sportive ou financière dans le bas du classement ; sans oublier l’éclatement du scandale des matches truqués.

A ce sujet, L’Equipe Magazine consacrait un dossier récapitulatif de l’affaire samedi dernier en apportant deux nouveautés par rapport à nos enquêtes. Un mail de Zheyun Ye nie le fait qu’il ait tenté de violer une femme au Hilton de Bruxelles et affirme qu’il ne sait rien des matches truqués. Il affirme qu’il a seulement voulu investir de l’argent dans le foot belge mais qu’il s’est fait doubler par Pietro Allatta et consorts et a été victime de clichés racistes ( sic). Stéphane Pauwels, lui, charge lourdement Yannick Zambernardi, Laurent Montoya, Fadel Brahami et Mario Espartero (trucages), Filippo Gaone et Laurent Denis (détournement), Silvio Proto et Michel Piersoul (argent noir). C’est le temps des règlements de comptes : l’affaire est loin d’être terminée.

Dimanche soir, trois jours après la fin des 34 journées et alors que certaines décisions ayant trait aux licences devaient encore tomber, le Gala du Footballeur Pro a réuni à Knokke le gratin de la D1. Télévisé en direct dans tout le pays, cette organisation créée il y a presque un quart de siècle à l’initiative de Sport/Foot Magazine continue de distribuer ses oscars aux meilleurs des meilleurs de la saison sur base des votes des vrais professionnels du terrain : les joueurs.

Les choix sont donc toujours les plus adéquats et on doit féliciter Mbark Boussoufa, lutin génial choisi comme Footballeur pro, Jeune Pro et deuxième du prix du Fair Play derrière Pär Zetterberg. Le gardien Vedran Runje, le coach Francky Dury et l’arbitre Paul Allaerts sont tous des choix logiques également. Sergio Conceiçao, Soulier d’Or en janvier, termine à la quatrième place du Footballeur Pro mais tous les votes se sont effectués en avril, alors que l’irascible Portugais venait malheureusement de péter un câble grave contre Zulte Waregem. Logique que ses collègues n’aient pas voté pour lui en masse, dans ces conditions. En ce qui concerne les coaches, Frankie Vercauteren termine à côté du podium, ce qui est rare pour un coach champion. Le titre n’était pas encore attribué au moment du scrutin mais c’est aussi un vote sanction : pour les joueurs, il était clair que la meilleure période des Mauves coïncida avec la fin des atermoiements tactiques du coach. Des joueurs qui ne pensent d’ailleurs pas que Nicolas Frutos a été le sauveur des Mauves. L’Argentin termine septième et un coup d’£il dans nos incontournables statistiques montre que – dans les chif-fres – l’apport de… Nenad Jestrovic a été au moins aussi important. Cela dit, Vercauteren mérite son premier titre de champion et la patience témoignée par son club. Ce n’est pas parce que le gaillard a une carrière exceptionnelle de joueur et une expérience impressionnante d’adjoint qu’on doit s’attendre à ce qu’il ait déjà la vista d’un T1 de haut calibre.

Vercauteren aura 50 ans en octobre prochain, mais il ne comptait jamais qu’une saison complète comme head coach (à Malines en 97-98). Cela étant, il demeure le meilleur choix à son poste pour les champions. Même s’il est tellement identifié au club que tous les supporters sont encore plus exigeants à son égard. Il est l’enfant de la maison, exactement comme Dominique D’Onofrio, au Standard, que certains malotrus ont cru bon de malmener vendredi soir. En oubliant que leur club a participé au grand duel de la saison et s’est qualifié pour la Ligue des Champions en terminant deuxième ! C’est bien de vouloir le meilleur pour ses couleurs, mais il faut également avoir suffisamment d’esprit sportif pour accepter une place qui aurait été accueillie avec bonheur en début de compétition. Et personne d’autre que DD n’aurait été en mesure de gérer le vestiaire du Standard cette saison…

Les semaines qui viennent vont rester chaudes pour les médailles d’or et d’argent. Non seulement par le remplacement obligatoire d’énormément de joueurs, mais également d’éléments du staff. Le jeune retraité Zetterberg a dit qu’il se verrait bien dans un job à la Marc Degryse à Anderlecht, mais il n’en sera rien pour l’heure. Un : la fonction de DT avait été promise à Vercauteren. Deux : le Club Bruges ne possède pas un directeur général aussi impliqué dans le sportif qu’ Herman Van Holsbeeck (il va continuer à se battre pour cham-pagniser son équipe). Mister Z devra se contenter de pur scouting au début de sa reconversion. Et c’est peut-être Boussoufa qui jouera à Degryse sur le terrain mauve, en position de 9,5 ! Au Standard, la structure devrait être bouleversée. On s’attend à ce que DD ne rempile pas (dans ce cas, ce serait tout le banc qui sauterait !) et que Michel Preud’homme laisse vacant son costume de DT. Une chose est sûre : Luciano et son frère tiendront plus que jamais les rênes en main.

john baete

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