Certitudes ébranlées

Pour le LOSC, le double affrontement européen s’inscrit au milieu d’un redoutable triptyque Marseille-Toulouse-PSG en championnat.

Après la qualification sans péril et sans gloire au détriment des Serbes du FK Sevojno, un confrère français demanda à l’entraîneur lillois RudiGarcia :  » Au tour suivant, ce sera encore un club exotique ? »

Le lendemain, c’est le RC Genk qui sortit de l’urne comme adversaire du LOSC. Pour le plus grand bonheur d’ EdenHazard, qui rêvait de rencontrer un club belge dans une compétition officielle. On peut comprendre qu’il n’avait pas trop envie de se farcir un déplacement au Metallurh Donetsk, au Dynamo Moscou, à Kosice ou à Qarabag, les autres adversaires potentiels des Lillois, mais surtout, ce double affrontement avec Genk lui permettra de retrouver son copain DimitriDaeseleire, avec qui il partageait sa chambre lors du Championnat d’Europe 2007 des -17 ans où la Belgique fut demi-finaliste. Il y avait, à l’époque, neuf joueurs de Genk dans la sélection, mais la plupart ont aujourd’hui quitté le stade Fenix.

Pour le reste des Lillois, le club limbourgeois n’évoque pas grand-chose aux Français. Personne ne s’excite vraiment pour cette confrontation dans le Nord. Il y a d’autres priorités pour l’instant et cette Europa League constitue presque une parenthèse dans un calendrier chargé.  » Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit « , avertit Garcia.  » L’objectif est évidemment d’atteindre les poules. Mais ce double affrontement avec Genk prend place au milieu d’un triptyque d’enfer en championnat. On affrontera successivement Marseille ( NDLR : c’était dimanche passé à Montpellier), Toulouse et le PSG. Des matches où il faudra essayer de rattraper les trois points perdus à domicile lors de la journée d’ouverture contre Lorient.  »

Aucun but encaissé en préparation

Ce jour-là, Lille est effectivement retombé de haut. Lors des six matches amicaux disputés en avant-saison, le LOSC n’avait engrangé que des victoires et n’avait pas encore encaissé le moindre but : 2-0 contre Anglet, 1-0 contre Reims, 5-0 contre Lokomotiv Mezdra, 3-0 contre Boulogne, 1-0 contre Mouscron et 2-0 contre Panthrakikos. Idem lors du double affrontement d’Europa League : deux fois 2-0 contre le FK Sevojno. Et pour le premier match de Ligue 1, patatras : 1-2 contre Lorient, un adversaire qui ne s’était jamais imposé à Villeneuve d’Ascq depuis sa montée en D1. Qui plus est, l’unique but lillois résultait d’un auto-but breton.  » C’est clair : certaines certitudes de la période de préparation ont été ébranlées « , reconnaît Garcia.  » On pensait que la double confrontation contre les Serbes nous aurait permis d’être davantage dans le rythme que les autres équipes pour l’ouverture du championnat, ce ne fut pas le cas. Certains avaient peut-être cru croire que notre défense était une forteresse imprenable. Or, on s’est pris deux buts sur les deux seules premières occasions bretonnes. Il faut dire qu’en préparation, et avec tout le respect que je dois aux équipes rencontrées, on n’avait pas eu affaire à des attaquants aussi redoutables que ceux de Lorient. Cette défaite initiale nous a peut-être ouvert les yeux. Elle nous a permis de voir que, contrairement à ce que l’on pensait, il y avait encore beaucoup de travail. « 

Au tour précédent, le FK Sevojno n’avait pas poussé Lille dans ses derniers retranchements, c’est le moins que l’on puisse dire. Les Nordistes se sont contentés du service minimum. L’essentiel avait déjà été acquis à l’aller à Belgrade (0-2, avec le premier but européen de la carrière de Hazard). Au retour, certains titulaires, comme LudovicObraniak, ont été ménagés. Hazard, malade, était dans la tribune. Gervinho, l’ancien Ivoirien de Beveren arrivé du Mans cet été, était en revanche sur le terrain. Aligné sur l’aile droite, il s’est montré actif mais pas efficace.  » Il était animé d’une trop grande envie de bien faire « , estime Garcia.  » De ce fait, il a un peu trop joué sa carte personnelle. Et ses envois n’ont pas trouvé la cible.  »

A la question de savoir si cela n’avait pas ennuyé Garcia de voir un score toujours vierge après 75 minutes de jeu, l’entraîneur a répondu :  » Non, pourquoi ? A 0-0, on était qualifié. J’ai noté qu’on était bien en place défensivement, on a laissé peu d’occasions à l’adversaire.  » Et tant pis pour les spectateurs qui avaient rallié le Stadium Nord en rangs serrés. C’est aussi une caractéristique de l’évolution du football français : on devient calculateur, axé sur la défense.  » Ce match contre Sevojno n’était, effectivement, pas le plus excitant du siècle « , reconnaît Garcia.

Garcia succède à Garcia

Garcia est, cette saison, le successeur de… Garcia sur le banc. En fin de saison dernière, alors qu’il avait pourtant réalisé du bon travail, il fut remercié. On songea un moment à PaulLeGuen, avant que le président MichelSeydoux rappelle… Garcia lui-même.

Au niveau de l’effectif, Lille a surtout perdu son flanc gauche brésilien MichelBastos, vendu pour 18 millions à Lyon. Le défenseur AdilRami aurait souhaité partir à Marseille, mais après avoir un peu boudé, est finalement resté. Au rayon des arrivées, le gardien MickaëlLandreau a été engagé, mais il a été victime d’une rupture du ligament antérieur du genou droit lors de la première semaine d’entraînement. C’est LudovicButelle, qui s’est définitivement lié au LOSC jusqu’en 2012, qui défendra les buts pendant les six mois d’indisponibilités de l’ancien gardien de Nantes et du PSG. Le jeune attaquant gabonais PierreEmerickAbemeyang (20 ans) arrive de l’AC Milan.  » Le LOSC, c’est un bon endroit pour m’aguerrir « , estime-t-il.  » Mon but est de trouver ma place dans le collectif lillois. J’ai conscience que je devrai beaucoup travailler pour franchir des paliers et figurer le plus souvent possible dans le 11 de départ. Que ce soit comme attaquant de pointe ou sur le flanc droit. A Milan, j’ai beaucoup travaillé mon repositionnement défensif. Maintenant, je devrai encore renforcer ma musculature sans perdre ma vitesse.  »

L’inauguration du nouveau Grand Stade de Lille Métropole n’est pas prévue avant 2012. La première pierre devrait être posée sous peu. D’ici là, le LOSC devra encore évoluer au Stadium Nord de Villeneuve d’Ascq, là où… Mouscron avait accueilli l’Apollon Limassol en 1997 : une bonne pelouse, mais un stade très froid, ouvert à tous les vents, doté d’une piste d’athlétisme qui coupe complètement l’ambiance.

par daniel devos – photos: reporters

On pensait être prêts. L’échec contre Lorient nous a ramenés les pieds sur terre. (Rudi Garcia)

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