Cécile de Foot

Aujourd’hui, nous causons cinéma, mais pas d’affolement dépaysé. Nous en causerons évidemment via le prisme du ballon rond! Ma pensée s’est triplement évadée vers le foot alors qu’elle s’en trouvait en principe à cent lieues: ce fut suite à la récente cérémonie des Césars et à tout le ramdam belge que provoqua Cécile de France, en obtenant le César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans L’auberge espagnole« .

Je le précise d’emblée à ceux qui l’ignorent parce qu’atteints de footballite obtuse et aiguë: Cécile de France est jolie comme son minois l’indique, et Belge comme son nom ne l’indique pas. Elle est Namuroise plus exactement, Bois-de-Villersoise pour être précis: Bois-de-Villers enfin connu pour autre chose que son club de foot, lequel milite comme chacun sait en 4ème Provinciale Série B. Mais je m’égare.

Première évasion. Comme pour Olivier Gourmet l’an dernier à Cannes, toute la presse belge a dégouliné de fierté. Attention, je n’ai rien contre la fierté, et je ne suis pas catastrophé par une petite manifestation spontanée de franchouillardise belge. Que tu ramasses par procuration un moment de bonheur enfantin parce que quelqu’un « de ton coin » a réussi une perf retentissante, ça me semble pour ma part naturel et inoffensif!

Mais ce qui me fait ricaner, c’est que les footeux sont régulièrement montrés du doigt pour pareille attitude …et montrés du doigt par certains cultureux prétendument malins. Les Diables gagnent, tu bondis de joie, tu chantes « Olé Olé Olé » avec un verre dans le nezet des gazettes sérieuses écrivent que le foot est un terrain privilégié de -je cite, j’ai lu ça souvent- nationalisme primaire, chauvinisme exacerbé ou crétinisation des masses. En clair, tu apprends flatté que tu es primaire, chauvin, crétin, et que le soutien à nos Diables est comme l’émanation de la beauferie belge. Tout le contraire de l’artiste belge consacré, lequel serait, lui, l’émanation de l’âme belge dans toute sa grandeur.

Foutaises: l’âme, pas plus que la beauferie, n’occupe un territoire précis. Et quand la gloriole noire-jaune-rouge s’amène via le Goncourt, ou le Nobel, ou les Césars et la Cécile, ces cultureux deviennent des supporters comme les autres. Ils snobent seulement le foot par méconnaissance. A chacun sa xénophobie.

Deuxième évasion. Cinéphile comme je ne le suis pas, mais chauvin exacerbé comme je le suis, je suis donc allé voir L’auberge espagnole, pour admirer la grosse perf de Cécile la Diablesse. Et surprise, je l’ai à peine vue: il s’agit d’un tout petit rôle, il est vrai illuminé par une scène tordante où Cécile de France crève l’écran! C’est un peu comme un match où l’espoir que tu es entre au jeu à la 75ème quand c’est déjà 3-0, amène le 4ème but et est crédité d’une première apparition prometteuse.

Mais j’ai peine à comprendre que, là-dessus, ta carrière parte en flèche du jour au lendemain, un peu comme celle de Gilles De Bilde qui fut en son temps Soulier d’Or prématuré! T’as gagné au Lotto, tant mieux pour toi, mais des flopées d’autres pas moins doués que toi vont demeurer en coulisses à jamais. Comme le foot, le ciné est un sport où la chance a son mot à dire.

Troisième évasion, troisième parallèle. Pas égocentrique pour un sou, consciente de son bol, Cécile a discouru pour ses potes méconnus évoquant le statut de l’artiste, le manque d’aide des pouvoirs publics à la création.

Cela m’a rappelé qu’il ne se passait pas un débat sur la problématique de la formation footballistique sans que nos élus en prennent pour leur grade quant au manque de soutien qu’ils apportent aux jeunes. Et je me suis demandé si ce n’était pas un kif-kif moche, et un peu gênant, dans les deux microcosmes. Avec ceux du bas de l’échelle qui font le pressing sur les pouvoirs publics pour avoir plus de blé, tout en évoluant dans une corporation où le haut de l’échelle ( Zidane ou Delon, tous les autres) s’en fout et pue le fric à plein nez. Ce n’est pas encore le cas de la p’tite Cécile, laquelle joue simplement en France et vient d’obtenir son premier titre là-bas. Comme Eric Deflandre l’an dernier avec Lyon. Deflandre bien Wallon lui aussi, comme son nom ne l’indique pas!

Via le Goncourt, le Nobel ou les Césars, les cultureux deviennent des supporters comme les autres

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