Ce qui va changer

Les Mauves ont entamé un travail de réflexion sur la manière de reconstruire leur banc.

H erman Van Holsbeeck n’en fait pas mystère : si Ariel Jacobs est sacré champion cette saison, il pourra lui-même décider s’il rempile pour une campagne (une seule) ou non. Ni plus, ni moins. En fonction depuis le 7 novembre 2007, date à laquelle il a succédé à Frankie Vercauteren, l’entraîneur des Mauves fait d’ores et déjà partie du cercle fermé des mentors qui se sont inscrits dans la durée au Parc Astrid. Seuls Bill Gormlie (10 ans de 1950 à 1960) et le récemment décédé Pierre Sinibaldi (8 ans de 1960 à 1966 et 1969 à 1971) comptent davantage d’exercices à leur compteur.

Comme le mandat moyen d’un coach à Anderlecht n’excède généralement pas les trois ans et que le T1 en place a déjà franchi ce cap, on peut comprendre que la direction ne lui offre plus un long bail. Mais son intention de le prolonger de 12 mois se conçoit aisément aussi : il serait quand même saugrenu de se séparer d’un homme qui aurait conduit le club au titre, tout en signant un parcours européen exemplaire, crédité d’un sans-faute lors des matches de poule.

La première place en championnat, c’est également l’assurance d’un passe-droit, l’été prochain, en phase des groupes de la CL. Une compétition à laquelle le Diegemois n’a jamais goûté en tant que chef tout au long de son mandat au stade Constant Vanden Stock. En 2008, les Biélorusses du BATE Borisov s’étaient dressés sur la route des Bruxellois lors de l’ultime tour préliminaire. Deux ans plus tard, les Serbes du Partizan Belgrade avaient suivi le même exemple. La perspective d’un débouché immédiat dans la plus prestigieuse des épreuves continentales est-elle susceptible de sensibiliser le T1 actuel, avec le risque de lendemains qui déchantent, vu les très faibles résultats (7 points à peine sur 54 entre 2004 et 2007) à ce niveau ? Ou bien voudra-t-il tirer lui-même sa révérence avant d’en arriver là, et s’en aller par la grande porte ? Réponse en fin de saison.

Exit le T2 Daniel Renders

Si Jacobs reste, un élément est déjà acquis avec certitude en prévision de 2012-2013 : il ne dirigera plus, dans ce cas, le même staff technique. Son fidèle lieutenant, Daniel Renders, ne militera plus à ses côtés.

Avant d’être victime d’un pépin de santé il y a peu, il avait été formel à ce propos au terme de la rencontre Beerschot-Anderlecht :  » Ma reconversion dans un autre rôle au sein du club est latente. Dans les hautes sphères, on aurait aimé déjà procéder à un roulement avant la saison en cours. Mais le T1 a toujours tenu à me conserver à ses côtés. J’ai 57 ans et je travaille depuis plus de dix ans sur le terrain. Je ne serais pas opposé à une réinsertion dans une autre cellule. Ici, chacun sait ce qu’il peut attendre de moi. A un moment, j’ai fait du scouting d’adversaires. C’est Bart Meert qui centralise ce département. îuvrer à ses côtés serait une chouette opportunité. Mais des missions d’évaluations de joueurs ne seraient pas pour me déplaire non plus. Tout ce que je vise, c’est un autre rôle, taillé sur mesure pour moi au Sporting. Je suis un homme de terrain plus que de bureau. Les dirigeants en sont conscients. Je m’attends donc à une issue qui satisfera tout le monde « .

Preud’homme dans le viseur

Le maintien de Besnik Hasi comme autre T2 dépend du prolongement de contrat du T1. Si un nouveau responsable débarque, il n’est pas sûr du tout qu’il n’emmènera pas avec lui ses propres adjoints. Ce qui pourrait se produire si d’aventure Michel Preud’homme et Emilio Ferrera, actifs à Al Shabab, en Arabie Saoudite, convergeaient vers le Parc Astrid. C’est un secret public que le président Roger Vanden Stock tient l’ancien joueur et entraîneur du Standard en haute estime. Et celui-ci, malgré sa griffe rouche, n’a jamais exclu non plus la possibilité de rallier un jour la maison mauve. Mais du désir à la réalité, il y a souvent une marge. Voire plusieurs.

Ici, le premier obstacle est d’ordre financier. A Ryad, l’ex-portier liégeois a signé un contrat de trois ans, avec option pour une quatrième, à raison de 2,5 millions nets annuels. C’est énorme, même si on sait que RVDS était prêt, dans un passé récent, à casser sa tirelire pour retenir Mbark Boussoufa. Mais entre 2 millions bruts et un montant net encore supérieur, la différence demeure sensible. A moins, bien sûr, que MPH ne mette de l’eau dans son vin, comme l’ont fait avant lui Milan Jovanovic et Dieumerci Mbokani pour rejoindre Anderlecht l’été dernier.

Preud’ reste sensible aux appels de la Belgique, malgré tout. Il y a quelques mois, au moment où la direction brugeoise l’avait sondé pour succéder à Adrie Koster, il a laissé entendre lors d’un retour en Belgique qu’il n’était pas sûr de repartir en Asie. S’il n’y a pas eu de terrain d’entente avec les Bleu et Noir, en premier lieu sur le plan pécuniaire, la preuve est là que l’ancien Soulier d’Or ne refuserait pas une bonne proposition sur notre sol. Et qui mieux qu’Anderlecht pourrait la lui fournir ?

Réconciliation Van Holsbeeck-Ferrera

Dans la foulée éventuelle de Preud’homme, un deuxième problème devrait être résolu aussi. En fait, il y a toujours une brouille entre Emilio Ferrera (le T2 de MPH) et Van Holsbeeck. Celle-ci remonte à leur période commune au Lierse, au début de ce millénaire. A l’époque, celui qui était encore manager sportif des Lierrois n’avait pas caché son admiration pour le cadet des Ferrera, véritable étoile montante dans la corporation à l’époque. Lors de son passage à Anderlecht, HVH avait dit qu’il plaiderait chaudement la cause de son poulain le jour où le club se mettrait en quête d’un successeur à Hugo Broos. Mais au lieu du jeune Ferrera, c’est Vercauteren qui fut plébiscité. En dépit du temps passé, l’abcès n’a jamais été crevé entre les deux hommes. Il se murmure toutefois qu’une réconciliation est dans l’air.

On se souviendra qu’un même contentieux avait séparé durant des années Johan Vermeersch, le président du FC Brussels et Van Holsbeeck, qui avait quitté l’entreprise de construction du premier à Ternat pour tenter sa chance dans le monde du football. Après des années de bouderie, les deux hommes s’étaient réconciliés autour d’une bonne table il y a quelques mois. Du coup, le bâtisseur brabançon ne s’était plus opposé au passage à Anderlecht de son buteur, Dalibor Veselinovic. Avec Emilio Ferrera, il ne devrait pas en aller autrement.

Keeper volant

Reste le cas de Filip De Wilde en tant qu’entraîneur des gardiens. Un fidèle serviteur de la maison qui a aussi bien fait l’unanimité, jusqu’ici, comme joueur que comme coach et qui restera. Professionnel à toute épreuve, le Flup n’a jamais compté ses heures même si, dans ses nouvelles attributions, il était moins payé que durant ses années de gloire. Son travail s’est révélé positif depuis qu’il a pris la relève d’une autre ancienne gloire, Jacky Munaron. On lui doit à la fois la bonne tenue de Silvio Proto et l’épanouissement du jeune Davy Roef, appelé à devenir le numéro 3 de la hiérarchie la saison prochaine.

Comme doublure de Proto, c’est Thomas Kaminski qui devrait logiquement prendre le relais de Davy Schollen, dont le contrat, de même que celui de Michaël Cordier, ne sera pas reconduit. Et Kaminski, prêté par Anderlecht à OH Louvain cette saison, est, parmi la jeune classe, celui que De Wilde avait plébiscité en cours de saison passée.

Le scouting en question

Indépendamment du staff technique, le poste scouting au sens large pourrait lui aussi subir des aménagements. Non seulement avec l’ajout de Renders mais aussi avec la collaboration éventuelle de l’ancien manager du Club Bruges, Luc Devroe. La cellule de prospection avait déjà fait l’objet d’un lifting avec la nomination, à sa tête, de Rik Van de Velde. Du coup, Werner Deraeve, son responsable principal, avait été chargé du recrutement en Amérique du Sud, tandis que ses acolytes Albert Martens et Eddy Van Dale couvraient respectivement l’Afrique et l’Europe.

S’il y a eu des enrôlements dans l’intervalle, l’intervention de Vande Velde n’a jamais été réellement marquante. Samuel et Diogo sont arrivés sur base de recommandations qu’il n’a jamais contrées. Guillermo Mollins et Behrang Safari ont été choisis après avis favorables de leur compatriote, Pär Zetterberg. Et dans ce qui se profile à l’horizon, le boss n’a pas vraiment marqué son territoire non plus. Le jeune Juan IgnacioCavallaro (17 ans), de l’Union Santa Fe, a fait un stage à Neerpede, cet hiver, suite à l’intervention de Nicolas Frutos, actif dans son club d’origine depuis son retour en Argentine. Abdelhakim Bouhna (20 ans), de Diegem Sport, fief de la famille Jacobs, a été repéré à l’occasion d’un match amical contre le RSCA. Et Ervin Zukanovic, de Courtrai, a attiré l’attention suite à ses prestations cette année avec le Kavé. Mais personne ne l’avait vraiment remarqué lorsqu’il portait les couleurs de Dender ou d’Eupen la saison passée…

Pour les grosses pointures, reste à voir si la voix de Van de Velde sera déterminante. Mehdi Carcela, une option si Matias Suarez quittait le club, est connu de tous en raison de son passé au Standard avant de signer à l’Anzhi Makhatchkala. Pour les autres noms, il semble qu’on table essentiellement, au Sporting, sur les relations de Mogi Bayat, qui a toujours entretenu de bons rapports avec Van Holsbeeck et pourrait brûler la politesse à Jacques Lichtenstein, le beau-fils de Philippe Collin. Sans compter que Luciano D’Onofrio, débouté par le conseil d’administration du Sporting mais resté proche de Roger Vanden Stock n’a sans doute pas dit son dernier mot non plus.

PAR BRUNO GOVERS – PHOTOS: IMAGEGLOBE

Mehdi Carcela est une option si Matias Suarez s’en va.

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