Ce qui se cache derrière les exclusions

par Bernard Jeunejean

Qu’elles résultent d’un carton rouge ou d’un double jaune, certaines exclusions ne souffrent aucune discussion. Mais ces indiscutables ne m’ont jamais semblé majoritaires, et un match se disputant (plus ou moins longtemps) à onze contre dix est régulièrement une défaite pour le football. Cependant, le sentiment de match faussé par une décision a la vie dure. Et je parle ici en tant que neutre, inutile de s’appesantir sur la ranc£ur qu’expriment évidemment les victimes directes de la sentence : parce qu’en foot, il y a autant de malchance que de justice à se retrouver tout à coup en infériorité numérique…

Ci-jointe une rodriguette pour tenter d’y voir plus clair. Une quoi ? ! Un petit tableau statistique bien utile pour alimenter les footeuses réflexions : mot dérivé de Rodrigo Beenkens qui a popularisé semblable outil, durant le grand debriefing ertébéen du lundi soir ! Avant que le p’tit Jésus naisse à nouveau samedi dernier, il y avait eu 20 journées de championnat, soit 153 matches… dont 55 ne se sont pas terminés à onze contre onze. C’est énorme et c’est flippant : un sport qui déséquilibre une fois sur trois les forces en présence ne peut pas être un sport serein. Bien sûr, il arrive de se retrouver ensuite, parfois très vite, à dix contre dix : mais ce ne fut ici le cas que deux fois en 55 matches, pour six fois où cela devint onze contre neuf ! Imaginez-vous donc évoluant en D1…

-Si votre équipe est déjà menée au moment où l’un d’entre vous se ramasse un carton rouge (23x), adieu veau, vache, cochon, couvée, jamais vous ne revenez au score !

-Si vous tenez le nul à pareil moment (22x), vous allez ensuite craquer dans 60 % des cas (13x). De ce qui précède, on peut déjà conclure que la supériorité numérique est préférable à son inverse, même s’il y aura toujours des loosers de circonstance pour clamer qu’il est plus compliqué d’évoluer à onze contre dix ! Mais il est vrai qu’en cas de nul au moment de l’exclusion, vous continuerez de résister dans 30 % des cas (7x), et vous triompherez même parfois malgré l’adversité (2x) : comme Anderlecht face à Westerlo et le Standard au G. Beerschot !

-Enfin, votre équipe peut mener au score au moment où elle se ramasse du rouge (10x), ce troisième cas de figure survenant bien moins souvent que les deux autres : serait-ce qu’une équipe qui mène s’avère moins agressive qu’une équipe menée ? Toujours est-il que l’équipe qui mène conserve souvent la victoire une fois réduite à dix (7x), il est vrai que l’exclusion peut survenir très peu de temps avant le coup de sifflet final ! Le gros dindon de la stat (1x) est ici Charleroi laminé à Anderlecht, mais qui menait avant l’exclusion de Samuel Fabris et qui tenait encore le nul avant celle d’ Ederson !

Reste à savoir quelles équipes bénéficièrent le plus souvent d’une supériorité numérique, ou furent pénalisées d’une infériorité. D’abord, ce sont les visités qui en profitent dans 70 % des cas (39/55) : parce que les visiteurs défendent davantage et commettent davantage de fautes… ou parce que brandir un carton est d’autant plus confortable que les supporters sont peu nombreux ? Les deux gros gâtés jusqu’à présent sont Genk (7x en supériorité, 1x l’inverse !) et Lokeren (5x/1x), peut-être les deux clubs les plus surprenants au classement : celui-ci est-il dû à la chance, ou à une meilleure gestion de leur agressivité ? Quant aux deux gros couillonnés, ce sont Eupen et le Lierse (1x en supériorité, 5x en infériorité !)… bas de classement et questionnement inverse ! De quoi avoir les boules même après Noël, ce qui me fait penser à vous présenter tous mes v£ux !

Le sentiment de match faussé par une décision a la vie dure.

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