» Ce qui compte, c’est le point d’arrivée et non le point de départ « 

Après 90 des 2.700 minutes de la phase classique du championnat, une phrase attribuée à François Mitterrand danse peut-être dans les pensées d’ Ariel Jacobs et de José Riga :  » Ce qui compte, c’est le point d’arrivée et non le point de départ.  » Constitue-t-elle une source de consolation ou la force de l’espoir ? Faut-il glorifier la bonne entrée en matière des promus, Louvain, et Mons, ou décortiquer les soucis d’Anderlecht et du Standard ? Leur mise à feu ratée face à des Schtroumfs en dit-elle long sur le manque d’envergure des ténors ?

Ces deux institutions répètent que l’heure est à la reconstruction. Mais que doivent alors penser Ronny Van Geneugden et Dennis van Wijk ? Par rapport à leur invité d’honneur d’un soir, leur effectif respectif, c’est ground zero ; Louvain n’avait plus mis un crampon sur les pelouses de D1 depuis des décennies et Mons s’est préparé avec un effectif aussi maigre qu’un ours à la fin de son hibernation. Or, leurs gars, dont certains arrivent de D3 (comme Patrick Amoah, ex-White Star Woluwé, auteur du 2-1 de la victoire contre les Mauves) ont lutté pour leur vie comme des naufragés. Le mérite en revient à ces coaches qui leur ont transmis l’envie de secouer un géant.

Intelligent, Benjamin Nicaise, revenu à Mons avec son bagage de vieux forban, précisait :  » Il ne faut pas s’emballer après cet intéressant 1-1. Les grosses cylindrées ne disputent pas le même championnat que nous. Notre saison se jouera contre le Lierse, Louvain et des équipes de ce niveau-là.  » Le pare-chocs des Dragons a raison mais cela n’enlève rien au charme du succès d’un petit, phénomène qu’on voit plus souvent au football que dans tout autre sport, ainsi que le constatait Riga au stade CharlesTondreau.

Comme Anderlecht, le Standard a jeté les occasions par la fenêtre sous les yeux d’un bon Cédric Berthelin. Ce gaspillage signifie-t-il que le Standard a quand même bien joué à Mons ? Non. Certainement pas en première mi-temps abordée sans quelques joueurs ménagés ( Sébastien Pocognoli, Pape Camara, etc.) mais l’apport technique de Nacho Gonzales après le repos annonce peut-être le jeu espéré, plus lié que celui de 2010-2011. Riga redoute qu’on compare son chantier à l’Empire State Building du football belge qu’était Sclessin en fin de saison passée. Sans quelques pièces maîtresses de ce passé récent, il a besoin de la force d’une histoire longue pour installer le changement. En aura-t-il le temps comme ce fut le cas pour Dominique D’Onofrio et Sergio Conceiçao ? Ce serait une bonne chose.

L’heure est aux nouveaux fondateurs avec Riga et Jean-François de Sart mais, c’est ainsi, le monde du foot retient les effets des événements, sans en décortiquer les raisons. Riga le sait. Son travail de fond aussi immense soit-il, il n’échappera pas à la réalité des résultats. Handicapé ou pas, le Standard ne peut pas égarer des points face à un adversaire aussi humble que Mons.

On doit en dire de même pour Anderlecht qui, pour le moment, ne peut que rêver de son foot champagne. Jacobs n’a pas encore trouvé la recette de Dom Pérignon… A Louvain, à 10 contre 11, les Bruxellois ont raté la conversion d’un penalty, gaspillé de belles cartouches, c’est vrai, mais cela n’explique pas tout. Cette équipe a entamé la course comme elle a terminé le précédent championnat : Jacobs ne parvient pas à ajouter des bulles dans le jeu. Combien de temps Romelu Lukaku restera-t-il encore à Bruxelles ? Comment construire alors qu’un groupe peut être décapité à chaque instant ? Riga n’est pas le seul à avoir des soucis.

A quelques jours de la fête du Meyboom (8 août), la défaite des Mauves chez leur héréditaire ennemi louvaniste a peiné les amateurs d’humour bruxellois. Ils cherchent, dit-on, des buumdroegers (porteurs de l’arbre/meyboom) pour qu’Anderlecht puisse assumer le poids de ses traditions et de ses ambitions. A Genk, Frankie Vercauteren n’a pas tous ces soucis jusqu’à présent mais le point d’arrivée est si loin…

PAR PIERRE BILIC

Si Anderlecht et le Standard reconstruisent ; Mons et Louvain, c’est ground zero…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire