Ce qui change EN EUROPE

Les grandes manouvres ont débuté sur le front européen mais la crise est passée par là et, mis à part pour Hazard et Lavezzi, les montants des transferts ne s’envolent pas.

ANGLETERRE Londres passe à l’offensive

Si la dernière saison de Premier League a été dominée par les deux clubs de Manchester, il n’en va pas de même sur le marché des transferts. Forts de leurs récents résultats les Citizens, pourtant habitués à sortir généreusement le carnet de chèque, n’ont pas encore fait de folies. Ils enregistrent simplement les retours de prêt de plusieurs joueurs qui ont peu de chance d’entrer en ligne de compte style RoqueSanta Cruz, VladimirWeiss ou JohnGuidetti.

Les voisins d’United se sont montrés un rien plus actifs sans toutefois affoler le marché. A l’arrivée de ShinjiKagawa s’ajoute celle de la jeune promesse Nick Powell, 18 ans, qui arrive de Crewe Alexandra (!) et a tout de même coûté la bagatelle de 5 millions d’euros. Rayon départs, Sir Alex Ferguson s’est séparé du vétéran Michael Owen tandis que Ji-Sung Park et Fabio (prêt) rejoignent les Queens Park Rangers.

C’est donc vers les clubs londoniens qu’il faut se tourner pour trouver un peu d’agitation. Tottenham s’est débarrassé de son coach Harry Redknapp pour le remplacer par André Villas-Boas, le jeune Portugais, renvoyé par Chelsea en mars. Les Spurs ont revendu leurs deux internationaux croates à un bon prix : NikoKranjcar au Dynamo Kiev et VedranCorluka au Lokomotiv Moscou, pour 7 millions chacun. Dans le sens inverse, outre Jan Vertonghen, l’autre nouveau-venu est l’Islandais Gylfi Sigurdsson, auteur d’une belle fin de saison à Swansea. Il pourrait être suivi par Hugo Lloris, le gardien français, que l’OL semble résigné à laisser partir.

Du côté de Chelsea, l’heure est au rajeunissement : exit donc José Bosingwa, Salomon Kalou et Didier Drogba. Le club d’ Abramovitch mise désormais sur la jeunesse et a donc opté pour Eden Hazard et Marko Marin, le milieu offensif allemand du Werder Brême (10 millions).

Troisième à bonne distance des deux Manchester l’an dernier, Arsenal doit faire face à un défi compliqué. Robin van Persie ne dispose plus que d’une année de contrat chez les Gunners et a des fourmis dans les jambes. Le club serait bien désemparé en cas de départ du Néerlandais mais s’il le conserve, il partira gratuitement la saison prochaine. Afin de parer à toute éventualité, Arsène Wenger a, comme à son habitude, fait son marché en France avec Olivier Giroud. Il suit l’arrivée déjà enregistrée de l’Allemand Lukas Podolski (13 millions) qui retente sa chance dans un club du top après son passage mitigé au Bayern Munich il y a quelques années.

A Fulham enfin, Moussa Dembélé est courtisé par Man U mais rien n’est encore fait. Seul renfort marquant : Mladen Petric qui remplacera Pavel Pogrebnyak, parti chez les promus de Reading. A noter encore, le départ de Dirk Kuijt à Fenerbahçe après 6 ans de bons et loyaux services à Liverpool.

ESPAGNE Marché calme sur fond de crise

La crise qui touche l’Espagne sur le plan économique n’épargne pas le football. En dehors des deux grands traditionnels, rares sont encore les clubs capables de débourser dix millions pour l’acquisition d’un joueur. Le plus gros transfert, à ce jour, est celui de Jordi Alba, la révélation de l’EURO 2012. Barcelone l’a acheté à temps : juste avant la finale gagnée contre l’Italie, pour 14 millions. On estime que, deux jours plus tard, sa valeur avait déjà doublé.

Le Real Madrid recherche essentiellement un arrière droit, mais ne l’a pas encore trouvé.

Ailleurs, il faut se serrer la ceinture. Compter sur des prêts ou attirer des joueurs en fin de contrat, qui ne coûtent pas un euro.

Dans certains clubs, on s’inquiète plus que dans d’autres. A Valladolid, néo-promu, l’inquiétude grandit au fur et à mesure que les semaines passent et que les renforts n’arrivent pas. Le club enregistre 70 millions d’euros de dettes cumulées, et malgré des droits TV qui seront multipliés par sept par rapport à la D2, il ne peut pas se permettre de folies alors que sportivement, l’effectif est un peu limite.

Ce n’est pas le seul club dans le rouge. La situation est parfois telle que les clubs deviennent des cibles faciles pour des malfaiteurs. Angel Torres, le président de Getafe, a failli se laisser abuser par des gens qui se faisaient passer pour des cheikhs arabes et prétendaient investir dans le club. Celui du Rayo Vallecano, qui s’est sauvé de justesse, a reconnu qu’une chute en D2 aurait signifié la fin du club.

C’est ainsi que l’on voit parfois apparaître des formations inattendues. Comme celle de Levante, qui a eu le flair de dénicher des buteurs à bon prix ( Felipe Caicedo il y a deux ans, Arouna Koné l’an passé) et qui participera à l’Europa League pour la première fois en 106 ans d’histoire. Cet attaquant, c’est ce que l’Espanyol recherche en vain – et de préférence à bas coût là aussi – depuis le départ de son joueur emblématique Raul Tamudo.

Et dans le subtop ? A Séville, on se préoccupe plus des départs que des arrivées. Ceux de Javi Varas, Alexis et Guarente ont permis de faire entrer sept millions dans les caisses en une semaine. A Valence, l’ambition varie en fonction des nouvelles du jour : elle était élevée lors de l’arrivée de l’international mexicain du Deportivo, Guardado, elle est en baisse depuis le départ de Jordi Alba. La recherche d’un nouvel arrière gauche est dé-sormais la priorité. A l’Atletico, dont Thibaut Courtois défend les couleurs pour la deuxième saison d’affilée, l’ambition est là : lors de la présentation des trois nouveaux joueurs ( Cata Diaz, Cebolla Rodriguez et BelozoglouEmre), on a carrément évoqué la perspective du titre…

ITALIE La danse endiablée de la Juve et le paso doble de Milan

La réduction des budgets contraint les clubs italiens à un marché de niche. Mise à part la Juventus, les grands ne se lancent plus tête en avant à la recherche du top player étranger. Cette crise a un côté positif pour les jeunes made in Italy. On se croirait revenu dans les années 70 quand les grands clubs luttaient pour mettre sous contrat les jeunes les plus prometteurs. Ainsi, les éléments les plus recherchés sont des jeunes dont trois viennent de Pescara : le milieu MarcoVerratti (20 ans), l’attaquant CiroImmobile (22 ans) et l’ailier Lorenzo Insigne (21 ans). Quant à MattiaDestro (21 ans), l’attaquant de Sienne, il risque d’être le personnage central du feuilleton de l’été.

Reste à voir si ce jeune talent va rester en Italie car Verratti, présenté comme le nouveau Pirlo, est annoncé au PSG. Mais ce n’est pas le seul danger : on attend de voir si Genoa, qui a misé lourd sur Immobile, et Naples, qui a rapatrié Insigne, vont leur donner la possibilité de jouer. Si le Calcio est devenu un championnat de vieux, c’est parce que depuis 20 ans, on a donné la priorité absolue à des joueurs exotiques. On s’est souvent demandé à quoi cela servait d’avoir des écoles de jeunes et une étude européenne vient de relancer le débat : l’Italie est un des pays qui lance le moins de jeunes et surtout qui aligne le moins de joueurs venus du vivier. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des joueurs de l’U21 évoluent en Serie B (voir les trois de Pescara !).

Le plus bel exemple de ce manque de confiance à l’égard des jeunes est Sebastian Giovinco : la Juventus vient de débourser 11 millions pour le ramener à la maison. Ceci dit, le club turinois est lancé dans une danse endiablée à 50 millions d’indemnités de transfert pour lever les options dont celle de Martin Caceres, le défenseur prêté par Séville, ou l’achat des milieux de l’Udinese Kwadwo Asamoah et Mauricio Isla. Déchaînée la Juventus a aussi enrôlé deux joueurs libres : Paul Pogba, le milieu de Manchester United, et Lucio, le défenseur de l’Inter. Et ce n’est pas tout : elle aimerait toujours s’attacher les services d’une star internationale sans oublier quelques jeunes comme Omar El Kaddouri, le milieu belge de Brescia.

Par rapport à la Juve, Milan pratique le paso doble : c’est ainsi que l’on a surnommé la tactique employée par Silvio Berlusconi dans le cas de Thiago Silva. Alors qu’il annonce l’arrivée d’une star mondiale, le patron vend un de ses meilleurs joueurs au PSG. Pendant que son fidèle Adriano Galliani discute le coup à Paris avec Leonardo, les supporters hurlent au scandale. Et d’un coup, comme avec Kaká en janvier 2009 et Pato en janvier dernier, Berlusconi réapparaît :  » Thiago Silva reste, nous renonçons à 46 millions. C’est le choix du c£ur. C’est notre meilleur transfert « . Voilà la paix est faite, le peuple rossonero remercie son président, qui ne déliera pas les cordons de sa bourse pour un joueur du top et espère refaire le coup d’ AntonioNocerino, qui ne lui avait coûté que 500.000 euros.

FRANCE Le PSG, seul au monde

Plus que jamais, la Ligue 1 risque de se résumer à un nom : le PSG. Seul le club de la capitale, aux mains des Qataris, anime le mercato estival. Les Parisiens ont déjà réalisé un coup d’éclat, en convainquant Ezequiel Lavezzi de signer. L’attaquant argentin de Naples, qui n’a coûté que 30 millions d’euros (une paille comparée aux 41 millions de Javier Pastore) est un joueur confirmé et à 27 ans, el Pocho était courtisé par les plus grandes écuries européennes. Mais le PSG ne semble pas s’arrêter en si bon chemin et devrait mettre 13 millions pour attirer la pépite de Pescara, Marco Verratti, et planche sur le dossier d’un attaquant. Les noms de Gonzalo Higuain et de Robin van Persie ont circulé. Celui de David Villa a également été évoqué.

Derrière, c’est le néant. Seul Lille, qui a reçu 40 millions de Chelsea pour le transfert d’ Eden Hazard, peut montrer une certaine ambition. Mais ne comptez pas sur les Dogues pour jeter l’argent par les fenêtres et suivre le train de vie des Parisiens. Les Lillois ont fait une bonne opération en transférant Salomon Kalou, l’attaquant de Chelsea, qui était en fin de contrat, et Marvin Martin, le stratège de Sochaux pour 10 millions.

A l’image de tous les clubs touchés par la crise, Marseille et Lyon se sont montrés très discrets sur le marché des transferts. L’OM a tourné la page Didier Deschamps mais n’a pas voulu débourser beaucoup d’argent pour s’attacher un entraîneur de renom. Les dirigeants ont misé sur Elie Baup, autrefois champion de France avec Bordeaux, qui n’avait plus entraîné de club depuis 2009. Les Marseillais n’ont toujours pas fait de transferts et veulent surtout miser sur les jeunes.

Même chose pour Lyon qui s’apprête à devoir remplacer Hugo Lloris et lorgne sur Stéphane Ruffier, le gardien du rival stéphanois. Le président Jean-Michel Aulas ne fermerait pas la porte aux départs d’autres piliers comme Michel Bastos ou Kim Källström.

Enfin, grande surprise du dernier championnat, les champions en titre de Montpellier, sont conscients qu’ils devraient rentrer dans le rang et misent sur une place européenne. Montpellier a déjà perdu son buteur-vedette, Olivier Giroud, parti à Arsenal, pour 15 millions d’euros. Et il n’est pas dans les habitudes de Louis Nicollin de faire des folies sur le marché des transferts.

ALLEMAGNE Le Bayern et Dortmund dictent le ton

Le Bayern a la pression en ce début de saison. Après deux années de disette, le titre de champion est un must pour les Bavarois. Les dirigeants ont décidé de se séparer de leur directeur sportif, Christian Nerlinger, et de le remplacer par… une figure marquante du rival de Dortmund : Matthias Sammer. Le Ballon d’Or 1996 débarque alors que le club s’est déjà activé sur le marché des transferts. Les joueurs excédentaires Ivica Olic (Wolfsburg), Danijel Pranjic et Nils Petersen (Werder) ont été priés d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs.

Dans le sens inverse, le FC Hollywood accueille l’une des révélations de l’EURO : le Croate Mario Mandzukic (3 buts au championnat d’Europe) arrive de Wolfsburg contre 13 millions d’euros. L’avant sera chargé d’épauler Mario Gomez aux avant-postes tout comme le Péruvien Claudio Pizarro qui fait son come-back à Munich où il a déjà évolué entre 2001 et 2007 (100 buts). L’ex-Standardman Dante (ex-Gladbach) tentera de gagner ses galons de titulaires en défense tandis que le jeune Suisse Xherdan Shaquiri (FC Bâle, 11 millions d’euros) est un pari sur l’avenir.

Mais les doubles champions en titre du Borussia Dortmund ne seront une fois de plus des adversaires coriaces. Le club de la Ruhr a conservé son ossature mis à part le départ du Japonais Shinji Kagawa pour Man U (15 millions). Lucas Barrios, qui n’était plus titulaire, a également quitté le club à destination du championnat chinois. Un transfert étonnant pour le Paraguayen qui était courtisé par plusieurs top clubs européen mais l’avant aura de quoi se consoler avec les 6,6 millions qu’il empochera chaque année à Guangzhou. Pour le remplacer, le Borussia a fait fort en attirant l’international Marco Reus, révélation de la dernière Bundesliga. Les Jaune et Noir ont dépensé 17 millions pour récupérer cet habile technicien de 23 ans, formé au club et qui avait été jugé insuffisant six ans plus tôt. Une lourde perte sportive pour ‘Gladbach mais un apport financier intéressant pour les Fohlen qui ont misé sur le Suisse de 19 ans Granit Xhaka (8,5 millions) et l’Espagnol de l’Atlético Alvaro Dominguez (8 millions) tout en conservant leur coach Lucien Favre, pourtant courtisé un temps par Marseille.

Ailleurs, les joueurs performants à l’EURO ont attiré les regards. Ainsi, les Tchèques Vaclav Pilar et Theodor Gebre Selassie rejoignent respectivement Wolfsburg et Brême. Le Werder qui enregistre également le retour en Allemagne du Néerlandais Eljero Elia après son échec à la Juventus.

PAYS-BAS Exit Vertonghen, Dost et John !

Le transfert de notre compatriote Jan Vertonghen de l’Ajax à Tottenham a tardé à se concrétiser. Le joueur réclamait un pourcentage sur le montant du transfert (12 millions) et les négociations ont été âpres avant qu’un accord n’intervienne entre les trois parties.

Au PSV, c’est l’espoir international marocain, Zakaria Labyad qui irrite. Le jeune joueur, qui estime être en fin de contrat, a paraphé un accord de 5 ans au Sporting du Portugal. Un départ que le club lampiste conteste, car il part du principe que l’intéressé lui doit encore un contrat d’une saison. Ambiance. Labiad n’est d’ailleurs pas le seul élément convoité à Eindhoven. Le puncheur Ola Toivonen est pisté par Tottenham, l’Inter Milan et l’Atlético Madrid. En cas de transfert, la maison Philips songe à Luciano Narsingh, de Heerenveen, pour le remplacer.

Le club du nord des Pays-Bas a déjà perdu, à l’entre-saison, son buteur BasDost, parti tenter sa chance à Wolfsburg pour 7,5 millions d’euros. Si Narsingh s’en va lui aussi, il risque carrément de perdre toute sa division offensive, vu que le troisième larron, Oussama Assaïdi, est tout proche d’un terrain d’entente avec Galatasaray. Le SC s’est tenu tranquille en matière d’arrivées, récupérant Matthew Amoah (ex-NAC Breda), Jukka Raitala, l’arrière finlandais d’Hoffenheim et Marten de Roover, un médian du Sparta Rotterdam.

Parmi les autres équipes du top 5, un exode s’annonce peut-être aussi au FC Twente. Le club d’Enschede a déjà cédé son ailier Ola John à Benfica, en échange de 9 millions. Le milieu de terrain Leroy Fer est également suivi par les Portugais. Quant au buteur Luuk de Jong et le défenseur central Douglas, ils intéressent tous deux Newcastle. Rayon arrivées, on enregistre à Enschede les présences de l’international espoirs danois Andreas Bjelland, un défenseur, de Dusan Tadic, milieu du FC Groningen et de Felipe Gutierrez, un attaquant chilien de 23 ans venu d’Universidad Catolica.

A Feyenoord, enfin, on acte le transfert de Karim El Ahmadi, pour 2,8 millions, à Aston Villa. En matière de venues, les Rotterdamois comptent sur Omar Elabdellaoui, prêté par Manchester City, à l’image de John Guidetti, et sur Harmeet Singh, de Valerengen. Ils espèrent aussi pouvoir récupérer leur ex-joueur Luc Castaignos, qui n’a guère joué à l’Inter Milan.

PAR LA RÉDACTION – PHOTOS: IMAGEGLOBE

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