Ce que j’en pense

Le transfert du défenseur est le plus surprenant du Club. Sur une voie de garage à Charleroi, il change d’air au bon moment.

Thierry Siquet (coach à Charleroi)

 » Je suis un peu surpris par le transfert de Laurent. Il reste sur une saison médiocre à Charleroi. D’un autre côté, c’est sans doute le moment idéal pour lui. Changer d’air ne peut que lui faire du bien et relancer sa carrière. Il était sur une voie de garage au Sporting. Dans l’axe de la défense, il était barré par une volée de concurrents et j’ai constaté que sa motivation et sa concentration faiblissaient en cours de saison. Vous devez savoir que Ciman est un enfant du terroir, que tout le monde le connaît et qu’il connaît tout le monde. Dans ces conditions, il est parfois difficile d’accepter certaines choses. A Bruges, il va devoir faire ses preuves et il sera sans doute plus coachable.

Laurent peut certainement évoluer à l’arrière droit mais il n’y est pas prêt mentalement. Il n’y atteindra son meilleur rendement que quand il se sera fait à l’idée de jouer à ce poste. Ce sera nécessaire car je pense que Jacky Mathijssen l’a surtout embauché comme arrière droit. Il possède les capacités requises à cette position : une très bonne condition, de la force dans les duels, même s’il n’a pas un gabarit impressionnant, de la vitesse et un bon shoot. Il constituait un atout sur les coups francs à Charleroi. Il n’a pas souvent marqué mais ses tirs étaient dangereux.

Son impulsivité sur le terrain est son principal point faible. Il s’agite et réagit trop facilement. En dehors, il est sympathique. Parfois, ses actions sont trop risquées. Il a besoin d’un partenaire qui le corrige quand il le faut. Il n’a que 22 ans. Il peut donc effacer ces défauts « .

La réaction de Ciman :  » Le courant ne passait pas vraiment avec ThierrySiquet, ce qui m’a incité à quitter Charleroi. Je me sentais barré, d’autant que l’entraîneur m’a fait comprendre que je n’entrais pas dans ses plans et qu’il a enrôlé un autre défenseur central, David Vandenbroeck, de Tubize. Je ne suis pas d’accord quand il estime que je manquais de motivation. Et que j’étais moins concentré ? Parfois, peut-être, à chacun son avis. Le fait est que je sentais que ce chapitre était clos.

Il y a un malentendu sur mes réticences à évoluer à droite de la défense. En fait, à l’époque, je n’ai pas compris pourquoi, de tous les défenseurs centraux, c’était moi qui devais glisser sur le flanc. J’ai émergé au c£ur de la défense, sous les ordres de Mathijssen, et j’ai effectué du bon travail. Quand je le peux, je monte mais je me consacre avant tout à mes tâches défensives. Donc, je ne prends pas trop de risques. Ce que Siquet considère comme un risque est peut-être justement positif aux yeux de Mathijssen « .

Frank Defays (coéquipier à Charleroi)

 » A son arrivée à Charleroi, Laurent n’était pas bien intégré dans le noyau parce qu’il donnait l’impression d’être nonchalant. Ensuite, nous avons réalisé que c’était une fausse impression. La saison passée, d’un coup, Laurent a perdu sa place de titulaire. Il n’a pas compris. Durant cette dernière année à Charleroi, il a quelque peu manqué de la concentration et la motivation nécessaires. Il n’a pas vécu à 100 % pour son sport. Nous le lui avons maintes fois répété mais il était trop à son aise à Charleroi. Mathijssen l’a compris. Je ne serais pas surpris que Laurent devienne rapidement une certitude en équipe nationale. Il a le potentiel et le caractère requis. Laurent n’a peur de rien.

Il doit surtout travailler sa relance. Mathijssen l’a souvent tancé à ce propos : il ne pouvait pas balancer le ballon en avant aussi sauvagement. Il devait relancer le jeu tranquillement. Il peut aussi acquérir plus de maturité « .

La réaction de Ciman :  » A mes yeux, ma mise à l’écart était une punition mais Frank Defays m’a expliqué que je devais y voir un signal positif, destiné à fouetter mon orgueil. J’ai alors travaillé plus dur à l’entraînement, j’ai accepté la situation mais c’est resté difficile.

Je donne en effet l’impression d’être nonchalant. Defays n’est pas le seul à me l’avoir signalé mais je suis toujours motivé à 100 %. Jacky Mathijssen m’a reproché ma relance. J’avais tendance à vouloir délivrer l’assist parfait de l’arrière. J’ai appris à céder le ballon à un partenaire plus proche. Parfois, j’avoue que je cède encore à la tentation de délivrer un long centre, un long ballon. Je travaille cet aspect « .

Jean-François de Sart (entraîneur des Espoirs)

 » En Espoirs, Laurent n’a jamais été vraiment titulaire mais il a toujours été repris dans le noyau. Il est un pion intéressant par sa polyvalence, surtout dans un tournoi comme l’EURO ou les Jeux Olympiques. Il a pris des points en Espoirs dans le match amical contre l’Allemagne et durant le stage à Malte. On sait ce qu’on peut attendre de lui : beaucoup d’engagement et une bonne anticipation en défense.

Je ne peux rien lui reprocher. Pendant l’EURO – 21 ans aux Pays-Bas, je n’ai pas eu le moindre problème avec lui. Quand j’ai divulgué ma sélection pour le premier match, il a certes affiché son mécontentement de ne pas entamer la partie mais ce n’est pas une réaction problématique « .

La réaction de Ciman :  » Le match contre l’Allemagne et le stage à Malte m’ont fait du bien. J’ai acquis plus d’assurance et prouvé que je pouvais évoluer à un niveau supérieur. J’ai de bons contacts avec Jean-François de Sart. C’est essentiel car comment faire confiance, sur le terrain, à un entraîneur avec lequel vous ne nouez pas de liens ?

J’espère participer aux Jeux Olympiques. C’est une occasion unique pour un footballeur. Je raterais le début de championnat de mon nouveau club mais ce n’est pas insurmontable. L’essentiel est que je participe à la totalité de la préparation. Après les Jeux, je me battrai pour obtenir ma place au Club Bruges « .

Robert Ciman (son père)

 » Laurent reste sur une moins bonne saison à Charleroi mais c’était prévisible. Un jeune joueur traverse toujours une période moins faste. Il y a eu des frictions mais je préfère ne pas m’attarder sur le sujet afin de ne pas entrer en conflit avec le club. Pour vous donner un exemple, Laurent se sentait oublié à certains moments, comme sur les coups francs. D’autres les exigeaient et Laurent préférait ne pas se disputer pour ça sur le terrain mais ça le troublait.

Laurent a besoin de se sentir en confiance. Celui qui la lui offre reçoit beaucoup en retour. Sportivement, je ne m’attends pas à beaucoup de problèmes d’adaptation au Club Bruges mais il lui faudra un moment pour s’y sentir chez lui. Il retrouve Mathijssen, un entraîneur qui le connaît bien et sait comment lui insuffler confiance.

Il doit avant tout apprendre le néerlandais mais il n’est pas doué en langues ! Nous sommes d’origine italienne. Ma famille vient de Vérone mais Laurent parle à peine italien. Avant, nous allions souvent en Italie. Depuis quelques années, Laurent n’y va plus guère. Il a besoin de se remuer. La culture italienne est trop calme pour lui « .

La réaction de Laurent Ciman :  » N’ayant pas de frères avec lesquels jouer, j’ai beaucoup appris de mon père, qui évoluait à un niveau modeste. L’école ne me disait rien, je jouais tout le temps avec un ballon. Mon père pensait que la D3 était mon sommet mais je voulais tenter ma chance plus haut. Si on n’essaie pas, on n’arrive pas, on ne progresse pas.

Mon intégration ne me préoccupe pas. De fait, je suis d’un naturel timide mais j’ai rencontré Karel Geraerts il y a quelques semaines et il m’a immédiatement rassuré. Il m’a accueilli avec chaleur. Je dois de fait apprendre le néerlandais. Je vais le faire avec mon amie. Je connais les termes footballistiques donc je n’aurai pas de problème sur le terrain « .

Fabienne Ciman (sa mère)

 » Laurent a toujours été timide. C’est dû à ses difficultés scolaires. Il était un peu en retard et manquait de confiance. Il ne pouvait se faire valoir qu’en football. Il a achevé sa scolarité mais nous avons dû insister. Il a beaucoup changé depuis qu’il a fait la connaissance de son amie, Diana. Il a acquis plus de maturité depuis qu’ils vivent ensemble. Il ose s’exprimer. Si je devais employer trois mots pour le décrire, ce serait : têtu, jovial et généreux « .

La réaction de Laurent Ciman :  » Je suis plus sérieux depuis que je vis avec Diana. Elle est mon aînée de trois ans. Nous cherchons une maison à Tournai. Elle travaille en Wallonie et moi à Bruges, donc c’est un bon compromis… « .

par matthias stockmans

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