Ce qu’il faut faire et ne pas faire comme Sterchele

Pauvre François et nos condoléances totalement émues à ses parents et à ses proches… A chaque fois qu’un jeune se tue en bagnole, on a les boyaux qui se tordent. Qui n’a pas eu dans son entourage un jeune d’une vingtaine d’années qui s’est tué en voiture ? Personne. Quand un Sterchele sort de la route à plus de 200 à l’heure au volant d’un coupé surpuissant à trois heures du matin, on ne se dit pas seulement -Encore un pauvre gars ! On est massivement touché.

Le génie de François est d’avoir été le meilleur buteur du championnat passé tout en n’ayant rien d’un extra-terrestre. Il était flamboyant sur le terrain et toujours accessible en dehors : un gars comme un autre. Le fait qu’il roulait en Porsche n’y a rien changé. Tous les week-ends, il y a des jeunes de son âge qui enroulent leur voiture bien moins classe autour d’un arbre. Cela dure depuis qu’on a inventé la bagnole. Avant ça, on se tuait en forçant son cheval.

A chaque tragédie de ce type on ressort les statistiques des assurances qui font payer très cher les contrats des jeunes, forcément. Et tous les psychologues disent que les gens d’une vingtaine d’années ont véritablement le sentiment d’être immortels et qu’ils n’ont peur de rien.

Mais on insiste auprès de nos gosses de ne pas rouler vite et, par exemple, de ne pas imiter François. La belle affaire ? Pas sûr que ça ne serve à rien. Peut-être qu’il y aurait eu encore plus de victimes chez les jeunes Belges dans les années soixante si le grand stopper Laurent Verbiest n’était pas mort au bout de l’autoroute Bruxelles-Ostende en 1966. Et idem avec le décès au volant du super médian Ludo Coeck en 1985. Il vaut mieux être optimiste et espérer que la sortie de route de François ait servi à quelque chose… Qu’on imite son approche du foot mais pas sa manière de conduire.

Il y avait une vraie proximité des fans de foot avec le Liégeois, on l’a vu dans tous les stades de Belgique. Tout le monde connaissait l’attaquant extraverti, toujours positif et souriant. Et en gros, on l’adorait… Surtout qu’il ne vivait pas sur son île. Il y avait tout le temps du monde autour de lui. Il n’aurait pas voulu qu’on soit triste ? On peut le penser mais ça fait cliché à deux balles. Tous les fans du foot ont le c£ur lourd depuis une semaine. Même s’ils se sont habillés en beige et blanc pour faire plaisir à sa maman, même à l’enterrement :  » François adorait la vie, pas de noir ou de sombre, svp « .

Ce serait sympa qu’à l’avenir, de plus en plus de buteurs imitent son signe de victoire qu’il avait chipé à Luca Toni. C’était bien du François ça, imiter sans vergogne une idole de l’équipe nationale d’Italie, qui mesurait dix centimètres et pesait 15 kilos de plus que lui. Mais pour le Liégeois, rien n’était impossible, c’est pour ça que le geste de Toni est éminemment symbolique. Lui aussi était capable de sauter les divisions et d’aboutir en équipe nationale à un âge déjà avancé. Même trajectoire jusqu’à jeudi passé aux petites heures. Donc, à retenir en plus de rouler peinard : si tu veux, tu peux. Et si tu peux, tu dois… François n’a jamais douté de lui et a bossé. Sur le terrain, son mélange de vivacité et d’intelligence était explosif. Un attaquant flexible, en tout cas, qui faisait tout ce qu’il fallait pour gagner, quitte à irriter ses adversaires directs. Même s’il s’agissait de copains… mais ils finissaient toujours par lui pardonner parce qu’il était un gars d’ici qui tendait la main. Talent, charisme, roublardise, il avait tout ça en bien plus grandes quantités que des tas de joueurs de D1. Comme Verbiest, comme Coeck. Ciao François !

PAR JOHN BAETE

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