« Ce club n’est pas exsangue »

Après une année difficile en Grèce, il a trouvé refuge à Molenbeek.

Le climat s’est rapidement assaini au stade Machtens. Après une campagne des transferts effectuée à la va-vite et incomplète, le RWDM avait complètement loupé son retour parmi l’élite. Patrick Thairet, l’homme du tour final victorieux, a rapidement été lâché par la direction et prié de céder le relais à Emilio Ferrera.

Depuis son arrivée, le club a retrouvé des couleurs et surtout des points. A l’issue d’un derby bruxellois dont ils ont été les vainqueurs moraux, les Molenbeekois restent sur une belle série de dix points sur douze. La venue du Vigor Hamme, sociétaire de D3A, en Coupe de Belgique, ce dimanche, devrait permettre la poursuite de cette marche en avant.

Au-delà du savoir-faire du nouveau coach, il faut bien reconnaître qu’il dispose d’un noyau plus équilibré que son prédecesseur. Avec les arrivées de joueurs pour qui la D1 et ses vicissitudes n’ont plus aucun secret. Mike Origi est venu soutenir le marathonien russe Alexandre Kolotilko à la pointe de l’attaque, Edin Ramcic gère l’entrejeu tandis que Jimmy Smet déboule à toute allure sur le flanc droit défensif. Si les deux premiers cités ne sont plus de prime jeunesse et ne devrait plus permettre au club de réaliser une plus-value dans le futur, le Waeslandien possède, à 24 ans, l’avenir devant lui. Pour autant qu’il ne traîne plus en chemin.

Après une année d’exil peu fructueuse sous le soleil grec, Jimmy Smet a retrouvé ses habitudes belgo-belges. Il a réintégré sa région d’origine, le pays de Waes, et trouvé refuge à Waasmunster chez ses parents. Sportivement parlant, il n’a pas tardé à reprendre ses marques voire même à épater la galerie par son culot et son niveau de jeu. Au point que d’aucuns prédisent que la carrière du back droit va enfin débuter et qu’elle ne transitera pas très longtemps par le RWDM. Les dirigeants molenbeekois, qui lui avaient offert un contrat prudent de huit mois -soit jusqu’au terme de la saison-, l’ont bien compris et envisagent d’ores et déjà de lever l’option sur un bail de deux ans qu’il possède.

« Nous n’en avons pas encore discuté », affirme Jimmy Smet. « Néanmoins, il s’agit d’une marque de confiance et cela prouve qu’ils sont contents de ce que j’ai apporté au club jusqu’à présent. D’ailleurs, nous ne devons plus négocier. J’ai donné mon accord pour une option. Elle doit simplement être levée. Je ne veux présager de rien. Pour le moment, je suis très heureux au RWDM. Je verrais dans le futur quelles sont les ambitions réelles du club. Peut-être coincideront-elles avec les miennes? »

Celles du présent exercice sont très claires: il s’agit d’assurer le plus rapidement possible le maintien parmi l’élite. Pour ceux qui ont pu assister aux quatre dernières rencontres du second club de la capitale, l’objectif est (re)devenu réaliste. Il devrait même, sauf cascade de blessures -NDLA: le RWDM cherche toujours un attaquant supplémentaire car ce secteur est peu fourni- et de suspensions, être plus simple à atteindre que prévu.

« En Belgique, on m’avait oublié »

« Nous autres, joueurs, préférons ne pas nous emballer », affirme le back droit du RWDM. « Certes, ces dernières semaines nous ont permis d’engranger des points. Néanmoins, nous traînons toujours le début catastrophique avec 1 point sur 21. Pour preuve, malgré un bon 10 sur 12, nous stagnons encore à la 15e place au classement général. J’ai l’impression que, cette saison, il faudra rester encore plus vigilant que les années précédentes car le nombre de clubs concernés par la descente s’est amplifié. Néanmoins, jusqu’à présent, le RWDM n’a volé aucun de ses points. Au contraire, nous aurions pu en revendiquer deux de plus à Anderlecht ».

Un derby bruxellois lors duquel le talent de Jimmy Smet a explosé aux yeux du grand public. Il a mis à mal le flanc gauche du Sporting voisin et notamment fait passer, en compagnie de Bernard Allou, une mauvaise soirée à un Davy Oyen qui avait rêvé d’autres retrouvailles avec la compétition. Que Jimmy Smet soit un bon joueur de D1, ce n’est pas réellement une surprise. Mais qu’il n’émarge pas à un club plus huppé l’est. Pourtant, sa carte de visite abrite de très nombreuses sélections en équipe nationale Espoirs, le marche-pied vers les Diables rouges et un transfert vers une formation de tête.

« Des espoirs du football belge, il en sort tous les ans des dizaines et, forcément, tous ne parviennent pas à franchir le pas vers un club plus huppé. Je n’ai, à titre personnel, pas encore réussi cette ascension mais je n’ai que 24 ans et j’y crois encore. C’est la raison pour laquelle je ne peux que remercier le RWDM de m’avoir donné l’occasion de revenir dans le parcours. Cette saison est peut-être la plus importante de ma carrière car, depuis un an, j’avais disparu de la circulation et, en Belgique, c’est presque comme si je n’avais pas existé. Je dois me remettre en vitrine et prouver à nouveau que Jimmy Smet peut apporter un plus à une équipe ».

« Guillou ne voulait pas de moi à Beveren »

Il faut bien reconnaître que ce trou noir d’une saison, Jimmy Smet s’y est engouffré tout seul. Alors que des clubs belges et étrangers, néerlandais notamment, avaient frappé à sa porte il y a deux ans, il a sauté dans l’avion qui le menait à Iraklis Salonique, obscur club grec.

« J’avais 22 ans et ce que l’on me proposait, je ne pouvais décemment pas le refuser », reconnaît-il aujourd’hui. « J’aurais pu partir pour un club belge mieux coté que Beveren mais qu’y aurais-je gagné? Ici, tout le monde effectuait une affaire en or. Beveren, au milieu de ses déboires financiers, a reçu un chèque de 28 millions de francs belges. Moi, j’allais dans une compétition difficile mais avec un beau contrat qui portait sur quatre ans ».

Au décompte final, le petit Belge n’a pas souvent eu l’occasion de filer sur son flanc droit. Ses titularisations se comptent sur les doigts d’une main.

« J’étais la majorité du temps sur le banc des remplaçants », raconte-t-il. « Mon concurrent à droite était un joueur grec, ce qui n’arrangeait pas mes affaires. J’ai côtoyé l’attaquant cypriote Michalis Konstantinou, qu’Anderlecht a voulu débaucher avant qu’il ne signe pour le Panathinaikos, et le Libérien James Debbah, qui fit jadis un passage éclair au parc Astrid. A la fin de la saison, le club m’a fait savoir qu’il ne comptait plus sur moi. Après négociations, nous sommes parvenus à un accord. J’étais libre ».

Restait à trouver un club. Deux options belges se sont présentées avant sa venue au RWDM: La Gantoise et Beveren. « A Gentbrugge, le club désirait s’assurer mes services mais… pour la saison prochaine. Je n’avais pas envie de poireauter pendant un an à attendre. Au Freethiel, j’ai eu l’occasion de m’entraîner pendant un mois sous la houlette d’ Emilio Ferrera. Je l’avais déjà connu à ses débuts à Beveren. On se demandait qui était cet inconnu. Après un entraînement, nous avions compris qu’il en connaissait un bout sur le métier. Lorsqu’il a été débarqué, Jean-Marc Guillou m’a fait savoir que Beveren ne m’offrirait pas de contrat. J’étais sur le carreau ».

Le RWDM, malgré une enveloppe budgétaire qui n’est pas élastique, est venu à la charge.

« Personne ne tirait la gueule au RWDM »

« C’est vrai qu’au début je craignais d’arriver dans un club exsangue et appelé à descendre en D2 au terme de la saison. Même si, après avoir connu trois années difficiles sur tous les plans en D1 avec Beveren, je me suis forgé une carapace. Jouer sous pression et avec un stress constant, je connais. A Beveren, la direction est contrainte de faire jouer les jeunes du cru. C’est la raison pour laquelle le club donne l’impression d’avoir une bonne école des jeunes ».

Il a fallu attendre le limogeage de Patrick Thairet pour que le RWDM accélère la venue de ses acquisitions. En deux semaines, Smet, Ramcic et Origi sont arrivés.

« Quand j’ai intégré les entraînements à Molenbeek, j’ai été frappé par l’atmosphère du groupe. Malgré un énorme déficit en points, les joueurs ne tiraient pas la gueule. Tout le monde était même convaincu que le maintien était possible. J’ai également vu que ce noyau recelait du talent. Cela m’a conforté dans l’idée que le coup était jouable. De plus, l’adaptation au club bruxellois a été très simple. Le noyau est bilingue ».

Jimmy Smet est donc redevenu un joueur belge de D1. Au-delà des ambitions du club, il nourrit une obsession personnelle.

« Je veux effacer une année difficile. Une saison qui ne fut pas une erreur mais qui a retardé mon processus de progression. Je dois me montrer et aligner les bonnes prestations. Beaucoup de gens au sein même du football belge se demandaient ce que j’étais devenu. Cette année est vraiment très importante ».

Ce dimanche, le RWDM jouera en principe sur du velours en Coupe de Belgique contre le Vigor Hamme, qui abrite quelques anciennes gloires de l’élite comme Franky Frans (ex-Gand, Beveren et Harelbeke), Piet Verschelde (ex-Mouscron, Harelbeke, Mons et… RWDM) ou encore Peter Quintelier (ex-Alost et Turnhout).

« J’habite à Waasmunster à cinq minutes de Hamme. C’est ma région. D’ailleurs, pour nous rendre à l’entraînement à Bruxelles, je voyage avec Lambert Smid et Kris Vande Putte. Il est évidemment hors de question de snober la Coupe de Belgique… surtout quand on reçoit à la maison une équipe de D3. Car cette compétition peut déboucher sur des belles affiches. L’ambition reste d’aller le plus loin possible. Néanmoins, l’ensemble du club n’a qu’une seule priorité: assurer le maintien en D1″.

Jean-Marc Ghéraille

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