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Castors 100

L’équipe du Brabant wallon vient de franchir le cap des 100 victoires d’affilée en championnat de Belgique. Il y avait l’Union 60 en football, il y aura désormais les Castors 100 en basket.

En s’imposant 55-74 à Wavre Sainte-Catherine en demi-finale des play-offs de basket féminin, le lundi de Pâques, le Royal Castors Braine a, en effet, remporté sa 100e victoire d’affilée en championnat de Belgique. La dernière défaite remonte au 17 novembre 2013, lors d’un déplacement à Namur. Pendant ces quatre ans, il y a certes eu des défaites sur la scène européenne, et aussi une défaite en finale de la Coupe de Belgique, l’an passé, mais personne n’a fait obstacle aux Rongeuses dans la compétition nationale.

Cette saison-ci a pourtant été plus compliquée que les autres, avec de nombreuses blessures durant les premiers mois et une élimination européenne dès le premier tour. Mais elle demeurera historique pour le club du Brabant wallon : 100 victoires consécutives, ce n’est pas rien. Un moment, le bruit a circulé que le record mondial était de 111 et appartenait à UConn, l’université du Connecticut dont la série victorieuse dans le championnat universitaire américain a été stoppée le 1er avril 2017.

Les supporters jaune et bleu se disaient donc que le record absolu n’était plus très loin. Mais ils ont dû déchanter. Basketfeminin.com, un site internet spécialisé, a mis la main sur un record un peu plus ancien et bien plus impressionnant : l’équipe tchèque de Brno est restée invaincue pendant 256 matches entre le 7 février 1998 et le 10 février 2007.

 » Si je veux faire partie de l’équipe brainoise qui battra ce record-là, je devrai resigner pour cinq ou six ans, et pas pour une seule saison comme je viens de le faire. J’ai 35 ans, cela va être compliqué ! « , rigole l’ailier estonienne MerikeAnderson, l’une des deux joueuses – avec l’intérieure américaine CelesteTrahanDavis qui a également prolongé pour une saison supplémentaire – qui était déjà présente en novembre 2013 lorsque la série victorieuse a été entamée.

Un saut dans l’inconnu

Anderson est arrivée de Bulgarie, en 2013.  » Pour être honnête, je ne savais pas très bien où je mettais les pieds. J’étais même un peu inquiète : j’avais fêté cinq titres dans cinq pays différents et je débarquais dans un club dont le palmarès était encore vierge. En jouant mes premiers matches de championnat, j’ai constaté que le niveau n’était pas très élevé. J’étais à cent lieues de m’imaginer qu’au fil des années, les trophées allaient s’accumuler à un tel rythme dans les armoires du club.  »

Même constat chez Trahan-Davis, 31 ans. Elle débarquait de Suisse.  » Moi aussi, j’effectuais un pas dans l’inconnu. J’étais un peu nerveuse. Je ne connaissais rien de la Belgique, et encore moins de son championnat. Au fil des semaines, je découvrais des équipes comme Waregem ou Willebroek, qu’on me présentait comme de bons adversaires, mais dont je n’avais jamais entendu parler. Au fil du temps, j’ai appris à apprécier la Belgique.

Aujourd’hui, je peux le dire : I love Belgium ! Quoi en particulier ? Les gaufres, la bière, le chocolat… (elle rit) Oui, je sais : ce sont des clichés que les Américains se font souvent de la Belgique. Plus sérieusement : ces produits sont excellents, mais ce que j’apprécie le plus, ce sont les gens. Je suis heureuse ici. Au point que, si je décidais de m’établir en Europe au terme de ma carrière, la Belgique serait certainement le pays que je choisirais.  »

Que signifient ces 100 victoires d’affilée ?  » Elles veulent dire beaucoup. C’est la récompense de tout le travail effectué, de tous les efforts réalisés. Nous pouvons donc dire, Merike et moi, que nous avons écrit l’histoire du club.  »

Pas un long fleuve tranquille

Cette performance reflète-t-elle d’abord la force de l’équipe, ou plutôt la faiblesse des adversaires ? Un peu des deux, forcément. C’est vrai que seules deux ou trois équipes peuvent réellement nous pousser dans nos derniers retranchements en championnat de Belgique, mais d’un autre côté, on ne peut pas passer sous silence le sérieux de ce club. L’équipe est composée de joueuses talentueuses, mais aussi très fortes mentalement et qui accomplissent aussi un gros travail en amont. Elles sont constamment focalisées sur leurs objectifs.

Si deux joueuses ont vécu l’intégralité de l’aventure, un homme est également présent depuis le début : l’assistant-coach PatrickMuylaert. Les coaches se sont succédé, lui est resté. Car, paradoxalement, ces quatre saisons ne se sont pas déroulées comme un long fleuve tranquille. Cinq entraîneurs ont défilé sur le petit banc : ThibautPetit, le Letton AinarsZvirgzdins, JurgenVanMeerbeeck, PhilipMestdagh et de nouveau Ainars Zvirgzdins actuellement.

 » Avant cela, il y a eu JeanLucCornia, qui a stabilisé le club en D1 pendant les deux premières saisons « , rappelle Muylaert.  » Cela avait mal commencé : par… 13 défaites d’affilée. Mais c’est lui qui a jeté les bases. Petit a été le premier coach professionnel du club. C’est le début de la belle histoire : le club a engagé un coach professionnel, sept ou huit joueuses professionnelles, les premières étrangères…

Avec Zvirgzdins, on est passé un cran au-dessus : c’est un coach du top, très exigeant, très rigoureux sur la défense, et qui analyse le jeu adverse à la perfection. Nos joueuses savent exactement ce qu’elles doivent faire et ne pas faire pour gagner. C’est avec lui qu’on a réalisé cette fabuleuse campagne d’Eurocoupe (la Coupe d’Europe n°2, ndlr) qui nous a menées jusqu’en finale. Même sur la scène européenne, nous étions quasiment invincibles.

Repositionner le club en Europe

Van Meerbeeck a eu la lourde tâche de succéder à Zvirgzdins. Il a essayé d’apporter son expérience du basket masculin, mais malheureusement, le courant n’est jamais passé avec le groupe de joueuses. Mestdagh, arrivé à la rescousse, avait l’avantage, en tant que coach de l’équipe nationale, de connaître la plupart des joueuses, et les joueuses le connaissaient également.

Zvirgzdins est revenu en janvier de cette année alors que l’équipe était déjà éliminée de toute compétition européenne. On compte sur lui pour ramener un nouveau doublé coupe-championnat (la coupe a déjà été gagnée, le mois passé, contre Waregem, ndlr), mais surtout pour repositionner le club sur la carte du basket européen la saison prochaine.  »

 » Quand on n’a que le championnat de Belgique à se mettre sous la dent, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est forcément moins excitant « , reconnaît Trahan-Davis.  » Ce qui motive la plupart des joueuses, c’est surtout de faire des résultats sur la scène européenne. Mais, d’un autre côté, c’est aussi un défi pour nous : nous devons veiller à ne jamais perdre notre concentration, même lorsqu’on sait que la victoire sera au bout, quoi qu’on fasse. Ces matches nous servent aussi à roder les systèmes de jeu. Et, comme on a connu beaucoup d’entraîneurs, les systèmes ont souvent changé. Ce coach-ci est très malin.  »

Braine dispute actuellement la finale des play-offs contre Willebroek, avec un 4e titre comme objectif. Le match aller a eu lieu samedi passé dans le Brabant wallon, le match retour est prévu ce samedi dans la province d’Anvers. Belle éventuelle le lundi 1er mai.

par Daniel Devos – Photo Belgaimage

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