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CASA DIABOLIX

Après un long calvaire, les Diables Rouges sont enfin chez eux à Tubize. Visite du nouveau centre national.

Il va falloir l’expliquer aux jeunes lecteurs de ce magazine. En 2000, la Belgique a coorganisé l’EURO avec les Pays-Bas et a investi la moitié des gains dans la construction d’un nouveau centre d’entraînement. A l’époque, les Hollandais avaient Zeist et les Français, Clairefontaine tandis que les Belges s’entraînaient encore à Kraainem, dans la banlieue bruxelloise, sur un terrain mis à leur disposition par le Crédit Communal, qui allait devenir Dexia puis Belfius. Les vestiaires étaient simples, on se serait cru dans un bon club de tennis amateur avec, à l’étage, un bar sympa où journalistes, joueurs et entraîneurs fraternisaient et discutaient après l’entraînement. Le temps qui passe n’amène pas que des changements positifs.

Pour Jan Peeters, président de l’Union belge à l’époque et aujourd’hui décédé, le nouveau centre d’entraînement ne devait pas être rentable.  » Il faut juste qu’il ne nous coûte pas trop cher « , disait-il. Rentable, il n’aurait d’ailleurs pas pu l’être car pour cela, il lui manquait un élément essentiel : l’hôtel. Pour des raisons de subsides, le centre fut construit à Tubize, la ville du bourgmestre Raymond Langendries. La Région Wallonne et la Province du Brabant flamand semblaient prêtes à investir tandis que l’Union belge voulait bien y consacrer cinq millions d’euros. Mais sur le plan hôtelier, Tubize était un trou perdu, une région agricole dans un paysage rappelant encore le lointain passé des Forges de Clabecq. Ici, pas besoin d’hôtel. Le centre national d’entraînement tombait donc dans l’oubli.

De temps en temps, on nous le montrait à la télévision. René Vandereycken y organisait les entraînements de l’équipe nationale A, les équipes d’âge s’y entraînaient et y jouaient leurs matches tandis que le club de Tubize utilisait également les installations l’hiver, lorsque ses terrains étaient trop mauvais. Mais toujours pas d’accord avec une chaîne d’hôtels et donc toujours pas d’équipe en stage. Les séances d’entraînement des Diables Rouges étaient suivies d’une conférence de presse improvisée dans la cafétéria où les gens étaient pressés comme des sardines. Ce manque d’organisation dérangeant fortement Dick Advocaat et Marc Wilmots, l’équipe nationale quittait les lieux.

Il y a trois ans, le projet renaissait de ses cendres lorsque l’Union belge investissait dans un nouveau bâtiment administratif puis dans un hôtel qu’elle louait à la chaîne John Martin, à charge pour celle-ci de l’exploiter. Vendredi, lors de l’ouverture, la fédération était incapable de dire combien le Center of Excellence avait coûté au total.  » Entre 12 et 15 millions d’euros « , estime Bob Madou, directeur de la communication. S’il est difficile de faire les comptes, c’est en raison des subsides car quand on fait quelque chose pour le football, une partie des frais peuvent être remboursés par la FIFA ou l’UEFA.

L’hôtel dans lequel les Diables Rouges logent pour la première fois est beau. On ne baigne pas dans le luxe, c’est plutôt un hôtel de sport et d’affaires dont les chambres ne sont pas très grandes, un peu spartiates même, mais qui met l’accent sur la technologie et les moyens de communication. L’hôtel est ouvert au public. Il accueille surtout des hommes d’affaires car, hormis le Bois de Hal, très joli au printemps, il n’y a guère d’attractions touristiques dans le coin. Le grand défi consiste maintenant à le rentabiliser. Pour cela, l’Union belge mise surtout sur des clubs sportifs. Le YRFC Malines, dont le président fait partie du Comité exécutif de l’Union belge, montre déjà l’exemple puisqu’il envisage d’y organiser son prochain stage hivernal.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS BELGAIMAGE – VIRGINIE LEFOUR

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