Avec Van den Spiegel et Lauwers, le distributeur fut quatrième du Championnat d’Europe Cadets à Tarbes.

Depuis le début de la saison, et à l’exception du déplacement à Bree où il était blessé, RoelMoors – 23 ans, d’origine lierroise et transféré d’Anvers durant l’été – a entamé chaque match de Charleroi dans la peau du distributeur titulaire. « Faire partie du cinq de base n’est pas le plus important à mes yeux », affirme-t-il. « L’essentiel est de bénéficier de temps de jeu et d’avoir la confiance du coach. C’est le cas pour l’instant, je peux donc considérer ces premiers mois au Pays Noir comme un succès ».

D’autant que son genou, qui lui avait causé tellement de tracas ces deux dernières années, semble tenir le coup: « C’était un problème à la rotule que j’avais depuis la naissance. Cela ne m’avait pas handicapé dans la vie de tous les jours, mais à partir du moment où j’ai été soumis à un régime de sportif professionnel, la douleur s’est intensifiée avec la multiplication des entraînements. Après consultation avec le médecin et le kiné du club, on a décidé qu’il était préférable que je me fasse opérer. Une première intervention a eu lieu en décembre 2000 et une seconde en juillet 2001. J’ai réintégré l’équipe en février 2002. Une formation anversoise en plein marasme. On a dû disputer le groupe B du championnat, sans aucun intérêt. On a loupé la finale de la Coupe de Belgique, alors qu’on avait fait le plus difficile en remportant la demi-finale aller à Wevelgem. Le groupe a explosé. TonyVandenBosch a présenté sa démission, avant de revenir. Quelques joueurs, comme PaulBayer et StefanSappenberghs, ont été priés de se chercher un nouvel employeur malgré l’année de contrat qui leur restait. En ce qui me concerne, je pouvais rester mais j’ai bien compris qu’un éventuel départ soulagerait les finances du club ».

Le train est passé deux fois

Or, malgré la saison catastrophique d’Anvers et les problèmes physiques du joueur, Charleroi a manifesté de l’intérêt pour Roel Moors. « Les Spirous s’étaient déjà intéressés à moi l’année précédente », se souvient-il. « A l’époque, j’avais refusé car je voulais terminer mes études. C’est désormais chose faite: j’ai obtenu mon diplôme de régent en mathématique, physique et économie au terme de trois années de cours. Combiner sport et études n’a jamais posé de problèmes aussi longtemps que je demeurais dans un club moyen. Au Brussels, les entraînements n’avaient lieu que le soir. A Anvers, j’étais autorisé à faire l’impasse sur les séances du matin. A Charleroi, c’eut été impossible. L’intérêt manifesté par les Spirous était inespéré après les deux opérations que j’avais subies. Dans mon esprit, il était clair que je n’allais plus laisser passer cette deuxième opportunité. Au départ, l’incertitude a plané sur mon affectation. J’ignorais si j’allais réellement rejoindre les Spirous, ou plutôt être prêté à Louvain ou à un autre club. Lorsqu’il s’est avéré que j’évoluerais bel et bien avec Charleroi, j’ai mis tous les atouts dans mon jeu. Pendant l’été, je me suis surtout reposé. Cela a été dur pour moi, car j’ai toujours eu l’habitude de faire beaucoup de sport – pas nécessairement du basket – pendant la période estivale. Cette inactivité forcée m’a fait beaucoup de bien. Mon genou a guéri et je n’ai rien perdu de ma condition. Les tests physiques passés avant la reprise des entraînements étaient positifs. Je suis arrivé à Charleroi plein d’ambitions. Celle, d’abord, de remporter la coupe et le championnat. Celle, ensuite, de continuer à progresser. Celle, enfin, de démontrer que je suis capable d’évoluer à un tel niveau ».

Une progression linéaire

Jusqu’ici, la carrière de Roel Moors a suivi une progression linéaire, seulement contrariée par les problèmes au genou. « J »ai toujours bien choisi mes clubs, en essayant de progresser dans la hiérarchie sans brûler les étapes. Au Brussels, j’ai pu jouer 35 minutes en D1. C’était un tremplin idéal pour un jeune. Trop de joueurs, à mon avis, optent trop rapidement pour l’argent. Anvers, c’était un autre choix mûrement réfléchi. Le club avait été champion la saison précédente, mais tout le groupe avait émigré à Ypres. Il fallait donc tout reconstruire. La première année, cela a très bien marché, grâce notamment à un duo d’Américains très performants: OtisHill et ShaunStonerook. La deuxième année, ce fut la poisse. Après un match, le nouvel Américain NakeiaMiller -qui vient d’être coupé aux Sacramento Kings- a été convaincu de dopage et renvoyé. Pendant les premiers mois, l’équipe a fait illusion grâce aux bonnes prestations de PieterLoridon et de Paul Bayer. Mais la situation a empiré au fil du temps. J’ai la chance de pouvoir me concentrer sur le basket sans prêter attention aux problèmes extrasportifs. Malgré le contexte, je me suis efforcé de travailler pour retrouver mon meilleur niveau ».

Un travail qui l’a conduit à Charleroi. S’il s’est facilement intégré dans l’équipe, c’est un peu plus dur en dehors des parquets. « Heureusement qu’on a inventé l’Internet! Je passe de nombreuses heures devant mon ordinateur. Car, en ville, il n’y a pas grand-chose à faire… »

Former un groupe durable

Et l’équipe nationale? Avec l’Ostendais GerritMajor, il incarne l’avenir à la distribution. Son intégration débutera sans doute dès à présent. « J’espère que la nouvelle génération se montrera à la hauteur. Pour un petit pays, ce n’est pas facile de rivaliser avec les ténors. Pourtant, en jeunes, j’ai souvent obtenu de bons résultats avec les sélections. Je me souviens d’une 4e place au Championnat d’Europe Cadets, à Tarbes. Des joueurs comme TomasVandenSpiegel et DimitriLauwers, pour citer les plus connus, faisaient partie de l’équipe. D’autres ont poursuivi leur carrière à un niveau inférieur. PatrickLauwerijs et TimVandenEynde jouent à Willebroek, en D2. PietHoogmartens, qui joua six ans à Houthalen, a dû redescendre en division régionale à la suite d’un problème au genou. Le secret de notre réussite, c’était d’avoir formé un véritable groupe qui a joué ensemble pendant quatre ans. C’est vers cela que l’on doit tendre actuellement. Pour l’instant, on ne trouve pas beaucoup de jeunes distributeurs belges de niveau international. C’est sans doute dû au choix des clubs, qui optent de plus en plus souvent pour un meneur de jeu américain. Avec en plus l’afflux de Bosman B, les possibilités de jouer en D1 s’amenuiseront de plus en plus pour les jeunes Belges. J’espère que d’autres clubs suivront l’exemple de Pepinster. Car, si l’on n’offre pas aux jeunes Belges la chance – que j’ai eue au Brussels – de jouer en D1, l’avenir sera bouché ».

Daniel Devos

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