CARNETS DU BOURLINGUEUR

Après de nombreuses expériences, le médian français de 24 ans veut se poser chez nous.

Dalmat : ce nom ne vous est pas inconnu. Mais vous ne confondez pas avec son frère ? Si, sans doute. Alors, il est temps de passer aux présentations. Nom : Dalmat. Prénom : Wilfried. Profession : footballeur professionnel. Caractéristique : frère de Stéphane, autrefois actif à l’Inter et à Tottenham et sur le point de signer à Bordeaux. Souhait : voudrait qu’on l’apprécie pour ses qualités, pas pour celles de son frère.

Voilà résumés, en termes télégraphiques, la carrière et les v£ux du nouveau transfuge de Mons. Pourtant, quand on creuse un peu, on tombe sur un garçon charmant qui n’a pas encore connu la chance de pouvoir s’épanouir en toute tranquillité dans un club qui lui donne toute sa confiance. A 24 ans, il a déjà usé ses chaussures dans les vestiaires de cinq clubs et de trois pays différents. Le voilà à la découverte de son quatrième pays et de sa sixième formation.  » Je veux me stabiliser. J’ai signé un contrat de deux ans et je voudrais tellement aller jusqu’au bout. Ensuite, j’ai une option pour deux saisons et à ce moment-là, on verra ce que les dirigeants décideront. Mais je veux appartenir à un club, à un projet et m’y impliquer. Chose que je n’ai jamais faite ou pu faire, jusqu’à présent. J’aimerais laisser mon empreinte à Mons « .

Voilà en tous cas un discours qui a dû plaire à José Riga, qui privilégie toujours l’envie d’un élément et sa philosophie du métier avant les qualités intrinsèques. Retour sur le parcours chahuté de Wilfried Dalmat.

Nantes (2001-janvier 2002)

L’image du frère de Wilfried a toujours eu une importance prépondérante dans sa carrière.  » Je me suis inscrit dans un club de foot parce que Stéphane avait décidé d’opter pour le football. S’il s’était tourné vers le basket, j’aurais sans doute fait le même choix. De Tours, d’où notre famille est originaire, j’ai rallié le centre de formation de Nantes à 13 ans alors que Stéphane débutait à Châteauroux à 17 ans. Quand je suis devenu pro à 18 ans, j’étais fier d’être son petit frère. Sa réussite servait mes intérêts car les gens appréciaient l’arrivée en D1 d’un deuxième Dalmat. Après, cela a commencé à devenir pesant car j’avais l’impression à chaque fois que l’on était déçu que je ne sois pas Stéphane. Mon frère est davantage un meneur que moi. C’est un technicien qui sait jouer des deux pieds et qui dispose d’une certaine puissance et d’une bonne vision du jeu. Moi, je suis un joueur de couloir. Je possède une bonne vitesse et de la percussion mais je suis moins complet que mon frère « .

A Nantes, pourtant, sa carrière débute sous les meilleurs auspices. Par un titre.  » Sur mon CV, il est écrit champion de France en 2001 mais je ne considère pas ce sacre comme le mien. Je n’ai disputé que la dernière rencontre de championnat et le titre était déjà acquis « . La saison suivante, durant six mois, toujours sous la houlette de Reynald Denoueix, il perce au plus haut niveau.  » J’ai disputé six rencontres de Ligue des Champions et je me souviens notamment d’un but inscrit contre le PSV Eindhoven (4-1). Mes débuts étaient encourageants. Je faisais toujours partie des 18 et j’ai joué pas mal de matches mais les résultats étaient catastrophiques, et en janvier, Denoueix a été limogé. Je n’ai pas bien compris cette décision. Il venait d’offrir le titre à Nantes. Il était très posé et philosophe, et il connaissait très bien le football et en particulier le jeu à la nantaise que l’on nous inculque dès l’âge de 15 ans. On évite les actions individuelles. Tout est basé sur le collectif, sur un ensemble de passes courtes et sur le mouvement. On essaie de trouver les intervalles et de multiplier les appels afin de libérer des zones pour nos équipiers. Les longs ballons sont proscrits « .

Le départ de Denoueix et son remplacement par Angel Marcos scellent la carrière du jeune Dalmat à la Beaujoire.

Marseille (janvier 2002-juin 2002)

 » Marcos m’a dit qu’il fallait absolument redresser la barre et qu’il comptait surtout sur les plus expérimentés. Il a ajouté qu’il voulait que je sois prêté à un club de Ligue 2. J’étais d’accord car j’avais envie de temps de jeu. A ma grande surprise, mon agent m’a appelé pour me dire que j’irais finalement en prêt à… Marseille. Il avait reçu un coup de téléphone de Bernard Tapie qui m’avait apprécié lors des matches de Ligue des Champions. J’ai disputé neuf rencontres comme titulaire et le match contre le PSG restera gravé dans ma mémoire. C’était l’époque de Vedran Runje, Daniel Van Buyten et Franck Leboeuf. Nous avons gagné 1-0 et c’était le feu. J’avais des frissons sur la pelouse tellement nous étions portés par les supporters.

En dehors de l’aspect sportif, c’était vraiment le bordel. Tapie était à peine revenu au club et cela ne se passait pas comme il l’avait prévu. J’ai assisté à des discussions vives entre les dirigeants et le manager et même à un début de bagarre entre un joueur et un membre de la direction. J’avais 19 ans et j’étais choqué. Pourtant, je garde le souvenir d’une ville qui vit au rythme de son club de football « .

Châteauroux (janvier 2003-juin 2003)

Après six mois sur la Canebière, le voilà de retour sur les bords de la Loire.  » Marcos m’avait appelé pour me dire qu’il souhaitait que j’intègre le groupe à la reprise. Comme ancien centre-avant, il était fort proche des attaquants et des joueurs offensifs du noyau. Il m’a fait confiance durant six mois mais en janvier, comme nous étions éliminés de la Coupe de France, il m’a annoncé qu’il me voyait comme doublure de Frédéric Da Rocha pour le reste de la saison. Moi, je suis un amoureux du jeu et j’ai envie de me retrouver sur le terrain chaque week-end. J’ai sollicité un prêt et j’ai abouti à Châteauroux où j’ai côtoyé Eric Rabésandratana.

Je ne conserve pas un bon souvenir de ce passage en Indre. J’étais considéré comme un joueur de Ligue 1, et moi, si je descendais en L2, c’était pour effectuer six mois pleins. Pourtant, il y a une grande différence entre les deux divisions. C’est plus physique en L2 et je n’étais pas préparé à cela. J’ai eu beaucoup de regrets d’avoir accepté ce défi « .

Grenoble (août 2003-janvier 2004)

Deuxième retour à Nantes. Marcos a laissé place à Loïc Amisse.  » Il m’a dit que je serais son quatrième choix à mon poste de médian droit. Or, je ne souhaitais plus être prêté. J’ai cassé mon contrat et je suis parti à Grenoble, qui avait plein de beaux projets : un nouveau stade et une volonté de jouer les premiers rôles en vue d’arracher la montée. D’ailleurs, ils avaient réalisé de bons transferts comme celui de Frédéric Jay, aujourd’hui à Mons. Mais, tout cela, c’était du vent. J’y ai connu les pires six mois de ma carrière. Ils m’ont pris pour un messie. Comme si j’allais faire monter le club à moi tout seul. Après trois défaites, tout le monde me pointait du doigt. J’étais sous pression et j’ai eu une incartade verbale avec des supporters. Je l’ai payé cash car à partir de ce moment-là, j’ai été sifflé à chaque touche de balle. Je n’arrivais plus à réaliser une passe, un dribble. Je montais sur le terrain avec la peur au ventre et comme les résultats ne suivaient pas, dans les vestiaires, chacun rejetait la faute sur un autre.

En janvier, j’ai eu envie de tourner la page. J’étais fragilisé mentalement. L’objectif du début de saison était irréaliste. Rien n’était prêt pour la montée. Ce club n’avait rien d’un club professionnel « .

Lecce (janvier 2004-juin 2004)

Au fond du trou, il rebondit à Lecce.  » Je n’ai été que trois fois titulaire mais cette expérience fut une grande bouffée d’oxygène. J’ai repris goût au foot et j’ai côtoyé les grands joueurs de la Juventus, du Milan AC, etc.

Ernesto Chevanton était notre grande vedette et notre entraîneur, Delio Rossi, nous inculquait un style typiquement italien. On travaillait énormément la tactique. Tous les jours, on répétait les aspects défensifs d’une rencontre. Comme nous étions dans la zone de relégation, chaque partie s’assimilait à un combat « .

Grenoble (août 2004-juin 2005)

Nouvelle parenthèse. Lecce ne renouvelle pas le prêt et Wilfried Dalmat retourne à Grenoble.  » Les clubs ne se bousculaient pas au portillon. Toutes les pistes tombaient à l’eau. C’est à cette époque que j’avais eu des pourparlers avec Mouscron. Tout était réglé. Il n’y avait plus qu’à signer mais pour un problème de managers, Mouscron a laissé tomber. Le club ne voulait pas travailler avec plusieurs agents sur un même dossier.

Moi, je commençais à pâtir d’une étiquette de joueur instable. Il faut dire que je changeais de club tous les six mois ! Pourtant, je ne suis pas un voyou et je n’ai jamais connu de problèmes avec un entraîneur. Je suis plutôt d’un naturel introverti. Sur un terrain, je n’ai pas l’âme d’un leader. Je parle peu et si un entraîneur décide de me placer sur le banc, je n’en fais pas une montagne. Par contre, si la situation perdure, alors j’irai lui demander une entrevue pour voir s’il compte sur moi. Le coach de Grenoble, Thierry Goudet, m’avait clairement dit : -Je veux que tu partes. Tu ne joueras plus. Finalement, je ne suis pas parti. Je n’avais pas envie de fuir et je voulais affronter l’obstacle. Au final, j’ai disputé 17 matches sur la saison. Jamais comme titulaire indiscutable. Toujours dans la peau d’un intérimaire. Les relations étaient cependant meilleures dans le groupe « .

Santander (août 2005-juin 2006)

 » Mon frère avait été contacté par Santander qui cherchait également un médian droit. Un jour, Stéphane me téléphone et me raconte toutes les négociations le concernant puis il conclut en disant : -Et tu viens avec moi. On part lundi. C’était la première fois que nous nous retrouvions ensemble sous le même maillot. Je savais que tout le monde allait me comparer à lui et qu’on allait affirmer que Dalmat avait été transféré en incluant son frère dans son contrat. Lui était attendu comme le meneur de l’équipe, une star, mais il a eu du mal à s’adapter à la vie en Espagne.

Au début du mois d’octobre, il était mis de côté. Il a eu des problèmes personnels et il a un peu lâché. Moi, c’est à cette période-là que j’ai commencé à rentrer dans l’équipe. J’ai séduit les observateurs qui avaient trouvé une formule : Stéphane Dalmat el malo y su hermano el bueno (Stéphane Dalmat le mauvais et son frère le bon). Alors que la donne était toute différente deux mois auparavant. C’était la première fois que la comparaison tournait en ma faveur « .

Mais en janvier, Stéphane Dalmat entre en conflit avec le club qui a déplacé la reprise des entraînements au 29 décembre, après l’avoir fixée au 2 janvier.  » Nous avions réservé nos billets d’avion et ceux de la famille pour nous rendre en Martinique. La direction a refusé la demande de Stéphane de pouvoir rentrer le 2 janvier. Notre agent nous a dit de partir tranquillement en vacances, qu’il s’occupait de l’affaire. Personnellement, comme je venais de faire mon trou, j’aurais été prêt à revenir le 29 décembre. Lorsque nous avons débarqué à l’entraînement le 2, nous avons reçu une amende et je n’ai plus été aligné qu’une fois. Contre Alavès, je rentre et je marque. Par la suite, le président a dit à mon agent qu’il s’excusait et que je méritais de jouer mais que la faute en incombait à mon frère. S’il n’y avait pas eu ce problème, je serais toujours là-bas « .

La période des essais

 » Je pouvais partir en D2 espagnole ; faire des essais à Leeds et Crystal Palace mais on m’a appelé pour me dire que Mons cherchait un médian droit. José Riga était intéressé mais se posait quand même certaines questions sur ma mentalité. J’ai été immédiatement séduit par son discours. Il voulait des éléments qui tirent tous dans le même sens, il désire faire progresser chaque joueur et il a affirmé que sa porte était toujours ouverte et qu’il privilégiait toujours le dialogue. Je sais que tout le monde n’était pas d’accord sur ma venue et que c’est l’entraîneur qui a insisté mais c’est à moi de prouver à ces personnes qu’elles ont eu tort « .

Contre Saint-Trond, Dalmat a déjà fourni un élément de réponse : un assist et un but. Et promis, on ne parlera plus de son frère…

STÉPHANE VANDE VELDE

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