Carlos Tevez

Voici pourquoi, à 26 ans, l’ex-attaquant de Man City (et de Boca Juniors, Corinthians, West Ham et Man U) éclate avec l’Argentine.

Positif

Carlos Tevez est un véritable pitbull sur un terrain. Il est constamment en mouvement et il ne relâche jamais la pression qu’il imprime sur les défenseurs adverses. Il adore se retrouver dans un étau, entouré de plusieurs adversaires. Il parvient alors à donner la pleine mesure de son esprit combattif pour se sortir des situations les plus délicates.

L’Argentin s’appuie sur une excellente technique typiquement sud-américaine. Paradoxalement, c’est à l’arrêt qu’il est le plus déroutant. Il enchaîne, au départ d’une situation statique, les roulettes, les retirés-semelles et les dribbles dévastateurs avec une dextérité étonnante sur quelques mètres.

Son volume de jeu est impressionnant pour un attaquant de pointe.

Son rayon d’action se situe bien au-delà des 16 mètres adverses. Il n’hésite pas à décrocher très bas dans le jeu pour offrir des solutions au porteur du ballon et pour ouvrir des espaces pour les plongées des médians. En perte de balle, il ne rechigne jamais à effectuer sa part de boulot et son pressing est très souvent réalisé à bon escient et, qui plus est, super efficace.

Le jeu en profondeur constitue un véritable label chez le coéquipier de Vincent Kompany. Même quand il joue en appui ou qu’il décroche très loin, c’est pour mieux repartir en appel de balle profond. Quand il se place en pointe, il se positionne à l’extrême limite du hors-jeu pour plonger dans le dos des défenseurs.

La frappe de balle fait partie de ses grandes qualités. Son pied droit est terriblement dévastateur et, de plus, c’est un joueur qui prend ses responsabilités dès qu’il est en position de tir. Il est aussi très adroit sur coup franc mais il doit, malheureusement pour lui, composer avec une armada de grands frappeurs dans les équipes dans lesquelles il évolue. Il doit souvent laisser sa place à d’autres dans ce domaine spécifique.

La vitesse de démarrage est également de très bon niveau. Sa petite taille (1m73) et sa puissante musculature (77kg) le rendent très explosif sur les premiers mètres. Son physique râblé lui permet d’être très solide sur ses appuis et de résister aux duels. Le haut du corps est aussi très développé chez lui ce qui lui permet de résister aux charges franches de ses adversaires.

Il possède beaucoup de feeling dans les 16 mètres. Il fixe très bien le gardien qui vient à sa rencontre et la qualité de son tir, de sa technique et de ses premiers mètres lui permet de faire la différence.

Son rôle d’attaquant dans un système en 4-4-2 lui convient à merveille. Contre la Corée du Sud, jeudi dernier, Gonzalo Higuain, son compère en pointe, a pleinement profité des espaces qu’il crée pour ses partenaires en bougeant constamment. Le trio offensif (avec Lionel Messi comme troisième larron) démontre une très grande complémentarité.

Négatif

Le jeu de tête fait partie de ses lacunes et sa taille n’y est bien sûr pas étrangère. Il marque très peu de la tête et quand il le fait, c’est le plus souvent sans opposition en coupant une trajectoire au premier poteau ou en se faisant oublier au second. Il peut alors se montrer très adroit et mettre beaucoup de puissance dans ses reprises du front. Lors de duels aériens, malgré une bonne détente, il est souvent battu par des défenseurs à qui il rend une bonne vingtaine de centimètres.

Il fait souvent preuve d’ un excès d’individualisme. Entouré de trois adversaires, avec une passe facile à transmettre à un partenaire totalement démarqué, il préfère fréquemment conserver le cuir pour tenter l’action individuelle. Ce côté peu altruiste irrite ses coéquipiers quand il perd le ballon ou quand le match ne tourne pas dans le bon sens pour son équipe.

Il fait preuve d’une telle activité sur un terrain que cela peut nuire à son rendement dans certaines périodes de match. Il manque parfois de fraîcheur dans les 20 derniers mètres, payant sa débauche d’efforts dans les secondes précédant l’action où il doit se montrer décisif. En fin de rencontre, son coach le remplace souvent pour lancer un joueur frais.

La lourdeur de son tir du pied droit est telle qu’on diagnostique son gauche comme un point faible. Pourtant, il peut se montrer très adroit avec son deuxième pied, notamment dans les frappes enroulées. En puissance pure du gauche, il présente un net déficit par rapport au droit, qu’il utilise prioritairement.

Son jeu en combinaisons courtes constitue une grosse lacune. Il éprouve des difficultés à jouer en déviation car il a tendance à vouloir toucher le ballon plusieurs fois avant de s’en débarrasser. Dès qu’il se rapproche du but adverse, il se sent attiré par celui-ci, préférant tenter sa chance plutôt que de chercher le partenaire mieux placé ou de s’appuyer sur un une-deux.

Le fait de se placer à hauteur du dernier défenseur l’amène à être souvent sanctionné en position hors-jeu. Il doit encore progresser dans ses démarquages et plus utiliser le contre-appel pour contourner l’alignement du quatre arrière adverse. Surtout que sa vitesse lui permet de partir de plus loin.

Son caractère bien trempé peut se retourner contre lui avec des attitudes provocatrices principalement vis-à-vis des adversaires. Il lui arrive aussi de narguer ses opposants et d’enlever son maillot (avec carte jaune à la clé) après avoir inscrit un but. Pour son coach, il n’est pas toujours facile de le gérer tant il a la tête près du bonnet.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

Par Étienne Delangre

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