Caractère de feu

L’ex-milieu de terrain malinois a signé pour cinq ans au Standard. Présentation d’un personnage encore méconnu au sud du pays.

Il se serait volontiers vu à Bruges, mais la direction malinoise avait mis son véto, et malgré la déception d’un transfert avorté, il avait promis de se livrer avec autant d’enthousiasme qu’autrefois pour les Sang et Or. Suite au départ d’ AxelWitsel, et anticipant celui de StevenDefour, c’est le Standard qui est venu à la charge. Une deuxième chance de franchir un palier s’est présentée à lui. Son style de jeu aurait sans doute très bien plu aux Blauw en Zwart, et il n’y a pas de raison qu’il ne convienne pas aux Rouches. Pourtant, c’est sans doute avec un Anderlechtois qu’on pourrait le mieux le comparer : il y a dans son jeu du LucasBiglia, dont il a en commun les cheveux blonds et l’activité mais pas la taille : il est plus grand (1m82) que l’Argentin. A Malines, il est devenu une pièce centrale dans l’entrejeu, en récupérant des ballons et en les distribuant de façon intelligente, sans que cette activité soit nécessairement concrétisée par des assists ou des buts.

Formé au Lierse, avant de passer chez le rival

Né le 10 mars 1988 à Duffel, Buyens est un pur produit du Lierse où il a effectué toutes ses classes avant de débuter en équipe Première sous la direction de RenéTrost, puis de KjetilRekdal et de HermanHelleputte. L’un de ses coéquipiers était, à l’époque, l’actuel entraîneur du Cercle Bruges, BobPeeters.

 » Il n’y a aucune comparaison possible entre le Yoni d’alors et celui d’aujourd’hui « , estime-t-il.  » C’était à l’époque un garçon encore timide. On voyait qu’il avait certaines capacités, mais il devait encore s’affirmer. Il manquait d’accélération, jouait toujours sur le même rythme. Puis, à un moment donné, il s’est retrouvé un long moment sur la touche à cause d’une blessure et il a pris du poids. On lui a fait certaines remarques à ce sujet et il a retenu la leçon. La saison dernière, avec le Cercle, nous avons rencontré Malines à quatre reprises et il fut à chaque fois l’un des meilleurs. Sa progression a été énorme. Son jeu est devenu beaucoup plus agressif, par exemple. Il possède aujourd’hui le niveau pour franchir un palier. « 

C’est aussi l’avis de MarcBrys, résigné à l’idée de perdre l’un de ses meilleurs éléments.  » L’an passé j’avais perdu AloysNong en pleine préparation. Puis, en janvier, mon capitaine JoachimMununga « , se souvient-il.  » Il faut se faire une raison, c’est le lot de toutes les équipes : il y a toujours plus fort que soi, financièrement parlant. Genk et le Standard ont aussi déjà perdu des éléments majeurs. Yoni a sûrement les qualités pour s’imposer au plus haut niveau belge. D’autant qu’à 23 ans, il a encore une grande marge de progression. Ce qu’il doit encore améliorer ? Sans doute mieux appréhender le moment où il doit surgir de la deuxième ligne, la meilleure manière de profiter du deuxième ballon. Mais il apprend vite, il est très appliqué aux entraînements. Ce qu’il possède déjà ? Il est très actif, quasi infatigable lorsqu’il s’agit de parcourir des kilomètres, possède une grande intelligence de jeu, sent très bien le moment où il faut exercer un pressing, se retrouve souvent au départ de la construction d’une attaque. C’est vrai que son rendement n’apparaît pas nécessairement au niveau des statistiques, mais connaissez-vous beaucoup de milieux récupérateurs qui inscrivent énormément de buts ? »

Ne pas se fier aux apparences

 » Et ce qui ne gâte rien, c’est un charmant garçon « , ajoute OlivierRenard.  » Bonne mentalité et bon joueur de football, que demander de plus ? Mais qu’on ne se fie pas aux apparences : derrière son allure calme se cache un sacré tempérament. Je n’en veux pour preuve que son attitude après avoir inscrit un but au Lierse, la saison dernière. Il marque rarement, mais l’un de ses buts fut inscrit devant ses anciens supporters. Au lieu d’adopter un profil bas, il est allé fêter son but face au kop lierrois. Il n’a pas froid aux yeux. Il fallait être audacieux aussi pour quitter le Lierse au profit de Malines, il y a deux ans, car une grande rivalité oppose les deux clubs. Il n’a d’ailleurs pas été accueilli les bras ouverts par les supporters malinois, il a d’abord dû prouver qu’il était bon avant de se faire applaudir. Mais il a convaincu, puisque ces mêmes supporters l’ont élu joueur le plus méritant du club, la saison dernière. Il sait ce qu’il veut. Dans le vestiaire, à Malines, il est devenu l’un des trois joueurs qui prennent régulièrement la parole, avec JulienGorius et moi.  »

 » Il a effectivement endossé un rôle de leader « , confirme XavierChen.  » Il a peut-être un peu dû forcer sa nature au départ, car il est encore jeune et on a lui a conféré de grosses responsabilités, mais il s’en est montré digne. Sa principale qualité concerne la récupération du ballon. Il est sans doute le meilleur demi défensif avec lequel il m’ait été donné de jouer. Il court énormément, couvre beaucoup d’espace, bouche les angles. C’est le prototype même du joueur utile, qui marque rarement les esprits car il apparaît peu dans les résumés de matches, mais dont on ressent la présence sur le terrain.  »

JeanFrançoisdeSart, le nouveau directeur sportif du Standard, a connu Buyens chez les Espoirs belges.  » Il devait y faire face à la concurrence de joueurs comme VadisOdjidja et RadjaNainggolan « , se souvient-il.  » Ce n’est pas rien. C’est un joueur qui a bien progressé et qui, vu son jeune âge, progressera encore. C’est un profil intéressant pour le Standard, tout en sachant qu’il ne remplacera pas Witsel au pied levé. C’est impossible : Axel était le meilleur joueur du championnat de Belgique, il n’existe pas de copie conforme et si elle existait, ce serait impayable pour le Standard.  »

PAR DANIEL DEVOS

 » Derrière son allure calme se cache un sacré tempérament. « 

(Olivier Renard)

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