A 37 ans, il continue à faire les beaux jours des Canaris. Enquête dans les détails.

Le chef d’orchestre

 » Boffin est également important en dehors du terrain », selon Benny Liebens, le responsable du matériel au Staaien. « C’est lui qui décide ce qui se passe, dans une certaine mesure. Il est le patron du vestiaire, le chef d’orchestre. Avant le deuxième match de championnat, il m’a dit: -Aujourd’hui, on joue avec des bas blancs. Les vêtements et les chaussures l’intéressent beaucoup. Il fait beaucoup pour les autres. En rentrant du Mondial, il m’a rapporté le maillot de Cafú et d’ Ono ainsi que celui d’un Tunisien. Danny est un tout grand Monsieur. Il plaisante beaucoup et veille à entretenir l’ambiance. Il fait des farces. Une fois, il met du gel douche dans les chaussures de quelqu’un. Une autre fois, il pulvérise du Reflexspray dans le pantalon d’un autre. éa vous montre l’ambiance qui règne à Saint-Trond ».

« En soi, la popularité de Danny est fantastique », affirme Jacky Mathijssen, l’entraîneur des Limbourgeois. « Personne n’a de problèmes à cet égard. Il est d’ailleurs le premier à l’admettre: c’est grâce aux autres, à l’équipe, à l’abattage d’une série de joueurs qui évoluent en fonction de lui qu’il a la possibilité et la permission de briller. Je pense que tout le monde est prêt à continuer de cette manière, aussi longtemps que ça se traduit en rendement, en assists, en buts, en situations intéressantes ».

« C’est exact », affirme le médian défensif Wouter Vrancken: « Pour le reste, Danny tente aussi d’accomplir sa part de travail défensif. S’il ne s’en acquitte pas, je crie sur lui comme sur n’importe quel autre joueur. Il l’accepte très bien et c’est un de ses atouts. Il est d’un naturel direct et naturel. D’autres prendraient des allures de vedette et réagiraient autrement, diraient: -Tu oses me faire des remarques après tout ce que j’ai fait? Danny, lui, est prêt à fournir un effort supplémentaire ».

« Selon moi », poursuit Guy Mangelschots, le directeur technique, « Danny a prouvé à suffisance qu’il est le moteur de cette équipe. Même sa façon de se livrer à fond impressionne ses cadets. Il ne se contente pas d’expliquer comment il faudrait faire. Il montre carrément l’exemple. C’est lui qui détermine le jeu, entraîne les autres dans son sillage, et en plus, il fait encore la différence. Il ne marque pas seulement de superbes buts, il fait plus que délivrer des assists. Danny ne laissera jamais tomber les bras. A combien de reprises ne nous a-t-il pas tirés d’un mauvais pas par son engagement? Il sait ramer à contre-courant.

Quand on travaille avec de nombreux jeunes, comme c’est notre cas, il est important d’avoir quelques anciens vers lesquels ils puissent se tourner. Dans notre société moderne, ce n’est pas évident, mais on obéit à Danny. Il n’est pas un maître d’école inaccessible mais quelqu’un qui participe à la vie du groupe, qui blague et qui dit aussi ce qu’il faut faire ».

L’international

« Récemment, Danny a exprimé sa préférence pour une position centrale dans l’équipe, avec deux joueurs dans son dos », poursuit Mangelschots. « Il ne voulait plus jouer à gauche, mais entre-temps, il a compris qu’il ne pouvait pas toujours évoluer dans l’axe. Notre entraîneur sait très bien où Danny est le plus rentable. Ce n’est pas parce que vous êtes international que vous pouvez vous placer où vous voulez. Dans l’intérêt de l’équipe, tous les joueurs doivent marcher du même pas. Imaginez que toute l’équipe joue en fonction de Danny. Que se passera-t-il le jour où il sera forfait? Il doit courir et travailler. J’ai connu des joueurs qui voulaient être alignés dans l’axe, mais en fait, c’était pour ne plus trop devoir bouger et laisser les autres courir. Danny, lui, est le premier à courir ».

« L’essentiel », continue Mathijssen, « c’est que nous ayons le même objectif. Nous voulons qu’il ait le ballon le plus souvent possible, dans une zone dangereuse, pour qu’il embête l’adversaire le plus possible. éa ne doit pas nécessairement être d’une position centrale. N’oubliez pas que cette saison, nous avons remporté notre première victoire alors qu’il évoluait comme médian défensif, en fait. Certes, dans une position centrale, mais très éloignée du but, car si une équipe sait s’y prendre pour neutraliser les éléments créatifs, ceux qui prennent des initiatives, c’est bien La Louvière. Nous avons fait reculer Danny, sachant à quel point il est important pour nous. J’essaie de lui rendre la vie la plus facile possible. S’il doit jouer depuis le flanc gauche, il ne s’agit que d’une position de départ, car il y jouit de beaucoup de liberté. Saint-Trond n’est pas chaque semaine la meilleure équipe. Elle est généralement égale à son adversaire, voire moins bonne. Il ne faut pas l’oublier. Danny joue un rôle essentiel de ce point de vue aussi ».

Le plaisantin

« Si Danny Boffin reste en pleine possession de ses moyens à son âge, c’est grâce à deux facteurs: l’un est inné, l’autre se travaille au fil des années », explique Jacky Mathijssen. « Il a toujours été professionnel. Il s’est toujours parfaitement soigné, sans boire ni sortir. Ce sérieux vous permet de poursuivre votre carrière quelques années de plus. Le plus remarquable, c’est qu’il conserve l’explosivité d’un joueur de 20 ans, alors qu’à partir d’un certain âge, elle a tendance à s’étioler. Si vous y ajoutez l’expérience et la sagesse footballistique qu’il a acquises au fil des années, vous comprenez pourquoi il est actuellement beaucoup plus utile pour une équipe qu’il ne l’était il y a quelques années ».

« En dehors du terrain, on ne dirait pas non plus que Danny a 37 ans », commente Wouter Vrancken. « Il se comporte comme les gars de notre génération. Il ne se tient pas dans son coin, calmement, comme s’il s’entraînait contre son gré. Non, il affiche chaque jour un enthousiasme incroyable. On rigole, on joue, et il est de tous les coups. Avec Buvens, on peut dire qu’il met de l’ambiance! Si on fait le compte des plaisanteries, Danny est neuf fois sur dix dans le coup. Ceux qui lui en font savent qu’ils recevront une note deux fois plus salée. Il y a peu, j’ai retrouvé mes chaussures remplies d’eau, sur le banc où je m’assieds dans le vestiaire…. Danny est en fait un jeune de 37 ans ».

« Il a conservé cette fantaisie qui lui vaut sa popularité dans tout le vestiaire », confirme Jacky Mathijssen. « Je pense que ça aide. éa vous permet de rester jeune, ça vous confère une certaine aura, vous vous sentez bien et on le remarque sur le terrain. Le dernier Mondial a certainement constitué une motivation supplémentaire mais il ne faut pas en surestimer l’influence: Danny conserve une volonté intacte de réussir encore quelque chose, il a toujours faim de football. J’espère que, le jour où il en sera fatigué, ce ne sera pas la fin de sa relation avec Saint-Trond. J’espère apporter ma pierre en le persuadant de réfléchir à ce qu’il fera au terme de sa carrière active ».

« Nous sommes en train de négocier un nouveau contrat », précise Guy Mangelschots. « Nous lui proposons un an, il en réclame deux. Nous ne sommes pas fermés à cette possibilité mais que se passera-t-il s’il arrête? Nous en discutons et je dois dire que Danny comprend très bien que le jour où il ne jouera plus, il ne pourra plus toucher le même salaire. Deux possibilités s’ouvrent à lui. Un poste dans le staff sportif, car il va suivre les cours d’entraîneur. Le problème, c’est de savoir s’il a ce don particulier, nécessaire pour entraîner? C’est une inconnue, pour lui comme pour nous ».

Christian Vandenabeele

Mais a-t-il le don d’entraîner?

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