Canari anglais

Le talent et les 20 ans du médian carolo valent gros: Nantes ou l’Angleterre?

Evidemment, Charleroi espère prioritairement garder Darko Pivaljevic que Cologne lui a loué jusqu’en fin de saison. Autrement dit, il faudra vendre pour boucher des trous et trouver de quoi faire son marché. A 20 ans, Gregory Dufer vaut cinq millions d’euros. Il est connu en Angleterre où il intéresse Chelsea et en France où les Canaris de Nantes font le forcing. Ses atouts sont connus: audace, pointe de vitesse sur le flanc droit, confiance en soi, bonne technique et jeunesse. S’il a un contrat jusqu’en 2006 au Stade du Pays de Charleroi, l’éventualité d’un départ ne l’effraye pas: « La presse fait souvent des jeux de mots avec mon nom, alors je ne vais pas me gêner: il faut battre le fer tant qu’il est chaud ».

« Scifo connaît la problématique des jeunes »

L’idée d’un probable départ en fin de saison ne vous effraye pas?

Gregory Dufer: Non, je reste très calme car je ne suis pas pressé. Si je restais à Charleroi la saison prochaine, ce serait bien aussi. A 20 ans, on a le temps. Je peux encore progresser ici même si je sais, évidemment, que cela irait encore plus vite en France ou en Angleterre. Cela dit, mon avenir passera, tôt ou tard, par un départ. Dante Brogno s’est soudé pour la vie aux Zèbres et c’est un choix qui se respecte. Je ne ferai pas le même car je veux savoir jusqu’où le foot peut me mener. A Charleroi, la seule interrogation est de savoir si on va terminer ou pas dans la colonne de gauche et ça ne me semble pas suffisant comme horizon. Au départ de cette saison, la direction lorgnait vers l’Europe. On est loin du compte et on oublie finalement un jeune après quatre ou cinq saisons passées aux environs de la dixième place au classement général. Je dois en tenir compte dans un plan de carrière.

Où en sont les contacts avec Nantes?

C’est l’affaire de mon manager, Bruno Heiderscheid, et de mon vieil ami, Basile Franco, qui filtrent bien tout ce qui se passe. Si je veux réussir un transfert, il faut d’abord que je me concentre sur mon football. Or, pour le moment, je suis dans une période creuse. Si j’avais d’autres soucis en tête, ce serait plus difficile à gérer. Cela ne veut pas dire que je ne me renseigne pas auprès de mes deux conseillers mais quand je veux la paix, je l’ai. Ils me protègent. Je sais que Nantes me suit et c’est un sujet de fierté pour moi car ce club joue en Ligue des Champions. Si j’ai attiré le regard de Robert Budzinski et de Bernard Blanchet, qui ont recruté tant de talent pour Nantes, ça signifie quelque chose. Nantes a mené la vie dure à un de mes clubs préférés: Manchester United.

Nantes, c’est un des symboles de la formation en France: les Espoirs de ce pays ont récemment écrabouillé leurs homologues belges (5-1) dont vous faisiez partie. Est-ce que cela ne vous effraye pas un peu?

Absolument pas. C’était porte ouverte à Boulogne-sur-Mer où nous a avons mal joué. Mais si les Espoirs français sont plus loin que nous, c’est qu’on leur fait très vite confiance dans leurs clubs. Ici, c’est moins évident. Je n’ai pas du tout à me plaindre au Sporting de Charleroi mais j’ai la chance d’avoir un entraîneur comme Enzo Scifo. Il connaît la problématique des jeunes et leur fait confiance. Ailleurs, d’autres ont peur de leur ombre, ne pensent qu’à sauver leur peau. Alors, ils misent sur les vieux. La sécurité, c’est nul pour l’avenir. Si Manu Ferrera était resté à Charleroi, je ne serais pas aussi loin.

Non à Sunderland

C’est sévère alors qu’il a très bien travaillé avec les jeunes d’Anderlecht dans le temps…

Au Sporting, Manu Ferrera s’en foutait des jeunes et je ne sais pas ce que je serais devenu avec lui. Le premier à avoir cru en moi, c’est Raymond Mommens. Il a tout fait pour que Luka Peruzovic m’intègre dans le noyau A. Génial pour moi car je ne voulais plus perdre mon temps aux études. Raymond Mommens m’a ensuite lancé en D1, en même temps qu’Enzo Biondo. Mommens est mon deuxième père. Il aura toujours ma gratitude. C’est le genre de personnage dont un club ne devrait jamais se passer car il a l’art de détecter le jeune talent. Quand on voit ce que cela peut rapporter à un club, c’est important. Djibril Cissé vaut 25 millions d’euros à Auxerre car on y a cru en lui. Enzo Scifo sait tout cela et il fera toujours confiance aux jeunes. Pour nous, c’est un point d’appui. Si une possibilté se dessine, il ne fera jamais barrage même s’il compte sur moi au Sporting. On ne mesure pas bien son apport. Il n’y a pas que les résultats. Avec lui, Charleroi n’est pas qu’un club régional. Qui dit Scifo, dit prestige. Avant, Charleroi ne devait son image de marque qu’à Dante Brogno. Bien, sympa, du coin, mais y a pas photo entre Dante et le coach pour la renommée et même la carrière. C’est pas un reproche, nons c’est un constat. Enzo Scifo est connu dans le monde entier donc on parle plus de Charleroi qu’avant grâce à lui. C’est nouveau. Un club étranger s’intéressera plus facilement à un joueur de l’équipe de Scifo.

Pourquoi n’aviez-vous pas signé à Sunderland en début de saison?

Le test fut positif mais les deux clubs n’ont pas trouvé d’accord sur le plan financier. Je sais qu’un jour je jouerai en Angleterre. Ce football-là me botte, c’est rapide, sans cesse spectaculaire et on ne calcule pas. Il faut être généreux pour réussir en Angleterre et je le suis. Marcel Dessailly est un ami de mon manager et il m’a déjà invité à suivre un match à Chelsea, en compagnie de Gauthier Remacle. Super cette ambiance et je sais que Chelsea me suit grâce au travail de Bruno Heiderscheid. Des tas d’agents frappent actuellement à ma porte mais j’ai un conseiller et je ne cèderai pas à la surenchère. J’ai parlé durant des jours et des jours avec lui: l’argent n’est pas le facteur de choix le plus important. A 20 ans, pour bien mener ma barque, je ne peux pas me tromper. Le plaisir de jouer, dans un cadre qui me convient, sera le principal élément de réflexion. L’argent, je n’y songe pas. Il suivra si je réalise mes ambitions.

Cela fait beaucoup de soucis à 20 ans, non?

Pas tellement quand on s’entoure bien et que le principal reste le football.

Alors, Angleterre ou France en fin de saison?

Je ne sais pas. Ce sera peut-être encore les Zèbres ou un autre club belge. Pas de problème si je reste car je me sens bien. Je donnerais bien ma carrière pour un match de Premier League avec le maillot de Manchester United sur les épaules. Avant l’Angleterre, si cela se dessine un jour, il devrait y avoir une étape de transition.

Nantes, donc?

Je ne sais pas, je ne suis pas pressé. Ce serait bien. Je ne le nie pas.

Enfant de Marcinelle

Vous n’êtes pas pressé. En revanche, Charleroi pourrait l’être pour équilibrer ses comptes.

Je n’ai pas l’impression qu’on me pousse dehors afin de réaliser un gros transfert. Pas du tout.

L’argent ne vous intéresse pas mais il faudra le gérer aussi.

Je sais parfaitement bien d’où je viens. J’ai passé toute ma jeunesse dans un quartier défavorisé de Marcinelle. Je n’ai pas peur de le dire: c’est la zone. Dangereux. Dès que j’ai été un peu célèbre, le ton a changé dans certaines relations. Mon père a été pris dans des situations délicates. On l’énervait, le provoquait avant de lui dire: -Je ne demande qu’une chose: frappe et ton fils payera jusqu’à la fin de tes jours. Cela voulait dire hélas que la jalousie avait fait oeuvre. Je ne dois rien à personne et je ne veux pas être pris dans un engrenage dangereux et violent. J’ai décidé de quitter le quartier avant qu’il ne soit trop tard. J’ai acheté une belle maison pour mes parents à Thy-le-Château. Ils y sont tranquilles, moi aussi. Je repasse malgré tout dans mon ancien quartier. Je ne renie pas mes vrais amis. Il faut être fort pour réussir en partant de là. Si je l’ai été, c’est grâce au football. Sans le sport, je glanderais peut-être, je ne ferais rien de positif dans la vie, qui sait? Mais je devine qu’il faut être prudent. Mon frère était plus doué que moi pour le foot. Un jour, il a été pris dans un accident de la route. Fracture du fémur: espoirs de carrière foutus. J’étais au volant et même si je n’étais pas du tout en tort, ce bruit, cette peur, ces larmes et la souffrance, cela marque.

reporters,

Dia 1

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« Je n’ai pas l’impression que Charleroi me pousse dehors pour réussir un gros transfert »

« Si Manu Ferrera était resté, je ne serais pas aussi loin »

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