Cabiche, la star du White

 » L’histoire de cet attaquant du bon vieux White est unique en son genre. Après avoir célébré ses débuts en équipe Première au Cercle de Bruges (1-7) en 1949, à 17 ans, Jean Straetmans, que tout le monde appelait Cabiche, s’est définitivement révélé deux ans plus tard. Né le 26 septembre 1931 à Bruxelles, ce fils d’un patron de bistrot de la rue Van Bever ( A la réunion des sportsmen), en face du stade de la rue Kelle, a bénéficié d’une incroyable popularité à Bruxelles, qui comptait beaucoup de clubs en D1 et en D2. Au début des années 50, le football n’était pas aussi médiatisé que de nos jours mais tout le monde connaissait et appréciait Cabiche. Ardent supporter du Racing de Bruxelles, mon père était alors conducteur de tram, wattman comme on dit en bruxellois, et la vie était chère. Il ramenait parfois à la maison des journaux que des voyageurs avaient abandonnés sur les banquettes. Et c’est en lisant ces gazettes que j’ai appris à connaître la star du White. Mon père en parlait souvent comme d’ Arsène Vaillant, qui a évolué un an à l’ABSSA avant de passer du White à Anderlecht, ou de Ferdi Bogaerts, un grand gardien de but qui a signé au Standard.

En 1952-53, bien que jouant en D2, Cabiche a fait son entrée en équipe nationale. Il a décroché cinq caps et participé à la qualification des Diables Rouges pour le Mondial 54 en Suisse avant de connaître une période noire dont j’ai retrouvé trace dans un livre de Jacques Hereng ( RWDM, Champion 1974-1975). A son retour de Scandinavie où l’équipe belge avait obtenu sa qualification pour la phase finale de la Coupe du Monde, Straetmans a été cloué sur place par une artère bouchée. Conséquence : deux ans sans football. Sa chance était passée car il aurait cassé la baraque en Suisse avec les Rik Coppens, Pol Anoul et consorts.

L’étoile de la rue Kelle a retrouvé la compétition en fin de saison 1955-56. La poisse l’a frappé une deuxième fois en 1960. Il n’était pas encore question de professionnalisme et Cabiche travaillait dans l’entreprise de peinture de son père. En rafraîchissant la façade d’un cinéma à Woluwe, il a fait une chute de 10 mètres du haut d’un échafaudage. Les secours l’ont relevé avec une fracture du talon droit. La Faculté a estimé qu’il ne pourrait plus jamais jouer au football. Il n’avait même pas 30 ans et venait de recevoir une offre d’Anderlecht. Cabiche n’a plus retrouvé son meilleur niveau mais a joué jusqu’à 54 ans à l’ABSSA (Entente Bleu et Blanc). C’était un super numéro 10 qui n’a joué qu’en D2 où son tableau de chasse fut magnifique : 273 matches, 151 buts, etc. Même s’il n’a jamais connu la D1, Cabiche a été un des plus grands attaquants de son époque.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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