Ça m’énerve

Le foot a toujours été précurseur. De fraternité, d’intégration, de violence régie par des lois, de défouloir de frustrations, de stades version cabinets de psys grandeur XXXXXL, de transmetteur de passion, du sentiment d’appartenance à quelque chose. De prétexte de fuite à l’ennui conjugal. Du surréalisme qui fait qu’on devient tous accros au  » shoot « . Qui procure du plaisir légal et fraternel. Le  » stud  » remplace l’aiguille. Celui qui le fait offre le bonheur aux autres.

Les clubs, les fédés sont des dealers de bonheur mais aussi de frustrations et d’incompréhension.

Les instances qui le régissent sont des traders de valeurs. Pures et estimables à leur origine. Hélas gangrénées, viciées et vénales de nos jours.

Beaucoup de parasites autour de la poule aux oeufs d’or.

Beaucoup de loups dans le poulailler. Ça  » cotcotcot  » beaucoup dans le nid de verre. L’agneau ne tient plus sa basse-cour. Ça ment, ça trahit, ça se la joue  » 16, rue de la Loi « . Mais en fait qu’elles soient pour tous ou pour les footeux, qui fait les lois et pour qui ?

Les riches encore plus riches, les pauvres un peu moins pauvres. Les cons exhibés au balcon, les malins tapis sur le palier prêts à dévaler les marches pour fuir leurs responsabilités mais aussi, au cas où, prêts à grimper ces marches pour se rapprocher un peu plus des sommets.

Le sommet,  » Don Sepp  » le côtoie depuis longtemps. Et pourtant, à 78 ans, Blatter en redemande. Malgré les casseroles. Celles qui pourraient lui permettre d’ouvrir une quincaillerie dans chaque pays régi par la pieuvre FIFA. Le pouvoir rend fou. A ces altitudes, la décence manque d’oxygène.

 » Ket François  » n’a que 56 ans. D’ailleurs, De Keersmaecker ressemble à un pré-adolescent. Toujours souriant. Le sourire comme réponse. Un peu court. Et pourtant cet homme, on a envie de le croire désintéressé. Le Roi de la casserole, pas pour lui. Mais en même temps, on aimerait le ressentir crédible.

Avant lui, il y avait des gens qui portaient bien, présentaient bien mais dont les manières ne portaient pas les bonnes valeurs.

Mouscron se rappelle à notre bon souvenir, un souvenir qui nous rappelle un mauvais trip. De la tristesse. Il a osé.  » IL  » c’est  » Giorgio l’amoroso « . Amoureux de lui-même, du strass et de l’argent. Amour, gloire et laideur.

Leekens était parti pour être champion avec l’Excelsior, il est parti comme un voleur. Un voleur de rêves. Braquage commandité par le pouvoir suprême. Ce jour-là, Giorgio a perdu définitivement le soupçon de crédibilité qu’il cachait bien dans la doublure de son portefeuille. La Fédé perdait le soupçon de respect qu’on se forçait à vouloir entretenir pour elle.

Sans pouvoir fort, les faibles prennent le pouvoir.

La faiblesse, c’est par exemple ces coaches qui ne peuvent canaliser leur angoisse. Le spectacle fait de la peine. Trop souvent, bord terrain, je suis au bord des larmes. Quel manque de classe. Un avis qui ne vire pas au jugement car ce ne sont que des hommes. En PremierLeague, ce sont aussi des hommes. Mais là, à part  » The God one « , rien de tout ce cinéma. Il y a le respect et surtout ce fameux pouvoir fort.

En tribune, le surréalisme est plus comique.

Dans celle du PSV, on a manifesté contre le wi-fi dans les stades. Dans les tribunes, on regarde, on supporte et basta. Les écrans, c’est dans votre salon. Leur sponsor historique doit être content. Oui mais alors, comment on fait pour parier sur les matches ?

Autre gangrène. Des sociétés de paris sponsorisent des clubs. Drôle d’éloge de l’équité sportive.

A Manchester United, ils ont été encore plus loin. Interdiction d’entrer dans le stade avec tablettes et caméras. Mais aussi poussettes, fléchettes, couteaux, canettes, armes, feux d’artifice. La bouteille d’eau reste tolérée. Ouf. Y a pas de doutes, on vit dans un monde de fous.

A l’heure où l’on tweete plus vite qu’on ne réfléchit, où on oublie trop souvent de vivre l’instant présent, faudrait surtout pas oublier de rêver à un monde meilleur.

Frederic Waseige

Leekens, un voleur de rêves. Braquage commandité par le pouvoir suprême.

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