« C’était Mons ou rien ! »

La montée en D1, un passage mitigé en MLS et une désillusion en équipe nationale. L’année 2011 de l’attaquant gambien, de retour à Mons, a été mouvementée.

Lundi 30 mai 2011, Mons se réveille avec la gueule de bois. La veille, le Royal Albert Elisabeth Club, en remportant son test-match face à Waasland-Beveren a décroché son billet pour la division 1, qu’il avait quittée deux ans auparavant. Les supporters ont fêté ça jusqu’au petit matin. Les joueurs et les dirigeants aussi. Pourtant, tout reste à faire à l’Albert. Le championnat débute deux mois plus tard et mis à part Siebe Blondelle, pas un joueur du noyau ni même le coach, Dennis van Wijk, n’est sous contrat.

Le directeur sportif, Dimitri M’Buyu se met au travail et deux jours plus tard, la première prolongation de bail, celle de Tim Matthijs, tombe. Elle sera suivie le lendemain par Tom Van Imschoot et peu à peu par la quasi-entièreté du noyau. Des joueurs que le club souhaitait conserver, seuls Jérémy Perbet et Mustapha Jarju ne sont pas présents à la reprise fin juin. Le Français, propriété de Lokeren, est de retour au Pays de Waes mais reviendra au Tondreau durant le mercato. Le Gambien, lui, n’est pas parvenu à se mettre d’accord avec la direction. Fort de ses 22 buts en championnats dont 4 durant le tour final, Jarju se montre trop gourmand pour le club hennuyer. La cassure est inévitable et l’attaquant fait ses valises, direction la Major League Soccer et les Vancouver Whitecaps.

MLS vs Gambie

 » C’est le football. Parfois, on n’arrive pas à se mettre d’accord. J’ai donc pris ma décision : relever le challenge qu’on me proposait là-bas. J’avais envie de découvrir la MLS et Vancouver me proposait un beau contrat « . En effet, le Gambien est le second  » Designated player  » du club canadien, ce qui lui permet de ne pas être pris en compte dans la masse salariale totale du club qui est plafonnée par la Ligue américaine.

 » Le mode de vie au Canada n’a rien de comparable avec la Belgique. Tout est différent, tout est plus grand. C’était la première fois que j’allais en Amérique. J’ai été très impressionné et ça n’a pas été évident de m’adapter. « 

Pourtant, les attentes à son égard sont importantes. Friands de stats, les Nord-Américains attendant de lui qu’il réitère ses performances montoises. Ils voient en lui le buteur providentiel. Statut que Jarju tarde à assumer.  » Les résultats n’étaient pas bons. Il ne faut pas oublier que c’était la première saison de la franchise canadienne en MLS, un temps d’adaptation était nécessaire. Malgré tout, le coach me faisait confiance au début – c’est lui qui avait voulu que je signe – et j’avais de très bonnes relations avec mes coéquipiers. J’ai d’ailleurs gardé le contact avec certains d’entre eux. Ce n’est que par après que les problèmes sont arrivés. Quand j’ai été appelé en sélection nationale pour les éliminatoires de la CAN. « 

Ces matches internationaux coïncident avec des rencontres de championnat américain et les Whitecaps ne sont pas disposés à laisser leur centre-avant se farcir les 18 heures de vol jusque Banjul.  » Mes compatriotes ont perdu un match crucial contre la Namibie sans moi et la CAN s’est envolée. Ça m’a fait mal. L’équipe nationale, c’est très important pour moi et disputer une Coupe d’Afrique est un de mes rêves. Ce serait le plus grand moment de ma carrière.  » A partir de là, le lien est rompu. Les résultats sont toujours aussi mauvais et Jarju termine la saison sans avoir inscrit le moindre but.

Un échec ?  » Je ne vois pas les choses comme ça. L’expérience a tout de même été très enrichissante. J’ai découvert un pays, j’ai joué quelques grands matches dont notamment un amical contre Manchester City qui alignait Vincent Kompany, Yaya Touré ou Edin Dzeko. J’ai aussi joué contre les Los Angeles Galaxy de David Beckham ou le New York Red Bull de Thierry Henry. Les fans étaient très chouettes. Ils avaient toujours un mot gentil pour moi quand ils me reconnaissaient en rue et l’ambiance dans notre stade était géniale. On avait en moyenne 20.000 spectateurs. En Belgique, seuls les clubs du top peuvent prétendre à cela « .

Back in Belgium

Malgré tout, ne pas jouer pour la Gambie lui pèse et Jarju n’est pas heureux.  » Je ne suis pas aigri, je souhaite le meilleur à mes anciens partenaires pour la saison qui débute bientôt outre-Atlantique mais ma décision était prise : je revenais en Europe. J’avais plusieurs options mais pour moi, il était évident qu’en cas de retour en Belgique, ce serait Mons ou rien. J’ai d’excellents souvenirs ici avec les supporters et je m’y sens chez moi. On forme une sorte de famille avec les autres joueurs du groupe et j’ai un bon contact avec le coach Dennis van Wijk. « 

Alors que l’équipe trouve facilement le chemin des filets et n’est pas parvenue une seule fois à garder le zéro derrière, c’est paradoxalement en attaque que le club s’est renforcé avec Jarju et Aloys Nong.  » Mon premier objectif en arrivant ici était de remporter la Coupe de Belgique. Malheureusement, nous avons été sortis par Courtrai mais mon but reste de remporter un trophée avec Mons. J’ai signé pour deux ans et demi, tout est donc possible. A nous de préparer la saison prochaine dès maintenant. Celle de la confirmation, la plus compliquée. Un autre objectif est d’aider Perbet à terminer meilleur buteur de la compétition. Toute l’équipe est très motivée pour ça. Ce serait génial pour un petit club comme Mons mais le plus important c’est d’assurer mathématiquement le maintien. Il nous manque encore quelques points et une fois que ce sera fait, nous serons soulagés. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes que les promus.  »

Titularisé à deux reprises depuis son arrivée au Tondreau, le polyvalent Gambien est confronté à une rude concurrence aux avant-postes :  » C’est vrai qu’il y a beaucoup de très bons joueurs offensifs dans l’équipe : Perbet, Ibou, Nong, Zola, Matthijs. Mais j’ai l’avantage de pouvoir jouer à plusieurs postes même si ma place de prédilection est sans doute celle de deuxième avant. Et puis, je pense être en bonne condition physique. La MLS est un championnat très agressif, très physique, ça m’a surpris en arrivant là-bas mais c’est une bonne chose, je me sens prêt.  »

Une chose est sûre, prêt, il compte bien l’être le 18 mars.  » On jouera contre le Lierse. C’est toujours spécial d’affronter une ancienne équipe. J’ai passé deux ans là-bas donc je serai très motivé pour cette rencontre. Je ferai tout pour qu’on prenne les trois points là-bas.  » Le numéro 22 montois sera donc à tenir de très près ce soir-là.  » Avant mon départ, j’avais le 7 mais Tim Matthijs l’a récupéré quand j’étais au Canada. J’ai donc dû me rabattre sur le 22. Ça tombe bien, ça correspond au nombre de buts que j’ai inscrit la saison passée en D2 « , sourit le Gambien.

PAR JULES MONNIER – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » L’objectif est maintenant d’aider Perbet à terminer meilleur buteur. « 

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