» C’ÉTAIT MIEUX AVANT ? « , LE RETOUR

Le succès de nos Diables Rouges ces dernières années est-il l’arbre qui cache la forêt de notre football ? Ce courant fait en tout cas de plus en plus d’émules ces derniers mois. Et parmi ceux-ci, les traditionnels grincheux qui aiment plus que quiconque romancer le passé et trahir la réalité. Car désormais, deux quarts de finale coup sur coup en Coupe du monde et à l’EURO – et même si le public belge rêvait légitiment de mieux -, ce n’est pas assez.

Et pourtant en étant un tant soit peu cartésien, on est obligé de reconnaître que jamais dans l’histoire de notre football, les Diables n’avaient réalisé pareille performance en l’espace de deux ans. Au niveau des clubs, aussi, le bilan chiffré est réjouissant. Notre football n’avait jamais réuni cinq représentants sur la scène européenne depuis 2004-2005 et l’avènement des phases de groupe en Europa League (appelée à l’époque Coupe UEFA).

L’échec de nos Espoirs dans la qualification pour l’EURO 2017 doit-il faire office de sonnette d’alarme ? Les propos très durs de leur coach, Johan Walem, après la défaite coup sur coup au Monténégro (3-0) et face à la Lettonie (0-1), sont ceux d’une violente mise en garde. Morceaux choisis :  » Beaucoup de garçons s’y croient déjà. Beaucoup se voient vite trop beaux. Ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas.  »

Aujourd’hui, le football belge s’apprête-t-il à remanger du pain noir comme le pensent certains suiveurs et formateurs après une éclaircie de quatre ans ? Chez les Espoirs, on est évidemment interloqué par ces agents qui s’invitent dans le lobby de l’hôtel et par ces jeunes joueurs qui tiennent des discours très ambitieux, trop ambitieux, alors que leur parcours est encore très éloigné de leurs prestigieux aînés.

Dès sa prise de fonction, René Weiler a, lui, fait le tri au coeur de ce qui est censé représenter le futur d’Anderlecht. Dans l’interview que vous retrouverez en page 6, le coach suisse noie difficilement les problèmes de mentalité et le manque d’implication du blé en herbe bruxellois. Au Standard, on rêve plus ou moins secrètement de copier le modèle de fin de règne de Lucien D’Onofrio qui a vu éclore les Witsel, Fellaini, Carcela. Sauf que les plus belles promesses (Van Heusden, Bongiovanni, etc) ont quitté récemment l’Académie pour l’étranger. Ceci implique qu’il faudra s’armer de patience chez les décideurs de Sclessin afin de tirer profit de la formation rouche. Et aussi mettre la main au portefeuille pour ne pas voir les supposées futures gloires quitter elles aussi le navire. Car, et ce n’est pas un scoop, l’argent s’immisce de plus en plus tôt chez les jeunes et forme insidieusement des adulescents au comportement de starlettes.

A Charleroi, on a aussi décidé d’investir enfin dans les jeunes. Mais aujourd’hui, toute l’attention est tournée vers sa séduisante équipe première qui occupe le podium de notre championnat. Pendant des années, on nous a servi du  » c’était mieux avant « , avec son Mambourg bourré, son ambiance survoltée, ses guindailles interminables, etc. Désormais, les nostalgiques l’ont mis en sourdine car le Stade du Pays de Charleroi a retrouvé toute sa caisse de résonance.

Charleroi bouillonne comme à ses plus belles heures. Non pas grâce à des jeunes aux dents longues (Chris Bedia et ses 20 ans fait figure d’exception ) mais bien grâce à un groupe composé d’anciens, de cabossés, de revanchards, symbolisé à merveille par leur coach, Felice Mazzù, passé de la cave du foot d’en bas à l’élite de notre football. Les adeptes du  » c’était mieux avant  » vous le diront : il faut prendre quelques claques en chemin si on veut l’ouvrir et réussir. Sur ce point, on aurait tendance à les suivre.

PAR THOMAS BRICMONT

Charleroi, c’est la réussite d’un groupe d’anciens, de cabossés, de revanchards, symbolisé par Felice Mazzù.

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