C’EST TOI le nouveau ?

Loin des flonflons brésiliens, nos clubs de D1 reprennent le boulot. Coups de sonde à Charleroi et ailleurs.

Charleroi à Tubize

URBSFA Football Center. Cette plaque à l’entrée du centre national de Tubize a de la gueule. Comme une bonne partie des installations. Dommage, vraiment, que le premier bâtiment que l’on voit en arrivant ne soit pas à niveau. Ce futur hôtel pour les Diables Rouges est plus que jamais une chimère. Sur place, on entend :  » Même s’il est terminé un jour, on n’imagine pas trop l’équipe nationale loger ici. Les Diables et leur staff se sont habitués au luxe d’hôtels de grand standing à Bruxelles, ils ne feront pas marche arrière, ils ne vont pas revenir dans une pension de famille, même améliorée.  »

Pour Charleroi, le centre national, c’est parfait en dépannage, en attendant que les terrains de Marcinelle soient dans un état potable. Et à la fin du mois, le groupe partira en stage aux Pays-Bas. On assiste au tout premier galop des Zèbres. Ce qui frappe ? De la bonne humeur et quelques kilos de trop chez plusieurs joueurs. On fait remarquer à un membre du staff que Giuseppe Rossini n’est décidément pas revenu à son poids de forme, il ne peut que confirmer. Mais Rossini n’est pas le seul. Les Carolos ont entamé la préparation par deux jours de tests médicaux.  » Les examens physiques, on ne les fera que dans une quinzaine de jours « , nous dit Frédéric Renotte, leur physical coach.  » Ça ne sert à rien maintenant.  » Pour la fluidité des mouvements aussi, il faut encore attendre un peu.  » On les sent encore patauds, c’est normal « , poursuit celui qui va les faire suer pendant quelques semaines.

Très peu de monde en bord de terrain. Pas un seul supporter ne s’est farci les 49 bornes et le chantier sans fin de Wauthier-Braine. Par contre, cinq photographes sont au rendez-vous et mitraillent gaiement. Et on tombe sur une tête connue : Alan Haydock. Il n’est plus pro depuis 2010 mais a gardé une ligne de sportif en pleine bourre. Toujours actif dans le foot : il entraîne Hal, qui va disputer la prochaine saison en P1. Il habite à 500 mètres et vient saluer des potes.  » J’ai connu Felice Mazzu à Tubize, il était adjoint d’AlbertCartier. Je l’ai conseillé à Michel Farin, qui était président du White Star Woluwe. Je lui ai dit : -Si tu le prends, ton club fera son meilleur transfert des cinq dernières années. Il est simple, il ne se prend pas au sérieux, il a de l’humour et une vision, c’est pour tout ça qu’il est autant aimé de ses joueurs partout où il passe. Mazzu a picoré un peu chez tous les coaches dont il a été l’adjoint. Par exemple, je trouve qu’il a plus pris chez Philippe Saint-Jean que chez Albert Cartier. D’ailleurs, je retrouve finalement peu de Cartier en lui.  »

Accolade avec Alan Haydock

Le T1 repère Alan Haydock et abandonne ses joueurs pendant quelques minutes pour venir tailler une bavette. Décontraction !  » Qué beau gamin… Allez, serre-moi pour que la presse voie qu’on s’aime bien.  » Ils s’enlacent. Mazzu continue :  » Mets un peu tes lunettes de soleil pour que je voie si tu ressembles encore à Tom Cruise.  » Il explique qu’il reverra bientôt une de leurs connaissances communes :  » Tu sais qu’on va jouer contre le Metz d’Albert Cartier en fin de préparation ?  » La veille, en point presse, il a justifié son programme de matches amicaux :  » Comme chaque année, on va commencer face à des clubs de divisions inférieures, et on terminera en point d’orgue contre une équipe de Ligue 1. C’est ce qui peut nous arriver de mieux avant d’entamer notre championnat contre le Standard.  » Au programme aussi : une D1 luxembourgeoise et des clubs de D2 belge.

T1 Felice Mazzu et T2 Mario Notaro, même look : une casquette noire sponsorisée vissée sur le crâne. Et mêmes soucis avec les articulations et le reste du corps. Haydock demande au coach principal si son tendon d’Achille va mieux. Réponse tranchante :  » Ouffff….  » L’adjoint avoue qu’il a un genou plus que jamais  » en compote « . Et pendant que les joueurs transpirent assez calmement, on continue à se chambrer en bord de terrain. Un membre du staff demande si quelqu’un peut lui échanger 10 euros en monnaie. Haydock :  » Je n’ai que 3 euros sur moi.  » Mazzu :  » Toi qui as gagné des briques, tu n’as que 3 euros ? Toi qui as fait crouler Johan Vermeersch !  » Un nom qui ne rappelle pas que des souvenirs agréables à Alan Haydock : le boss du RWDM lui doit encore près de 20.000 euros. L’entraînement continue, on passe à un exercice par deux. Il faut vite former les couples, Notaro prévient :  » Si j’en vois un qui se retrouve tout seul, je lui mets un coup de pied au cul.  »

Place ensuite à un match sur espace réduit. Une chose frappe : à certains moments, ça se rentre dedans. On voit notamment une sortie kamikaze de Parfait Mandanda. On ne sait pas si celui-là a aussi pris du poids pendant les vacances, en tout cas on a la garantie qu’il n’y a pas laissé ses réflexes étourdissants. Les Zèbres ont déjà retrouvé leur chat. Frédéric Renotte profite du match pour venir à son tour discutailler en bord de terrain. Lui aussi a autrefois travaillé avec Haydock, au Brussels. Un parcours étonnant : Union St-Gilloise, RWDM, Strombeek, Brussels, Malines avec Peter Maes, Burkina Faso avec Paul Put et la finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2013 en Afsud. Et il est aussi écrivain ! Présent en librairie depuis quelques jours. Il a écrit le livre de la vie de l’animateur radio et humoriste Mike (Par terre).

Un long huis clos

Tétraplégique depuis un accident de moto en 2006. Le coach physique de Charleroi est formel : c’est une histoire très forte. Et une complicité née par hasard.  » J’écrivais les scénarios pour Les orages de la vie, l’émission télé de Stéphane Pauwels. Je me suis toujours passionné pour l’audiovisuel. Mike a fait partie des invités et j’ai découvert un homme qui avait énormément de choses à raconter. Il m’a demandé si j’étais intéressé par l’écriture d’un livre sur sa vie. C’est parti comme ça. Ce bouquin, c’est un très long huis clos entre lui et moi. Mike veut partager son histoire et démontrer au bout du compte que la notion de bien-être, de bonheur, est toujours présente chez lui. Malgré son parcours du combattant au quotidien. Il est entièrement paralysé des jambes mais il a déjà retrouvé une petite mobilité de la nuque et des bras à force de travail. Il se réveille chaque matin à 5 heures et il commence ses exercices de kiné.  »

Que peut-on attendre de ce Charleroi ? Les nouvelles de l’été sont bonnes : aucun pion vraiment important n’est parti, la saignée de janvier n’a pas eu de suites. Parfait Mandanda et Sébastien Dewaest, les deux joueurs les plus bankable, sont toujours là. Comme Mazzu, considéré en fin de saison comme un gros gibier de notre foot. On l’a cité à gauche, à droite et au milieu.  » Tout ce que j’ai lu et entendu, c’est une fierté mais il faut relativiser. Pour moi, un club n’est vraiment intéressé que quand il contacte la personne.  » On a parlé de Gand, Genk, Malines et Courtrai.  » Une seule de ces quatre équipes a tenté une petite avancée.  »

Ederson n’est plus là, son contrat n’a pas été renouvelé, mais la perte n’est pas énorme. Entendu dans le staff :  » Il y avait un plan d’apurement sur trois ans, tout a été mis en ordre en une saison et demie, c’est parfait, ça rassure.  » Felice Mazzu en première conférence de presse de la saison :  » J’ai des idées beaucoup plus avancées que la saison dernière, quand j’avais pris le groupe en mains.  » Trois joueurs sont arrivés : Christophe Diandy (de retour), Clinton Mata (Eupen) et Kalifa Coulibaly (groupe CFA du Paris Saint-Germain, meilleur buteur de la série). Il pourrait encore y avoir un nouvel attaquant et il faut désigner un nouveau capitaine. Rien que des soucis très mineurs.

Malines, staff revu et corrigé

Un autre club qui se délocalise pour sa reprise. Oh, il ne va pas très loin : à Wavre Sainte-Catherine, à dix bornes à peine de son stade. Malines accueille pas mal de nouvelles têtes, dont un coach : Aleksandar Jankovic. Autres choses intéressantes à signaler : OlivierRenard est le nouveau bras droit de la légende locale Fi Van Hoof, directeur sportif toujours rescapé de la très grande époque de Malines. Il y a aussi Philippe Vande Walle, préparateur des gardiens. Encore un nouvel employeur pour lui.

Les Malinois, déceptions de la saison passée, surtout à domicile (six défaites, quatre nuls), reprennent le boulot sur le terrain de ce club de P1 dont le stade contient – on a bien compté – exactement 54 sièges. Mais c’est un petit stade très sympathique. Le jour de cette reprise, des ouvriers communaux s’affairent : Wavre Sainte-Catherine prépare son match de gala contre les Sang et Or. Il est prévu le dimanche, trois heures avant Belgique – Russie qui sera retransmis sur écran géant. Packs VIP en vente au prix de 55 euros. Et le coup d’envoi de l’amical sera donné par l’ex-icône Piet den Boer.

Les joueurs déboulent pour la première séance de transpiration de la saison. On repère les nouvelles têtes : Dalibor Veselinovic (Waasland Beveren), Ibrahima Cissé (Standard), Sofiane Hanni (Ankaraspor), Tim Matthys (Mons). Jankovic bosse avec 28 joueurs et il y en a qui doivent encore s’ajouter dans les prochains jours : Sheldon Bateau et TomislavPacovski ont reçu un petit congé supplémentaire parce qu’ils ont prolongé la saison avec leur équipe nationale (Trinité-et-Tobago, Macédoine), et Milos Kosanovic est en pleine lune de miel. Le coach va aussi intégrer deux jeunes du cru.  » Ce sera beaucoup trop « , avoue Jankovic. Message : Van Hoof et Renard vont tenter de dégraisser méchamment. Et Jankovic est censé redonner vie à cette équipe qui ne garde qu’un sentiment mitigé de l’expérience de quelques mois avec FrankieVercauteren.

Bruges, rêves (explosés) de Maracana

Pour suivre le premier match du Club, à Heist (P2), il faut débourser entre 10 et 12 euros. Oui, quand même ! On compte environ 250 spectateurs, tout s’explique. Un supporter brugeois soupire :  » Heureusement, on peut encore fumer.  » Allusion à la mesure prise tout récemment par la direction : au Jan Breydel, il est désormais interdit de sortir une clope. C’est la suite logique d’un partenariat entre le Club et la ligue flamande contre le cancer. Il faut rester logique jusqu’au bout.

On est aussi attiré par le nouveau maillot, très réussi, avec un nouveau sponsor dans le dos : Proximus. Dans la buvette, on retransmet Pays-Bas – Australie, avec le gardien du Club dans la cage australienne. MathewRyan a une cote d’enfer. C’est bête qu’il doive jouer contre Arjen Robben ! Deux joueurs indisponibles préfèrent suivre le Mondial plutôt que l’amical : Vadis Odjidja et Boli Bolingoli. Ça vous étonne ? Toujours en parlant de Coupe du Monde… Timmy Simons et Thomas Meunier, exclus de la liste de Marc Wilmots, sont sur le terrain. Cruel pour eux. Ils ont rêvé du Maracana, ils se réveillent sur la pelouse du Stadion De Taeye… Simons montre en tout cas qu’il a gardé son efficacité depuis le point de penalty. Waldemar Sobota prouve qu’il sait encore marquer des buts. On retiendra aussi deux buts de Maxime Lestienne, trois de Lior Refaelov, un hat-trick d’ObbiOulare. Oui, Oulare. Le fils de Souleymane, actuellement stagiaire à Bruges. Au bout du compte, un score anecdotique pour un galop d’entraînement qui l’est tout autant : 0-13. Tout le monde s’en fout un peu, on ne parle que du Mondial dans la buvette.

Courtrai, téléphone rouge avec Copacabana

La tradition ne change pas : chaque été, Courtrai joue son tout premier match contre un club de la région et dans les installations de Bissegem, à cinq kilomètres à peine  » de la maison « . L’adversaire cette année est une équipe de 4e Provinciale, Bellegem. Dont les joueurs sont encore bien éloignés de la reprise. Le président courtraisien manque à l’appel. Il est signalé à Copacabana. Et pendant que les joueurs font sortir quelques litres de sueur, on diffuse Italie – Costa Rica dans la buvette. Alors qu’il reste une vingtaine de minutes à jouer, le président s’informe par téléphone, depuis Rio. Il comprend qu’il ne doit même plus songer à engager un attaquant supplémentaire… son équipe mène 10-0.

Le nouvel entraîneur, Yves Vanderhaeghe, a donné des consignes assez précises : jouer simple, faire circuler le ballon, éviter les duels et marquer beaucoup de buts. Le message passe parfaitement. En pointe, Teddy Chevalier s’est retrouvé : trois buts et deux envois sur le cadre. Il s’est aussi retrouvé point de vue caractère : plus d’une fois, il s’en prend à AdamMarusic, son nouvel équipier serbe qui laisse une excellente impression. Il est aligné sur le flanc droit, à un des deux postes de prédilection de Chevalier : faut-il voir un lien avec les sautes d’humeur du Français ? Vanderhaeghe a fait monter une dizaine de joueurs frais à la mi-temps et ça se termine par un solide 16-0 avec quatre pions d’IvanSantini, qui a remplacé Chevalier – toujours lui. Un confrère lance :  » Si Vanderhaeghe arrête sa carrière d’entraîneur principal dès ce soir, il restera avec un bilan unique.  »

Lokeren face aux assauts

Peter Maes entame sa cinquième saison consécutive à Lokeren, ce n’est pas loin d’être un record dans notre D1. Quatre semaines de vacances et beaucoup de bornes à vélo lui ont suffi pour bien se vider la tête. Le Mondial, il en prend de fortes doses.  » J’enregistre des phases pour les montrer à mes joueurs dans les prochaines semaines, pour leur montrer ce qu’il faut faire et ne pas faire.  » Maes est conscient qu’il doit varier en permanence son approche, surtout cette saison car, à la différence des autres années, le groupe n’a pas bougé. But : éviter la lassitude.

Comme chaque année, Lokeren reprend le boulot sur les terrains d’un complexe longeant l’autoroute Gand – Anvers. Pas de nouveaux visages, à l’exception de quelques Espoirs et d’un test brésilien. Priorité pour Maes : garder tout le monde. Il sait que tout est possible jusqu’au 31 août mais ça ne se présente pas trop mal. Manquent à l’appel le jour de notre visite : HamdiHarbaoui (raisons médicales), Copa (à la Coupe du Monde) et ErwinLemmens qui est aussi au Brésil, comme préparateur de gardien des Diables. A Lokeren, on sait que Thibaut Courtois et Simon Mignolet en pensent plein de bien, donc on craint toujours qu’il soit sollicité très vite par un club étranger.

Pendant l’absence de Lemmens, Geert De Vlieger dépanne. Rudi Cossey, adjoint, est toujours là. Au grand soulagement de Maes. Anderlecht est allé très loin pour le débaucher. Besnik Hasi connaît bien Cossey, ils ont travaillé ensemble à Lokeren. Autre motif de satisfaction pour le coach : malgré tout ce qu’on a raconté depuis quelques mois, son joyau Hans Vanaken s’entraîne encore et toujours avec un short et un t-shirt de Lokeren. Le club a une liste de renforts possibles au cas où il y aurait des départs (Alexander Scholz est courtisé et Harbaoui dit depuis longtemps qu’il veut changer d’air) mais personne n’entrera si personne ne sort !

Gand, une grande lessive, une

Chaque matin à 8 h 15, Hein Vanhaezebrouck donne rendez-vous à ses hommes. Gand a chamboulé son noyau, ça n’étonne personne. Dans ce club, le hall des arrivées et celui des départs sont toujours encombrés, c’est une tradition. Encore une fois, plusieurs joueurs vont s’en aller, et il y a du beau monde là-dedans. Prenons ceux qui sont obligés de s’entraîner, à la reprise, avec le coach des Espoirs. On y trouve par exemple David Hubert, YassineElGhanassy, Christian Brüls, Sergio Padt,…

On suit les Buffalos le jour où ils jouent tranquillement un match de préparation – 1.400 spectateurs quand même – à De Pinte, commune voisine. Verdict : 0-9 avec entre autres choses deux jolis coups francs de l’ex-Carolo Danijel Milicevic. Frappant, aussi : ce match se joue pendant que l’Italie se fait battre par le Costa Rica. But de Bryan Ruiz, ancien Gantois. Michel Louwagie jubile : c’est lui qui l’avait fait venir chez nous, et il avait fallu du temps avant que Georges Leekens lui fasse confiance.

Vanhaezebrouck a fait transférer deux trentenaires qu’il connaît bien, Mustapha Oussalah et Karim Belhocine. Aussi l’Israélien Rami Gershon qu’il a également eu sous ses ordres à Courtrai. Et il y a le gardien Brian Vandenbussche, un Bosnien répondant au doux nom de Nermin Zolotic, l’Ostendais Laurent Depoitre,… Suffisant pour faire oublier la première saison plutôt cata dans le nouveau stade ? Le boss, Ivan DeWitte, a fait d’une qualification pour les PO1 un must de chez must. Autre objectif : la vente d’abonnements. Il y en avait 13.700 début septembre 2013, on en est déjà à 11.000 aujourd’hui. Gand veut passer la barre des 15.000.

PAR PIERRE DANVOYE, GEERT FOUTRÉ, CHRISTIAN VANDENABEELE ET FREDERIC VANHEULE – PHOTOS: BELGAIMAGE/ KETELS

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