C’EST QUOI CE BORDEL ?

Ah la théorie ! De celle qui t’explique tout. Qui, goinfrée de certitudes, doit te mener à l’évidence. Une évidence qui s’arrête au seuil de la pratique. La science appliquée, c’est les maths, ce n’est pas de la chair en mouvement avec un cerveau central à l’arrêt.

Albert Einstein serait d’accord. Sa relativité l’a poussé à relativiser la portée de son génie. Moi aussi je relativise la portée de mon… message. Tellement, que je vais vous parler d’un match que je n’ai pas vu. Mais je l’ai ressenti comme rarement avec mes oreilles. Avec l’avant et l’après-match. J’étais ailleurs pour ce match venu d’ailleurs.

Un moment de suspension où la pression atmosphérique a pris de l’altitude. De celle où la théorie n’existe plus. Où les règles de l’univers ont fait  » delete « . Donc, ce mercredi 8 mars, j’étais au Salon du Livre. J’aime les livres. Ils sont la théorie du monde et de ses dérivés mais leurs mots ne prennent vie qu’à travers nous. Nous, qui sommes tout et rien à la fois.

Ce match sera salutaire pour longtemps. Il scelle à jamais une vérité. Celle qui veut qu’il n’y en a pas. Exactement le même match aurait pu (dû) donner un autre vainqueur. En 15 jours, UnaiEmery passe de génie à minable. Son équipe, d’alchimie parfaite synonyme de conquête, à une déroute en culotte courte.

Que de bla bla pour un seul résultat ! Cela dit, le blabla catalan était parfait en avant match. Le doute a changé de camp. Les  » on y croit « ,  » c’est possible  » et puis  » on va le faire  » catalans ont fait beaucoup de dégâts dans les certitudes parisiennes passées de  » ils sont fous « ,  » ils se prennent pour qui « , à  » et si c’était possible « .

Et puis, le timing de LuisEnrique qui annonce qu’il ne restera pas en fin de saison. Si ça, ça s’appelle pas responsabiliser ses joueurs ? Bien vu. Toute mise en place, aussi belle soit-elle, ne résiste pas à un contrôle raté, à une micro-seconde d’égarement ou encore une sortie foirée.

Justement, celle de KevinTrapp après deux minutes était la première erreur de frappe d’un scénario qui semblait bien ficelé mais qui s’est transformé en une joute ratée de la ligue d’impro. Car outre le fait d’ouvrir les chakras de l’espoir au Barça, il fermait la confiance collective acquise au match aller. Du coup, les autres n’osent plus rejouer avec lui pour faire sortir et bouger le Barça.

Un entraîneur qui veut jouer bas ne peut pas prévoir que ses joueurs, souverains, géniaux de maîtrise et talent 15 jours plutôt vont foirer dans l’audace et la maîtrise technique. Des erreurs individuelles dans leurs propres 20 mètres contre le Barca…

ThiagoSilva qui rentre alors que le jeune PresnelKimpembe avait bouffé les génies d’en face. Si le Brésilien ne commence pas, Emery le perd jusqu’à la fin de saison. Ce choix confirme que le talent n’est rien sans la personnalité. Et la personnalité se révèle dans l’adversité, Silva n’était pas là.

Et pourtant, à 3-1, Lionel Messi et ses potes s’attendaient plus à recevoir un autre but qu’à en marquer trois. Sûr et certain. Tiens Messi, parlons-en. Le talent, c’est aussi et surtout de l’intelligence. L’Argentin a compris que le génie du soir serait Neymar. Il lui a laissé les clés. Bien vu Léo.

Et puis, ces chiffres ahurissants. A partir de la 85e minute, le PSG a fait autant de passes à l’adversaire qu’à ses propres joueurs. Les Sangermanois ont réussi quatre passes dont trois ont été… le coup d’envoi après un but encaissé.

Et puis, il y a cette théorie du grand complot. Au détour d’une parole tombée dans mon oreille devenue poubelle :  » Dans le foot, c’est comme dans la vie, plus tu montes, plus c’est pourri « . Parole d’un politique donc, il sait de quoi il parle.

Mais, bordel, qu’on m’explique l’arrangement. Comment des joueurs pourraient laisser filer leur dignité ? J’y crois pas. Entrer à jamais dans l’histoire du foot comme un des losers qui a subi la remontada du siècle. Aucun mec ne veut ça.

Et puis, y a l’arbitre. Nul et non avenu. On n’en parle plus. Les joueurs du PSG sont responsables mais pas coupables. Parce que pour avoir un coupable, il faut un juge. Et je n’en suis pas un…

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

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