» C’est le vieux qui te le dit ! « 

Diables Rouges, St-Trond, Anderlecht, Bordeaux, Sao Paulo, Standard, Guimaraes, Marseille, c’est Raimundo. 82 ans !

R aymond Goethals :  » Si à la Licence Pro un candidat me répond, que sur corner, il met ZinedineZidane sur DanielVan Buyten, je lui colle un zéro. Pourtant, j’ai vu ça à Real Madrid-Marseille, un non-sens. Zidane n’a pas de jeu de tête offensif û NDLR : il a tout de même mis deux buts en finale CM 98 contre le Brésil û et encore moins défensif. N’importe qui sur cette masse de 1m96, mais pas lui. Et SteveMarlet dans le couloir face à Roberto Carlos ! Il a dû être remplacé après 20 minutes… Zidane-Carlos sur la gauche c’est très fort. Pourquoi Carlos n’a-t-il pas un Ballon d’Or ? Incompréhensible. Mais je te garantis qu’avec mes Marseillais CarlosMozer, BasileBoli, JocelynAngloma et DidierDeschamps, je les aurais mieux piégés. Le Real a fait des carbonades avec Marseille. C’est qui cet entraîneur du Real ? Et son nom ? Carlos Queiroz. Un des adjoints de AlexFerguson, et ça suffit ? Bizarre que ce type sans rien derrière lui débarque à Madrid « .

Du Goethals, évidemment… Toujours lucide et tranchant, à 82 ans, l’unique entraîneur belge victorieux en Coupe des Champions, avec Marseille en 93, troisième à l’EURO 72, et quatre fois victorieux en sept finales européennes.  » T’en connais un autre qui a fait ça ? » Et légitime fierté d’une carrière de 36 ans au top : le Banc d’Or 91 de l’Association des entraîneurs italiens.  » Quand il y a foot européen, je ne décolle pas jusqu’à 2 h., après la télé belge, la hollandaise. J’ai encore de bons yeux, je lis le journal sans lunettes. Mon problème, c’est les intestins, la tuyauterie, m’a dit le spécialiste d’Erasme ; parfois je ressens une pointe en me couchant sur le côté droit. Il m’a dit -Monsieur Goethals, continuez à boire et à manger sobrement ; je ne vous opère pas… J’ai maigri de sept kilos et fume toujours mais je n’aspire pas la fumée. Ce n’est qu’à 79 ans, sur l’insistance de mon fils Guy que j’ai vu un médecin. Au club, à Marseille, il y en avait quatre, mais pas question de me toucher. Guy Thys ne disait rien de son mal, dix jours avant son décès, on bavardait encore à la Licence Pro. A Belgique-Croatie, j’ai appris qu’il est parti du pancréas. Moi, si je dois partir, j’espère que ce sera vite fait, sans douleur. J’habite boulevard Mettewie dans un appartement qui donne sur le cimetière de Molenbeek, du balcon on n’a qu’à me laisser glisser… Ah, ah, ah… J’ai dit à Guy que je voulais une messe à la Basilique, comme ça je retournerai à mes origines. Gamin j’ai joué des années sur ce plateau de Koekelberg, la Basilique n’y était pas encore « . Toujours très sollicité ( » Mais je freine « ), Raymond a une chronique au HetLaatste Nieuws, est consultant RTBF et VRT, et reçoit, à l’occasion, un journaliste français ( » Tu prends le TGV jusqu’à Bruxelles-Midi, et en taxi jusqu’au Heysel, au Pétanque Club. Ici, on est au calme et, j’aime y taper une belote « ).

Pour ses 75e et 80e anniversaires, les anciens de St-Trond, qu’il entraîna sept ans, le fêtèrent joyeusement et, en 93, après le triomphe de Marseille, Bernard Pivot l’invita à Bouillon de culture et le Bébête Show le caricatura.

 » Et ne change pas ta façon de parler « , insistaient les Français. Pas de danger, plus nature que Raymond… Trois bouquins, au moins, ont tenté de le percer à jour, De Tovenaar (le magicien) par Jan Pulinx et Charles Baete, Au rendez-vous des Diables par Frank Baudoncq et Le douzième homme par Philippe Henry et Serge Trimpont.

En 75 minutes André Remy le mit en bobines :  » Raymond a toujours raison « . Il inspira aussi un disque : C’est lui, une suite à C’est qui ? axé sur le folklorique enlèvement de l’ex-ministre bruxellois Paul Vanden Boeynants.

Choisissez le surnom

D’où sort-il ce castard aux multiples surnoms, Raymond-la-Science, le Sorcier, RedAdair, Columbo, le Belge, Raimundo, Mènneke-foot, et qui se définit en trois mots : passion, compétence et expérience ? Plus, un peu, beaucoup, de boniment et de mauvaise foi, quand jugé nécessaire.

–  » Qu’est-ce que tu veux savoir ? ».

– Le joueur et l’entraîneur.

–  » Le joueur ? C’est si loin…  »

Je le replonge dans sa jeunesse, en lui disant que je l’ai vu au Daring et au Racing, avant et après-guerre. Né le 7 octobre 1921 à Forest, mais très vite transféré à Molenbeek, Raymond, élève moyen, sans histoires, foot de la tête aux pieds, s’affilia au Daring CB à 12 ans, et enfourcha son premier vélo à 17 ans.

 » Junior j’ai assisté à des séances de Jack Butler, un Anglais qui fit jouer le WM au Daring, une révolution tactique dans notre foot. Mon appel dans le noyau A coïncida, malheureusement, avec la déclaration de guerre, et l’armée belge m’embarqua vers le sud de la France « .

A son retour, il ne se montra pas trop afin d’éviter d’être repéré pour le travail obligatoire en Allemagne. Retenu, épisodiquement en équipe A, il fut parfois, en 42, le partenaire de Guy Thys, transféré du Beerschot. Sa vraie chance, il la reçut après la Libération, avec les anciens Van Ingelghem, Buyle, Mondelé, et des nouveaux comme Bob Van Kerhoven. Candidat, avec le WitteSpeeckaert, à la succession du célèbre Nolle Badjou, il fut la réserve de Rie Meert pour Belgique-Sélection militaire de Grande-Bretagne, à l’Union.  » J’y ai vu en action les fameux Matthews et Swift « .

A 28 ans, au Racing Bruxelles, alors en Division d’Honneur (D1 actuelle), il concurrença Loeckx dans un noyau qu’animaient les internationaux Bijou Voussure et Tuur Ceuleers. En 52-53, avec l’ASSA Renaix, il gagna le titre en 1re Provinciale. Joueur-entraîneur au FC Hannutois, la saison suivante, il répondit à une demande d’entraîneur, via La Vie Sportive, du Stade Waremme, en Promotion.

 » On est montés dès la première saison. Pendant les vacances, je suivais les cours d’entraîneur du Heysel, et aussi ceux du centre de Macolin, en Suisse, de Pibarot, à Joinville, de Weisweiler à Cologne. Pibarot enseignait la défense en ligne que Sinibaldi a appliquée à Anderlecht et moi à St-Trond. Mes Trudonnaires, Van Oirbeek, Polleunis père, Boffin père, Lemoine et Vandenboer étaient les bêtes noires du grand Anderlecht auteur de cinq titres consécutifs à cette époque. De 59 à 66, on les a battus et rebattus, parfois ils arrachaient un nul ou un succès. Je revois le grand Laurent Verbiest, toujours calme pourtant, s’énerver sur Roger Maes au point d’en perdre son football. Ma dernière saison, on a été vice -champions « .

Pistonné par les Affaires étrangères

Après l’entraînement du soir, président et entraîneur discutaient parfois jusqu’à l’ultime seconde, et le chef de gare, dans le coup, retardait alors le train vers Bruxelles d’une minute : -Tot morgen, meneer Goethals.

Son fils Guy, plus tard juriste et arbitre international, jouait chez les Scolaires des Canaris. En 1960, Constant Vanden Stock, directeur technique national, invita ce trainer très typé et bosseur à s’occuper des Juniors UEFA, des Espoirs et de l’équipe B. Pas de problème, malgré sa fonction de commis huissier au ministère des Affaires étrangères et son sacerdoce limbourgeois, le Brusseleir de St-Trond accepta. Parfois, lorsque le huissier, absent excusé, n’était pas au poste, le ministre Paul-Henri Spaak expliquait :  » C’est la contribution de la diplomatie belge à la promotion de l’équipe nationale de football « .

 » J’ai fonctionné 17 ans à l’Union Belge. Au début, j’étais chargé de la sélection de cinq équipes de jeunes, nationaux et provinciaux ; chaque jour au Heysel, petit et grand terrains. A mon départ, la charge fut partagée : un entraîneur par équipe. Tu peux le noter, tout le monde ne travaille pas comme Raymond. J’ai même préparé les Léopards du Zaïre. A partir de 1966, en succédant à Constant, j’ai cumulé les postes d’entraîneur et de sélectionneur, une situation alors unique en 75 ans de fédération. Et là, écoute-moi bien, à cette époque seul se qualifiait pour le Mondial et l’EURO le premier du groupe. Il fallait sortir des caïds, l’Espagne, la Hollande, la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, l’Italie… Aujourd’hui, il y a 51 équipes européennes, de mon temps 32… San Marino, les Iles Féroé, le Liechtenstein, Andorre n’étaient pas admis. Et on ne parlait pas des républiques issues de la Yougoslavie, de l’URSS et de la Tchécoslovaquie. Tu saisis ? Maintenant t’es deuxième, t’es qualifié, et si t’es un troisième sympathique, tu passes aussi. Nous, en 1970, on est retourné au Mondial après 16 ans d’absence en écartant l’Espagne et la Yougoslavie, et puis les Portugais, Ecossais, Italiens, Hongrois pour le bronze de l’EURO 72. Et qui est premier, hein, du groupe avec la Hollande pour la Coupe du Monde 74 ? Et encore premier devant la France pour l’EURO 76 ? En 74, les Kaas n’en sortaient plus, un de mes plus beaux coups tactiques avec celui de Marseille en 93 à Munich. A Anvers, 0-0, JeanThissen tire sur le poteau, et Janvan Beveren sauve un tir de GeorgesHeylens plein coin… JohanCruijff, déjà entraîneur dans sa tête, ordonne le repli : – Achteruit, ze moeten buiten komen… Ah, ah, ah !… Le lendemain la presse hollandaise les assassinait en les traitant de lâches. Au retour à Amsterdam, on a été volé, oui volé, c’est le vieux qui te le dit. Ils étaient à nouveau mal pris, et à la 89e minute Jan Ver- heyen marque sur un coup franc de PaulVan Himst. Et voilà que ce Kazokov annule le but sur un hors jeu de position de MartensMaurice était hors de l’action… Le soir même, la télé hollandaise le reconnaissait, dix fois l’image du but à l’appui ; on l’a vu dans le salon de Verheyen, à Hoogstraten, sur le chemin du retour. On était dehors, après avoir battu la meilleure équipe du monde, sans défaite et zéro but encaissé « .

Le vieux se passe la main dans les cheveux, marque un temps d’arrêt et commande un autre galopin ; sans aucun doute il est convaincu, qu’en profondeur et qualité, son palmarès Diables Rouges vaut celui, plus lumineux et spectaculaire, de Guy Thys, finaliste de l’EURO 80 et quatrième du Mondial 86.

Le meilleur bilan chez les Diables

En chiffres, le bilan Goethals est, en tout cas, nettement le plus positif (25 v., 11 d., 8 n.) de tous les entraîneurs des Diables. Avec quelques bémols comme le coup de froid avec Van Himst, qui déserta les Diables, après un tour final loupé à Mexico 70, les deux hommes se réconciliant dans les bureaux du Sportif 70. Et aussi, le triste adieu du 5-0 à Rotterdam en 76 :  » ChristianPiot relevait de blessure, mais ceux qui disent que j’ai eu tort de l’aligner ont faux, avec ou sans lui, même tarif. Cruijff et RobbyRensenbrink intenables, et puis l’équipe prenait de la bouteille, et Van Himst comme WilfriedVan Moer, souvent blessé, n’étaient plus là. Pour me garder, le président LouisWouters proposa une rallonge de quatre ans de contrat aux deux qui me restaient, mais je me suis dit ûRaymond, qu’est-ce que tu peux encore apporter ? J’ai proposé Guy Thys, et accepté l’offre du Sporting. J’avais eu le plaisir de diriger une très belle équipe nationale, Piot, ErwinVanden Daele, Van Himst, Polleunis (plus fort que Van Himst, mais question sérieux…), Van Moer, RaoulLambert, JohanDe Vrindt, Wilfried Puis « .

Constant Vanden Stock (88 ans) dut se faire une douce violence au coup d’envoi de la saison 76-77 : remercier Hans Croon, l’entraîneur de la première coupe européenne du Sporting, manquait d’élégance, mais…  » J’ai travaillé trois fois pour le Sporting, de 76 à 79, de 87 à 89, et encore quelques semaines, à 75 ans !, en 95-96 pour remplacer un Allemand vite viré. En ces cinq ans, je n’ai, malheureusement, pas eu le titre, quatre fois vice-champion, mais, conquis deux finales de Coupe de Belgique en 88 et 89, et surtout, enlevé trois finales européennes sur quatre : la Coupe des Coupes perdue en 77 contre Hambourg, mais gagnée en 78 face à l’Austria Vienne, et les deux Supercoupes 77 et 78 contre le Bayern Munich, alors trois fois champion d’Europe d’affilée avec FranzBeckenbauer, Karl-HeinzRummenigge et GerdMüller, et le Liverpool de KevinKeegan, RayKennedy, KennyDalglish et GraemeSouness. Le Sporting a engrangé un paquet d’argent et il pleuvait des invitations à des tournois à l’étranger. J’ai ma part dans l’édification des nouvelles tribunes… ah, ah, ah… Et économe Raymond. J’ai, par exemple, revendu DuncanMcKenzie plus que son prix d’achat quelques mois après son arrivée. Mes grands du Sporting ?, Rensenbrink, FrankyVercauteren, LudoCoeck, ArieHaan. Quand Robby mettait sa tenue de gala, c’était la fête sur la pelouse « .

Claude Bez, le gros président moustachu de Bordeaux, l’attira une première fois en 79, pour diriger AlainGiresse, BernardLacombe, GérardSoler et Cie :  » Un boulot formidable, mais j’ai dû rentrer au pays pour raisons personnelles « .

Après son divorce et 36 ans de mariage on l’entendit dire :  » Au foot à 35 ans on est libre, mais ici…  »

Malgré tout le brouhaha qui l’entoure, Raymond se dit plutôt solitaire.  » Comme Alain Prost, on en a parlé ensemble « .

La bombe au Brésil et la cata au Standard

 » A cette époque, un Brésilien de Bruxelles m’a parlé de l’intérêt de Sao Paulo, Sao Paulo, tu te rends compte ? Je suis parti dans le même avion que Rik Coppens en quête de joueurs brésiliens pour le Beerschot. Un Suisse richissime, administrateur du club (et qui cultivait des roses Baccarat,… ça ne s’oublie pas), m’a accueilli, nommé directeur technique, avec chauffeur à disposition. On s’est parfois perdus… tu rates une sortie sur l’autoroute, tu dois rouler 50 km plus loin pour la suivante. A devenir fou ! Une ville de six millions d’habitants à l’époque, et un stade, le Morumbi, de 162.000 places. On a été champions de la zone Paulista, et le Suisse me proposa de re-signer, mais je restais trop dépaysé. A mes yeux, le Brésil 70 reste la plus belle équipe, avec l’Italie 70, battue en finale, juste derrière. Un joueur ? Pelé ou DiegoMaradona, avec une préférence pour l’Argentin. Pelé n’a joué qu’au Brésil, Maradona s’est frotté à l’Europe, à Barcelone et à Naples, c’est plus dur au marquage « .

Après Sao Paulo, le Standard et la grande affaire du début des années 80 :  » Deux titres, mes deux premiers, et pour le Standard les premiers depuis 71. Et je te jure qu’en finale de la Coupe des Coupes 82, contre Barcelone, l’arbitre allemand nous a roulés. Je dis très rarement – On était les plus forts, mais là, oui ! A 0-1, il a validé un coup franc alors qu’on formait le mur… D’Anderlecht j’avais amené Haan et JohnnyDusbaba, mais la perle du Standard, c’était SimonTahamata, Monsieur Simon, et… je te le cite, quand même, EricGerets, très fort « .

Quand même ? Les deux hommes sont, en effet, en froid depuis l’affaire de corruption.  » De cette affaire je ne dis rien, plus rien. Terminé ! Beaucoup de bruit pour rien, un vrai règlement de compte. Le match contre Waterschei s’est déroulé normalement… On devait faire attention trois jours avant la finale de Barcelone, c’est tout. Les joueurs ont donné leur prime ? Moi, je n’ai pas cédé de prime, je n’en avais pas. Comme Happel, je travaillais sans prime « .

Après un interrogatoire à la BSR, Goethals jugea avoir été traité comme un assassin.  » Roger Petit a le plus souffert de tout ça ; moi j’ai continué à travailler… au Portugal, à Guimaraes, sans problèmes. J’avais 64 ans, et, au bout de la saison, je me suis dit …-Raymond tu rentres, tu stoppes, et tu joues ta belote. Mais, à la buvette du Heysel, Jean Martin du Racing Jet me demande de jeter un £il sur le club. Non, merci. Ils jouent le tour final, montent en D1 et engagent Daniel Renders. -Raymond, aide-le un peu. Bon, je conseille pendant une saison, et, miracle, ils terminent neuvièmes. Enfin, la retraite ? Non, pas encore. Constant me propose deux saisons, et j’accepte. Résultat : deux Coupes, contre le Standard en 88 et 89. Didier Couécou (ex-attaquant international français) de Bordeaux m’a alors contacté : -On est treizièmes et dans la merde, viens mettre de l’ordre… Constant m’a proposé la direction technique, mais le retour à Bordeaux me tentait. EnzoScifo était là-bas et on a dit que je n’en voulais pas. En réalité, c’est le président Bez qui l’avait déjà exclu du groupe. Pas facile Bez. Un jour, en ma présence, et après quelques verres, il a dit à MichelPlatini qu’il était aussi mauvais entraîneur que grand joueur. On a été vice-champions, mais Bez a été déclaré en faillite. Tapie m’a alors invité à Paris …-Toi le Belge tu m’as fait chier avec Bordeaux ; tu travailles pour moi, et tu me gagnes la Coupe. Laquelle ?. -Il n’y en a qu’une, celle des Champions. Il m’a installé dans une suite du Concorde Palm Beach, mais j’ai vite demandé une chambre plus simple. Parfois, il voulait me forcer à retenir un joueur plutôt qu’un autre : -Président, ça ne cadre pas avec mon quadrillage sur le terrain… -Je me fous de ton quadrillage, le Belge… Il m’appelait le Belge dans les moments de tension, Raymond quand tout baignait. Parfois, de son voilier, le Phocéa, il me téléphonait la nuit de Miami. En une semaine il a failli me virer trois fois : -Pas de problème, président, l’avion de Bruxelles est à 9 h 30  »

Dans la légende marseillaise

Un couple infernal, mais du palmarès : trois titres de champion 91, 92, 93, une Coupe de France, deux finales de la Ligue des Champions, une perdue en 91 face à l’Etoile Rouge de Belgrade, et celle triomphante de 93, à Munich, sur l’AC Milan, 1-0, Boli. Au sifflet final, Raymond, éperdu, courait dans tous les sens. Un journaliste anglais l’interrogea sur sa tactique, de sa défense loin du but de FabienBarthez…  » J’appliquais déjà la ligne à St-Trond « .  » What ? Citron ? »

Cette nuit-là, Raymond-la-Science ne festoya pas, il se retira, épuisé, dans sa chambre et revit le match à la télé.  » En 91, après l’élimination de Milan en quarts, j’ai reçu le Banc d’Or des Italiens. C’était à Florence, en présence de quelques maîtres, BrianRobson, FabioCapello, GianniRivera. J’ai exposé ma tactique et répondu aux questions. SandroMazzola m’avait prévenu : TarcisioBurgnich (ex-international de l’Inter Milan) ne serait pas d’accord, toute sa vie il a joué l’individuelle. En 93, après la finale, j’ai eu le banc d’argent, bizarre, mais compréhensible, cette saison-là Capello avait aligné 34 matches sans défaite. Tapie insista : – Tu restes. Ne me fais pas encore chier le Belge. Je voulais arrêter. J’avais 72 ans « .

Il revint à Molenbeek, après dix ans d’hôtel, avec, à jamais, dans sa tête, les Barthez (qu’il repéra à Toulouse), Mozer, Angloma, Marcel Desailly, Deschamps, Boli, ChrisWaddle, Jean-PierrePapin, AbediPelé, RudiVöller, AllenBoksic. EricCantona, future star de Manchester United, fut, par contre, snobé, et fit souvent banquette.

Raymond-la-Science était (et reste) adoré à Marseille, qui l’invite encore aux grands moments. En 93, il raconta, en substance, à L’Equipe-Magazine :  » Les Marseillais sont marrants, ils s’insultent, puis s’embrassent. Parfois, ils me disaient : -T’es fada, Raymond… Les fous c’est vous, et ça m’amuse. Tiens, la preuve : après un nul à Glasgow, je retire ma voiture au garage, mais le garagiste ne me lâche plus… – Comment t’as fait ça, coach ? Un miracle. Devant la télé, j’avais les larmes aux yeux, jamais ma femme ne m’a fait jouir comme ça… Je t’aime coach, si j’étais une nana je te ferais des choses… Et c’est moi le dingue ? »

Henry Guldemont

 » J’habite un appartement qui donne sur le cimetière de Molenbeek, du balcon on n’a qu’à me laisser glisser… Ah, ah, ah  »

 » Après un nul à Glasgow avec l’OM, un garagiste m’a dit que même sa femme ne l’avait jamais fait jouir comme ça. Ils sont fous  »

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