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 » C’est le meilleur effectif dans lequel j’ai joué « 

Ancien joueur, ancien coach des Espoirs et ancien assistant-coach, Philippe Clement est aujourd’hui l’entraîneur principal des Blauw en Zwart. Depuis le nouveau centre d’entraînement de Westkapelle, Brandon Mechele, produit de l’école des jeunes, raconte toute l’évolution du Club Bruges.

Brandon Mechele :  » Le principal changement, cette saison, c’est ce nouveau centre d’entraînement. Tout est impeccable, ici. C’est super, et c’est une motivation pour travailler. Si l’on compare ceci avec les conditions qui étaient les nôtres au stade Jan Breydel, il faut reconnaître que c’était une honte, là-bas. Tout était vieux, il y avait peu d’espace, cela sentait le renfermé et, en été, il faisait bien trop chaud dans le vestiaire et dans la salle de fitness, parce qu’il n’y avait pas de ventilation. Ici, la lumière du jour éclaire tout le bâtiment, alors que là-bas, il n’y avait qu’une petite fenêtre pour faire entrer le soleil.

La grande différence entre Ivan Leko et Philippe Clement, c’est que ce dernier essaie d’impliquer tout le monde.  » Brandon Mechele

On pourrait se perdre dans les couloirs, ici. Après avoir fait le tour du propriétaire, en début de saison, j’avais du mal à m’orienter. Pour nous, le plus important, c’est la salle de fitness. On y trouve toutes les dernières nouveautés. On voit qu’elle est utilisée par de plus en plus de monde, et tous les joueurs prennent plaisir à y travailler, avant ou après l’entraînement. Avant, lorsque cinq joueurs se trouvaient en même temps dans la salle de fitness du Jan Breydel, il n’y avait déjà plus de place.

Ici, on a plus envie de travailler, et on reste alors plus longtemps. Pour s’entraîner davantage, pour passer du temps ensemble au sauna ou au jacuzzi, ou pour jouer au billard. Il y a tout ce qu’il faut pour récupérer de façon optimale et se concentrer directement sur le prochain match. Avec notre programme très chargé cette saison, ce n’est pas un luxe.

Il y a aussi deux terrains en très bon état, une salle couverte et une piscine. Au Jan Breydel, les exposés tactiques devaient être réalisés dans la petite salle de presse, où il fallait d’abord installer les chaises avant de pouvoir commencer.

Le Club continue à se professionnaliser, il progresse dans tous les domaines. La seule chose qui n’évolue pas, après tout ce qui a déjà été réalisé, c’est le stade. On sait qu’il sera construit un jour, mais on ignore toujours quand exactement. J’espère que je pourrai encore jouer dans le nouveau stade. J’en rêve. J’ai grandi au Club, ce serait donc très spécial pour moi.

Ce centre d’entraînement marque le début d’une nouvelle ère. Je n’avais jamais rien connu d’autre que le Jan Breydel et c’est fantastique de pouvoir venir ici tous les jours. J’aime m’adonner à des séances supplémentaires, et les conditions de travail sont idéales pour le faire. »

L’entraîneur

 » Avec Philippe Clement, nous avons aussi un nouvel entraîneur. Mais nous nous connaissions déjà, depuis l’époque où il entraînait les Espoirs du Club. Lorsque je l’ai revu, en début de saison, j’ai eu l’impression qu’il n’était jamais parti.

Bien sûr, lorsqu’on est l’entraîneur principal, il faut se comporter différemment que durant toutes ces années où l’on a été assistant-coach. Peut-être est-ce d’ailleurs une bonne chose que de nombreux joueurs de cette époque soient partis. Car les liens, avec un assistant, ne sont pas les mêmes qu’avec un entraîneur principal. Lorsqu’il était assistant, il se comportait presque comme un équipier.

Lorsqu’on devient entraîneur principal, il faut pouvoir se départir de son rôle précédent et tourner le bouton. On peut garder des relations amicales, mais à un certain moment, il faut redevenir sérieux et pouvoir dire : Maintenant, il est temps de travailler ! On ne peut plus se permettre de déambuler au milieu des joueurs, même si Clement reste très proche du groupe. Mais il ne se comporte plus comme un copain. Désormais, c’est lui le patron et il le fait comprendre.

Mais, sur le plan humain, il n’a pas changé. Lorsqu’on a un problème, on peut toujours aller le trouver. Simplement, on ne peut plus l’appeler Phille. Au début, il l’a clairement fait comprendre à Ruud Vormer : Ne m’appelle plus Phille, désormais ce sera coach. ( il rit) Ruud est l’un des rares joueurs qui ont encore travaillé avec lui lorsqu’il était assistant, lorsqu’il entretenait encore des relations très amicales avec le groupe.

L’entraîneur parvient à entretenir de très bonnes relations avec les personnes. Il essaie de satisfaire tout le monde. Il y a cependant certains joueurs avec lesquels il parle plus, ceux qu’il considère comme les leaders, ceux chargés de transmettre son message aux autres.

En début de saison, il a directement mis les choses au point : Nous n’avons pas simplement 15 ou 16 joueurs, tout le groupe aura un rôle important à jouer. Il l’a fait comprendre dès le premier match. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, vous n’êtes pas titulaire, que vous ne recevrez pas votre chance plus tard dans la saison.

Et il avait raison : il effectue beaucoup de rotations et fait appel à l’intégralité de son noyau. Tout le monde n’apprécie pas ces rotations. Ceux qui avaient l’habitude de jouer tous les matches ont dû s’adapter. Mais il donne confiance et explique également pourquoi il effectue ces rotations. Il dit aussi : Ma porte est toujours ouverte, s’il y a un problème, n’hésitez pas à venir me trouver. Ce n’est évidemment pas facile de contenter tout le monde, dans un groupe aussi large, car tout le monde veut jouer. Il faut bien connaître les gens, pour traiter tout le monde de la manière qui convient, mais c’est justement la force du coach.

En lutte avec Abdoulaye Sissako de Zulte Waregem.
En lutte avec Abdoulaye Sissako de Zulte Waregem.  » Je ne pensais pas que Philippe Clement allait opter pour un tel style de jeu. « © INGE KINNET

Ivan Leko se comportait différemment, la saison dernière. Il disait : Je dispose de 14 ou 15 joueurs, et je travaillerai avec ceux-là. Le groupe était moins large à l’époque, mais il effectuait quand même beaucoup moins de rotations. C’est, selon moi, la grande différence entre les deux entraîneurs. Philippe Clement essaie d’impliquer tout le monde. Leko était aussi plus impulsif. Mais lorsqu’il avait eu une réaction inappropriée à votre égard, il présentait directement ses excuses. C’est un très bon coach et il a un grand coeur. »

Les joueurs

 » Je pense que c’est le meilleur groupe de joueurs avec lequel j’ai travaillé, le plus large surtout. Regardez, par exemple, le luxe que nous avons en attaque. La saison dernière, il n’y avait que Wesley et Jelle Vossen comme valeurs confirmées. Aujourd’hui, il y a cinq ou six joueurs qui peuvent prétendre à une place de titulaire. C’est nécessaire, lorsqu’on lutte sur trois fronts.

On attend beaucoup des attaquants, ils doivent donc conserver une certaine fraîcheur. Et aujourd’hui, il y a surtout beaucoup plus de vitesse, d’explosivité et de technique. C’est la raison pour laquelle le Club a engagé Michael Krmencik en janvier : un autre type de joueur, le remplaçant de Mbaye Diagne en fait : quelqu’un capable de conserver le ballon en attendant la montée de la deuxième ligne.

Avec Simon Deli, c’est un défenseur central très expérimenté qui est arrivé. Federico Ricca et Eduard Sobol à gauche, et Eder Balanta devant la défense, sont aussi des joueurs avec un certain vécu. Ils sont internationaux et ont déjà démontré leurs qualités chez nous.

Au début, on s’est un peu cherché derrière, mais aujourd’hui les automatismes sont là. Avec Clinton Mata, cela fonctionnait déjà. Nous nous complétons bien. Défensivement, il y a longtemps que nous n’étions plus aussi bien parés. C’est dû aussi à la manière dont toute l’équipe défend. L’entraîneur demande aux attaquants d’effectuer un pressing, ils forment donc un premier rempart et empêchent l’adversaire de construire. Le reste de l’équipe défend également, l’entraîneur insiste beaucoup là-dessus. Si nous avons gardé aussi souvent nos filets inviolés cette saison, c’est le mérite de toute l’équipe.

Il y a énormément de concurrence et tout le monde doit veiller à être prêt lorsque le coach fait appel à lui. On sait qu’il y a des rotations et qu’il faut être prêt à tout moment. C’est peut-être une bonne chose que l’entraîneur se soit d’abord occupé des Espoirs. Il sait comment il doit travailler avec les jeunes, se rend compte lorsqu’ils sont prêts et les lance au bon moment. On l’a vu avec Charles De Ketelaere et avec Maxim De Cuyper. Ignace Van Der Brempt a aussi débuté au bon moment. Il n’y a pas que Genk et Anderlecht qui ont de bons jeunes. C’est une bonne chose, aussi, que les U18 et les Espoirs s’entraînent également dans ce nouveau complexe d’entraînement. Jadis, à l’Olympia, nous devions nous changer dans des conteneurs le long du terrain. ( il rit) »

Le style de jeu

 » Je dois avouer que, lorsque Philippe Clement a été engagé comme entraîneur principal, je ne m’attendais pas à ce qu’il préconise une telle philosophie de football. Il veut que nous trouvions à tous les coups une solution footballistique. C’est ce que nous essayons de faire, et cela réussit. Nous nous entraînons régulièrement sur les lignes de course, afin de trouver les espaces et les hommes démarqués, et cela aide.

Cependant, notre style de jeu n’a pas beaucoup changé, comparé à la saison dernière. Pour les défenseurs, c’est en principe le même système. Ce sont de petits détails qui font la différence entre jouer à trois ou à quatre derrière. Il y a simplement un défenseur qui joue un peu plus haut. Nous nous entraînons à cela, la veille du match. L’entraîneur est aussi capable de clairement faire comprendre ce qu’il attend des joueurs à chaque position. Cela nous facilite les choses et cela se reflète sur la pelouse.

Pour les milieux de terrain, en revanche, ce n’est plus pareil. Ils ont plus de liberté et plus de possibilités : ils peuvent chercher la profondeur, garder le ballon et changer d’aile. Avec Leko, c’était plus strict. Il y avait plus de règles à respecter.

Dans la phase de poule de la Ligue des Champions, nous avons récolté six points la saison dernière et trois cette saison, alors que nous avons mieux joué cette saison. C’est dû à la qualité présente dans l’effectif, mais aussi à l’expérience que nous avons accumulée contre l’Atlético Madrid, le Borussia Dortmund et l’AS Monaco. Nous avons pris conscience de nos moyens.

La saison dernière, à Madrid et à Dortmund, nous nous étions contentés de défendre. Cette saison, nous avons livré des prestations fantastiques sur le terrain du Real et du PSG, mais nous n’avons pas récolté ce que nous méritions. Ce sont, évidemment, des clubs du top contre lesquels nous n’avions rien à perdre. Nous jouons alors de façon plus libérée.

Nous sommes en finale de la Coupe de Belgique et nous trônons en tête du classement du championnat avec une avance substantielle. Même lorsque certaines  » petites  » équipes essayaient par tous les moyens de casser notre jeu, nous avons toujours pris de points. Mais avec la division des points par deux pendant les play-offs 1, il faudra presque recommencer de zéro. Il faudra tout donner pour remporter un 16e titre de champion. »

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Mignolet, le mec plus ultra

 » Lorsque des rumeurs ont commencé à circuler sur une possible arrivée de Simon Mignolet, nous nous sommes dit : le Club ne pourra jamais le payer. Mais, subitement, il était là. ( il rit) Lorsque l’on voit tous ces investissements réussis, on se rend compte qu’être champion deux fois à bref intervalle, et récolter six points en Ligue des Champions comme la saison dernière, cela procure beaucoup de revenus. Auparavant, il n’y avait pas autant de moyens pour investir dans de nouveaux joueurs.

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Mignolet est évidemment un grand gardien et un chouette gars. ll vous donne confiance, car vous savez que si un attaquant adverse parvient à s’infiltrer, il va encore tomber sur un dernier rempart qui peut vous sauver. A l’entraînement et en match, il démontre qu’il est très difficile à battre. Parfois, je me dis : voilà, c’est but ! Mais il parvient encore à mettre sa main pour détourner le ballon. Cela rend la tâche de l’adversaire très difficile.

A l’entraînement, nous discutons de ce que nous pouvons attendre l’un de l’autre, dans la construction ou sur un centre, par exemple. Mais je dois dire que je me sentais très à l’aise avec Ethan Horvath également. C’est aussi un chouette gars, quelqu’un qui est très calme et qui n’est pas tout le temps en train de crier. Il y avait une bonne relation entre nous. Mais Mignolet est encore d’un autre niveau, évidemment.

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C’est dommage pour Ethan, mais cela démontre l’ambition du club. Mignolet prend des points, et avec lui, nous avons aussi gagné une personnalité et un leader. Quelqu’un avec beaucoup d’expérience, qu’il partage avec le groupe. Il ne se place pas au-dessus du groupe pour autant, c’est un grand travailleur et un exemple pour tout un chacun. Il s’adapte parfaitement à la culture du Club. »

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