C’est fou ce que la télé nous offre !

Avant le match d’ouverture à Johannesburg, quand la télé a montré Desmond Tutu se trémoussant, archevêque hilare, Nobel de la Paix euphorique dans son attirail de supporter, j’ai pensé à notre Mondial 2018 ! Je me suis dit qu’ Alain Courtois avait encore du pain sur la planche pour convaincre Mgr André Léonard de se dandiner dans huit ans au Stade Roi Baudouin, chantant  » Olé, olé, olé  » et agitant son écharpe des Diables, apportant ainsi la caution de Dieu à notre Mondial qui s’ouvrira…

Avec du temps libre et une zapette, c’est fou ce que la télé nous offre, du Mondial et de son contexte : au point que, perso, je n’arrive pas à jalouser ceux qui se rendent là-bas ! Ils verront moins de matches pour plus cher, on les a bassinés de consignes de prudence à leur en foutre les chocottes, notre équipe représentative n’est pas représentée, et ils vont se ramener à Zaventem avec les tympans en compote : car les vuvuzelas là-bas sur place, même si la liesse populaire t’émeut, ce doit être le supplice du pal pour tes écoutilles de footeux occidental dépaysé…

Par contre, at home, les trompettes locales sont supportables, en dépit d’impressions passagères d’être assis dans un nid de guêpes géant : pas grave, coupe momentanément le son pour éviter les piqûres, et les footballeurs joueront quand même baballe sur ta télé ! Des chaînes/télé qui nous ont bafana-bafanisé de la tête aux pieds : hier des reportages pour resituer l’événement dans le contexte sud-africain, puis des analyses du phénomène/football (bravo Arte !), maintenant les débats expliquant chaque fois pourquoi le vainqueur a battu le vaincu,… et un paradis pour publivores : car tout se vend par foot interposé durant ce Mondial, certaines réclames étant fort comiques : le mur des hommes qui savent pourquoi, l’arbitre de Rexona délicieusement ridicule,… et ma préférence au Stewball de la pub pour le PMU, j’espère que vous l’apercevrez !

Mais le top télévisé, ce sont évidemment les matches eux-mêmes, filmés comme jamais, presque au point d’oublier d’aller faire pipi quand le jeu est pénible ! Gros benêt que je suis, j’ai pensé que les réalisateurs sud-africains avaient appris vachement vite… avant de savoir que les 7 équipes de réalisation désignées par la FIFA étaient françaises (3), allemandes (2) et britanniques (2) ! A chaque match, une quarantaine de seconds couteaux installent/désinstallent le matos, s’effaçant durant la rencontre pour les 50 personnes de l’équipe de réalisation : lesquelles utilisent des technologies de l’entreprise liégeoise EVS, leader mondial des applications numériques dans le domaine du sport, et partie prenante de chaque match pour fourguer replays, ralentis ou lignes de hors-jeu. Cocorico wallon et qu’on se le dise, Frank De Bleeckere n’est pas là-bas le seul instrument belge au service des artistes balle au pied !

Plus chançard que les arbitres, le réalisateur de Canal+François-Charles Bideaux a déjà été désigné pour la finale, même s’il fait une grosse bêtise auparavant !  » Autrefois, on suivait un match, aujourd’hui on respecte une scénographie. Mais il convient de ne pas trop scénariser pour ne pas s’éloigner du foot : il faut définir la bonne balance entre spectacle et émotion pour satisfaire néophyte et spécialiste.  »

Pour l’instant ça fonctionne, mon seul bémol étant que je soupçonne les réalisateurs de ne pas souligner comme ils le pourraient les innombrables tirages et pelotages en zone dense de réparation : cahier des charges/FIFA oblige, pour que le foot/télé soit plus pur que nature ?

Mais ça reste passionnant, je n’en veux pour preuve que France-Uruguay, match de merde mais match du top : avec des attaquants qui, de part et d’autre, ne sont jamais parvenus à déranger les défenseurs, au point que même les deux gardiens ne devaient pas se mettre en évidence. Si j’avais vu le même match, de même niveau, à la télé nord-coréenne, mais avec 22 inconnus dont je confondais visages et patronymes, pas sûr que je sois resté éveillé ! Alors qu’ici, en sachant les polémiques entourant Raymond Domenech, les galipettes de Franck Ribéry, la main de Thierry Henry et ses fesses sur le banc, le sens du but de Diego Forlan, un match de merde bien scénarisé me tient en haleine. Ah, le progrès !…l

par bernard jeunejean

Cocorico wallon : De Bleeckere n’est pas le seul instrument belge au service du Mondial.

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