C’est cuit

Albert Cartier croit encore au maintien, les joueurs et la direction sont réalistes.

Tubize-Roulers, c’était le match de la peur, celui qu’il ne fallait absolument pas perdre pour Tubize, sous peine d’avoir un des premiers verdicts de la saison : le retour direct en D2. Au bout du compte, 0-1 et une neuvième défaite d’affilée pour les gars d’ AlbertCartier. La belle histoire est terminée.Au coup d’envoi, Quinton Fortune, Valery Sorokin et Jusuf Dajic sont sur le banc. Trois joueurs arrivés en janvier. Ils n’ont pas leur place dans l’équipe. C’est clair : le mercato de Tubize a été un échec. De l’autre côté, on trouve dans le onze de base cinq hommes transférés pendant l’hiver : Jérémy Huyghebaert, Sherjill Mac Donald, Mladen Lazarevic, Ivan Perisic et Arturo Ten Heuvel, le buteur de la soirée. Roulers a visé juste et entrevoit un maintien direct alors que ses carottes semblaient cuites fin décembre.

Plusieurs faits de match résument le deuxième tour catastrophique de Tubize.

19e minute : Ten Heuvel fait 0-1, le nombreux public de Roulers se sent encore un peu plus chez lui. Dans le rond central, Alan Haydock frappe dans les mains pour encourager ses coéquipiers mais on le regarde à peine. C’est tout un groupe qui paraît résigné. Au premier tour, il y a eu quelques réussites individuelles, comme Jérémy Perbet et Grégory Dufer. Aujourd’hui, il n’y a plus de guide capable de faire basculer les événements.

26e : Gérald Forschelet fait une nouvelle passe catastrophique et Roulers passe à deux doigts du 0-2 : le public siffle.

31e : Grégoire Neels donne un ballon suicidaire dans l’axe défensif, on passe de nouveau près du 0-2 et le public gronde un peu plus.

34e : Blazej Radler (seul transfert de janvier sur la pelouse) fait lui aussi sa grosse floche dans l’axe. On ne compte plus les contrôles ratés et les mauvaises appréciations de la trajectoire du ballon. Et la communication entre les joueurs est presque inexistante.

41e : Forschelet rate de nouveau une passe facile, les supporters l’applaudissent et Albert Cartier le sort quelques secondes plus tard.

45e : coup franc pour Tubize à 30 mètres du but, cinq joueurs discutent longuement le coup puis le ballon est très mal donné, comme s’il n’y avait aucun automatisme.

Mi-temps : Thierry Luthers ( Vivacité) lâche :  » Je me demande comment Tubize a fait pour gagner un match cette saison.  » Effectivement !

Et ça continue en deuxième période. Nicolas Ardouin dégage en plein sur Mama Dissa, Yasin Karaca a un coup franc bien placé mais donne une balle molle (ni centre, ni tir) qui termine à côté du but, premier corner tubizien après une heure, Jason Vandelannoite se troue pour la dixième fois en défense centrale, etc.

Cartier en D2, c’est très peu probable

Les derniers espoirs de jouer les barrages semblent envolés. Dennis van Wijk, l’entraîneur de Roulers, est sympa :  » Normalement, Tubize ne sait plus se sauver, mais avec un battant comme Albert Cartier, tout est possible.  »

Louis Derwa, le manager de Tubize, reconnaît qu’il n’y croit plus. Cartier fait semblant d’être persuadé qu’il y a toujours un petit espoir :  » Il reste 18 points à prendre, ce serait ridicule de dire qu’il n’y a plus rien à faire.  » Mais c’était LE match à ne pas perdre. Cartier :  » Oui, peut-être encore plus que les autres car il y avait en face un adversaire direct. Mais c’est la succession de défaites qui nous a mis dans cette position ce soir. J’ai encore vu beaucoup de bonne volonté dans mon équipe mais à nouveau un manque flagrant de capacité à nous créer des occasions. C’est toujours la même histoire. Nous perdons sur un coup franc, mais quand l’adversaire obtient des coups francs bien placés, cela veut dire qu’il est plus fort, qu’on a dû l’arrêter fautivement à l’approche de notre but.  »

Si Cartier y croit toujours, quid de ses joueurs ? Le coach :  » Remonter pour jouer les barrages, ça reste réaliste. Des concurrents vont peut-être laisser des plumes dans les derniers matches. Tout le monde n’a pas construit sa saison de la même façon. C’est faisable. Maintenant, il faut voir si mon noyau a le désir d’y arriver. La volonté est-elle toujours là ? Quelle énergie les joueurs sont-ils encore prêts à donner pour que ça se termine bien ? Moi, je m’accroche aux bonnes choses que j’ai vues depuis quelques semaines. Nous avons été très bons à Gand et nous avons perdu contre Westerlo dans les dernières secondes après avoir mené au score. Quand je vois ça, je me dis que la flamme est toujours là. « 

Le coach a de nouveau dû bricoler pour former son équipe, le week-end passé. Nouvelle preuve que ce noyau était décidément trop court ?  » J’ai par exemple dû aligner huit charnières centrales défensives différentes, c’est énorme.  » Et révélateur. Le plus étonnant dans la saison de Tubize est l’effondrement spectaculaire au deuxième tour, après une première partie de saison encourageante par moments. Explication de Cartier :  » Je n’en ai pas ! « 

Tubize de retour en D2, cela devrait signifier le départ du Français. Son avenir a déjà été abordé :  » J’ai eu une discussion récemment avec les dirigeants. Ils souhaitent me conserver, même en deuxième division. Je leur ai dit que je réservais ma réponse. Je suis venu ici pour une mission bien particulière, en D1.  » Et Cartier file ainsi vers son premier échec belge. Il avait sauvé ses trois premiers petits clubs chez nous : La Louvière, le Brussels et Mons.  » La vie est une éternelle remise en question. Mais je n’en dirai pas plus parce que je ne considère pas encore que la D2 est au bout du championnat. Je savais de toute façon que ce serait très compliqué, quand j’ai signé mon contrat. J’étais prêt à assumer les conséquences. Si tu crains des trucs pareils, tu ne fais pas ce métier. « 

La mission était-elle plus difficile que ce que Cartier avait prévu ?  » Non.  » Et quelle image forte gardera-t-il de sa saison à Tubize quand il y repensera dans 10 ou 15 ans ?  » La première chose qui me viendra toujours à l’esprit, c’est l’image de ces gens qui ont patiemment construit le club. Ils auront eu l’occasion de toucher de près un superbe objectif : le maintien. Aujourd’hui, ma vision du club est exactement la même que le jour où je suis arrivé. J’ai travaillé dans un esprit de transparence, de respect et de franchise. « 

Des compliments qui sentent le testament spirituel…

par pierre danvoye – photos: belga

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