BUNDES-LATINA

Les clubs allemands ont changé d’accent.

Une dernière décevante en Ligue des Champions.

Le plus grand théâtre européen n’a pas croulé sous les applaudissements lors du dernier rendez-vous de décembre en Ligue des Champions. Ce fut souvent décevant, peu emballant. Pas mal de messes étaient dites : cela explique, entre autres, les larges succès de Fenerbahçe face à Manchester United. Et je range évidemment Inter-Anderlecht dans la catégorie des rencontres ne nous ayant rien appris d’intéressant. Les Italiens avaient déjà leur qualification en poche et ont vécu ce match très tranquillement. Anderlecht songeait à son choc en championnat face à Bruges. Cela a donc manqué de sel et d’intérêt. Le bilan des Mauves est évidemment catastrophique mais leurs carences à ce niveau ne datent pas de ce dernier voyage.

Dans leur groupe, j’ai bien sûr été choqué par le comportement de Valence face au Werder Brême. Tout est à refaire à Valence, qui n’a pas l’habitude de perdre. Ce club est passé brutalement du top à des zones moins confortables. Dès que quelques titulaires ne sont pas là, Valence n’est plus qu’une équipe très moyenne qui a de gros passages à vide en championnat et en Ligue des Champions. Cela n’excuse pas le crachat d’Ayala, excédé par les problèmes posés par une excellente équipe de Brême. Valence doit rebondir, réfléchir, tirer les conclusions de ces épreuves. Valence termine finalement troisième de son groupe et se retrouvera en Coupe de l’UEFA. Ce club doit ce lot de consolation à… Anderlecht. Les Espagnols ont décroché six de leurs sept points contre les Bruxellois.

Je retiens aussi l’atmosphère glaciale dans laquelle s’est disputé AS Rome-Real Madrid. Sans public, cela a évidemment manqué de sel mais, en attendant, les Madrilènes ont bien négocié ce match et prolongent leur séjour en Ligue des Champions.

Les favoris seront-ils les gagnants ?

La Ligue des Champions n’est pas un sprint mais un marathon. A l’heure actuelle, quatre clubs méritent une étiquette de favori. Il y a d’abord la Juventus, invaincue dans son groupe, qui se distingue par la qualité de son collectif et sa sécurité défensive. Barcelone brille par la spontanéité dans son jeu et l’excellence de ses grandes individualités. Chelsea progresse et s’est qualifié facilement pour la suite des événements. Les Londoniens disposent bien entendu d’un fameux noyau mais ils sont aussi emportés par l’enthousiasme et le charisme de leur coach, José Mourinho. L’AC Milan est là aussi et c’est une habitude à cette époque de la saison, pour les joueurs de Lombardie. Cela ne signifie toutefois pas que le vainqueur de la Ligue des Champions sera forcément issu de quatuor. Rien ne dit que ces favoris ne cèderont pas à un moment ou l’autre, vaincus par la fatigue, le stress ou la lassitude. Je n’ai pas cité Arsenal, le Real Madrid ou l’Inter, qui monteront peut-être en puissance.

Le football allemand a réussi sa mue.

J’ai parfois affirmé que le football allemand se cherchait, perdait même son identité en recrutant dans le monde entier. Les clubs de Bundesliga ont, je crois, dépassé ce stade et entamé une nouvelle époque. La synthèse entre les influences étrangères et les réalités du football allemand est faite. La Bundesliga s’est méditerranisée et latinisée avec beaucoup d’efficacité et d’intelligence. La greffe a pris, additionnant capacité physiques allemandes et technique aux touches latines. Cela prend du temps. Je vois beaucoup de bons joueurs venus de Bulgarie, des pays issus de l’ex-Yougoslavie, de France, comme le remarquable Johan Micoud qui a un rôle libre à Brême, mais surtout d’Amérique latine. Le Bayern Munich avait indiqué la voie à suivre en recrutant un peu partout, surtout au Brésil. D’autres ont suivi et ont réussi leur mue : Werder Brême, Bayer Leverkusen, etc. Cela donne désormais une espèce de Bundes-latina innovatrice et très intéressante.

Emilio Ferrera

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire